{"title":"十八世纪到二十世纪法国的表现和地位。单一语言主义的普遍化","authors":"Marie Madeleine Bertucci","doi":"10.4000/rdlc.12759","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"L’Europe savante et cosmopolite du XVIIIe siècle, orpheline du latin des clercs, accorde au français suffisamment de considération pour le juger apte à combler le besoin d’une langue universelle (Baggioni,1997). Cette vision s’appuie sur des jugements épilinguistiques (Lodge, 2006), des représentations d’élégance, de rigueur, de précision, de clarté, de logique… supposées du français (Rivarol, 1966 [1784]). Elle résulte aussi de la place géopolitique de la France en Europe pendant cette période. Cette conception encore présente dans le discours commun contemporain, perdure pendant la Révolution et va être renforcée, dans sa dimension universaliste. À ces représentations du français transmises par le XVIIIe siècle s’ajoute une dimension politique née du désir des Révolutionnaires de faire du français la langue nationale et le pivot de la nation. L’extension du français s’inscrit dans un vaste projet politique dans lequel le français dit et rend lisible l’unité nationale. Pour diffuser le français sur l’ensemble du territoire national, il fallait un canal de transmission, ce sera la mission dévolue à l’École, laquelle confère au français une mission civilisatrice qui contribue à la stigmatisation des patois. Le monolinguisme s’étendra à l’ensemble de la population entre les deux guerres mondiales du XXe siècle. Cette situation sera confortée par le processus de massification scolaire de la fin du XXe siècle comme l’indiquent les textes des programmes scolaires des années 90-2000 qui amalgament la langue nationale, la langue maternelle et la langue de scolarisation.","PeriodicalId":474251,"journal":{"name":"Cahiers de l'ACEDLE","volume":"61 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2023-10-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"Représentations et statuts du français du XVIIIe au XXe siècle. Vers la généralisation du monolinguisme\",\"authors\":\"Marie Madeleine Bertucci\",\"doi\":\"10.4000/rdlc.12759\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"L’Europe savante et cosmopolite du XVIIIe siècle, orpheline du latin des clercs, accorde au français suffisamment de considération pour le juger apte à combler le besoin d’une langue universelle (Baggioni,1997). Cette vision s’appuie sur des jugements épilinguistiques (Lodge, 2006), des représentations d’élégance, de rigueur, de précision, de clarté, de logique… supposées du français (Rivarol, 1966 [1784]). Elle résulte aussi de la place géopolitique de la France en Europe pendant cette période. Cette conception encore présente dans le discours commun contemporain, perdure pendant la Révolution et va être renforcée, dans sa dimension universaliste. À ces représentations du français transmises par le XVIIIe siècle s’ajoute une dimension politique née du désir des Révolutionnaires de faire du français la langue nationale et le pivot de la nation. L’extension du français s’inscrit dans un vaste projet politique dans lequel le français dit et rend lisible l’unité nationale. Pour diffuser le français sur l’ensemble du territoire national, il fallait un canal de transmission, ce sera la mission dévolue à l’École, laquelle confère au français une mission civilisatrice qui contribue à la stigmatisation des patois. Le monolinguisme s’étendra à l’ensemble de la population entre les deux guerres mondiales du XXe siècle. Cette situation sera confortée par le processus de massification scolaire de la fin du XXe siècle comme l’indiquent les textes des programmes scolaires des années 90-2000 qui amalgament la langue nationale, la langue maternelle et la langue de scolarisation.\",\"PeriodicalId\":474251,\"journal\":{\"name\":\"Cahiers de l'ACEDLE\",\"volume\":\"61 1\",\"pages\":\"0\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2023-10-01\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Cahiers de l'ACEDLE\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.4000/rdlc.12759\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Cahiers de l'ACEDLE","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/rdlc.12759","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
Représentations et statuts du français du XVIIIe au XXe siècle. Vers la généralisation du monolinguisme
L’Europe savante et cosmopolite du XVIIIe siècle, orpheline du latin des clercs, accorde au français suffisamment de considération pour le juger apte à combler le besoin d’une langue universelle (Baggioni,1997). Cette vision s’appuie sur des jugements épilinguistiques (Lodge, 2006), des représentations d’élégance, de rigueur, de précision, de clarté, de logique… supposées du français (Rivarol, 1966 [1784]). Elle résulte aussi de la place géopolitique de la France en Europe pendant cette période. Cette conception encore présente dans le discours commun contemporain, perdure pendant la Révolution et va être renforcée, dans sa dimension universaliste. À ces représentations du français transmises par le XVIIIe siècle s’ajoute une dimension politique née du désir des Révolutionnaires de faire du français la langue nationale et le pivot de la nation. L’extension du français s’inscrit dans un vaste projet politique dans lequel le français dit et rend lisible l’unité nationale. Pour diffuser le français sur l’ensemble du territoire national, il fallait un canal de transmission, ce sera la mission dévolue à l’École, laquelle confère au français une mission civilisatrice qui contribue à la stigmatisation des patois. Le monolinguisme s’étendra à l’ensemble de la