{"title":"Nassur Attoumani。琳达·拉索马纳纳(Linda Rasoamanana)的《从讽刺戏剧到教育故事》(1992 - 2022)","authors":"Cynthia Volanosy Parfait","doi":"10.1353/nef.2023.a905945","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Reviewed by: Nassur Attoumani. Du théâtre satirique aux contes pédagogiques (1992–2022) by Linda Rasoamanana Cynthia Volanosy Parfait Rasoamanana, Linda. Nassur Attoumani. Du théâtre satirique aux contes pédagogiques (1992–2022). Paris, Les Éditions du Cerf, 2022. ISBN 9782204153270. 210 p. L’espace littéraire indianocéanique se félicite de la parution de l’ouvrage de synthèse sur un des grands écrivains de la zone, le Mahorais Nassur Attoumani. L’ouvrage est signé par Linda Rasoamanana dont les études sérieuses sur l’archipel des Comores et sa littérature19 lui assurent toute légitimité. Les œuvres d’Attoumani ont fait l’objet d’intéressantes publications; trois décennies de création ininterrompue au cœur de la toute jeune littérature mahoraise suscitent forcément l’engouement des universitaires. L’heure est donc à la restitution et l’auteure l’a très bien compris; “d’où cet essai qui vise à mettre en contexte (archipélique et indianocéanique) et en perspective (intertextuelle et réticulaire) trente années de création” (13). L’ouvrage retrace les productions de l’écrivain mahorais de la parution de sa comédie de mœurs, La [End Page 248] Fille du polygame en 1992, jusqu’en 2022 avec ses contes plurilingues déjà publiés ou en cours de publication. Dès l’introduction, l’auteure inscrit à juste titre la création de l’écrivain dans son environnement direct, une création profondément ancrée dans l’archipel d’origine et tournée ouvertement vers les îles-sœurs. Dans la première partie, Rasoamanana propose une notice biographique de l’écrivain en insistant sur les éléments qui ont nourri les premières productions de ce dernier. Cette notice est suivie de repères chronologiques, présentés sous forme de tableaux, qui rappellent les anthologies ainsi que les manuels littéraires où les publications d’écrivains sont immédiatement circonscrites dans des événements socioculturels et politiques. La deuxième partie, “Lectures critiques des œuvres publiées: de 1992–2022,” qui s’étale sur une centaine de pages, constitue le nœud de l’ouvrage. L’auteure double la lecture générique des productions attoumaniennes d’une analyse thématique permettant d’en saisir la portée dans le paysage littéraire de l’océan Indien. Le découpage par genre proposé, “Panorama générique,” est composé d’un résumé ciblé et commenté de chacune des œuvres intelligemment reliées entre elles pour ainsi attester la maturation dans la pratique du genre. Pour rappel, l’écrivain mahorais compte à son actif cinq pièces de théâtre—La Fille du polygame (1992), Le Turban et la capote (1997), Interview d’un macchabée (2000), Entre les mailles du diable (2005), Autopsie d’un macchabée (2009)—et “[a]u fil des parutions,” souligne l’auteure, “le ratio/scènes devient plus maîtrisé, les dialogues plus percutants, le rire plus oblique et subtil” (44). Avec ses premiers romans Le Calvaire des baobabs et Nerf de bœuf, parus en 2000, Attoumani revient, par ailleurs, sur la colonisation et l’esclavagisme. Or, si le contexte colonial du premier roman vient essentiellement de “l’imaginaire familial d’Attoumani” (63), le deuxième mêlant ouvertement la société coloniale et l’exploitation esclavagiste a été publié à l’issue du concours sur l’esclavagisme organisé en 1998. Quant aux romans subséquents, Mon mari est plus qu’un fou: c’est un homme (2006) et Tonton! Rends-moi ma virginité . . . (2015), ils transposent les malheurs de la femme dans la société traditionnelle et insistent sur la revanche qu’elle mène contre son bourreau. Enfin, Attoumani change totalement de registre et il imagine une ville métropolitaine dans son tout dernier roman—un roman jeunesse intitulé Le Bal des légumes, où sont célébrées “l’amour et la tolérance” (81) entre personnages de différentes origines. Mais l’écrivain mahorais est aussi chanteur avant d’être poète. Puisant dans son fond musical, Attoumani fait ainsi paraître “Laisse-moi dormir,” chanson extraite de l’album Ika Yilala...","PeriodicalId":19369,"journal":{"name":"Nouvelles Études Francophones","volume":"43 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Nassur Attoumani. 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Nassur Attoumani. Du théâtre satirique aux contes pédagogiques (1992–2022) by Linda Rasoamanana (review)
Reviewed by: Nassur Attoumani. Du théâtre satirique aux contes pédagogiques (1992–2022) by Linda Rasoamanana Cynthia Volanosy Parfait Rasoamanana, Linda. Nassur Attoumani. Du théâtre satirique aux contes pédagogiques (1992–2022). Paris, Les Éditions du Cerf, 2022. ISBN 9782204153270. 210 p. L’espace littéraire indianocéanique se félicite de la parution de l’ouvrage de synthèse sur un des grands écrivains de la zone, le Mahorais Nassur Attoumani. L’ouvrage est signé par Linda Rasoamanana dont les études sérieuses sur l’archipel des Comores et sa littérature19 lui assurent toute légitimité. Les œuvres d’Attoumani ont fait l’objet d’intéressantes publications; trois décennies de création ininterrompue au cœur de la toute jeune littérature mahoraise suscitent forcément l’engouement des universitaires. L’heure est donc à la restitution et l’auteure l’a très bien compris; “d’où cet essai qui vise à mettre en contexte (archipélique et indianocéanique) et en perspective (intertextuelle et réticulaire) trente années de création” (13). L’ouvrage retrace les productions de l’écrivain mahorais de la parution de sa comédie de mœurs, La [End Page 248] Fille du polygame en 1992, jusqu’en 2022 avec ses contes plurilingues déjà publiés ou en cours de publication. Dès l’introduction, l’auteure inscrit à juste titre la création de l’écrivain dans son environnement direct, une création profondément ancrée dans l’archipel d’origine et tournée ouvertement vers les îles-sœurs. Dans la première partie, Rasoamanana propose une notice biographique de l’écrivain en insistant sur les éléments qui ont nourri les premières productions de ce dernier. Cette notice est suivie de repères chronologiques, présentés sous forme de tableaux, qui rappellent les anthologies ainsi que les manuels littéraires où les publications d’écrivains sont immédiatement circonscrites dans des événements socioculturels et politiques. La deuxième partie, “Lectures critiques des œuvres publiées: de 1992–2022,” qui s’étale sur une centaine de pages, constitue le nœud de l’ouvrage. L’auteure double la lecture générique des productions attoumaniennes d’une analyse thématique permettant d’en saisir la portée dans le paysage littéraire de l’océan Indien. Le découpage par genre proposé, “Panorama générique,” est composé d’un résumé ciblé et commenté de chacune des œuvres intelligemment reliées entre elles pour ainsi attester la maturation dans la pratique du genre. Pour rappel, l’écrivain mahorais compte à son actif cinq pièces de théâtre—La Fille du polygame (1992), Le Turban et la capote (1997), Interview d’un macchabée (2000), Entre les mailles du diable (2005), Autopsie d’un macchabée (2009)—et “[a]u fil des parutions,” souligne l’auteure, “le ratio/scènes devient plus maîtrisé, les dialogues plus percutants, le rire plus oblique et subtil” (44). Avec ses premiers romans Le Calvaire des baobabs et Nerf de bœuf, parus en 2000, Attoumani revient, par ailleurs, sur la colonisation et l’esclavagisme. Or, si le contexte colonial du premier roman vient essentiellement de “l’imaginaire familial d’Attoumani” (63), le deuxième mêlant ouvertement la société coloniale et l’exploitation esclavagiste a été publié à l’issue du concours sur l’esclavagisme organisé en 1998. Quant aux romans subséquents, Mon mari est plus qu’un fou: c’est un homme (2006) et Tonton! Rends-moi ma virginité . . . (2015), ils transposent les malheurs de la femme dans la société traditionnelle et insistent sur la revanche qu’elle mène contre son bourreau. Enfin, Attoumani change totalement de registre et il imagine une ville métropolitaine dans son tout dernier roman—un roman jeunesse intitulé Le Bal des légumes, où sont célébrées “l’amour et la tolérance” (81) entre personnages de différentes origines. Mais l’écrivain mahorais est aussi chanteur avant d’être poète. Puisant dans son fond musical, Attoumani fait ainsi paraître “Laisse-moi dormir,” chanson extraite de l’album Ika Yilala...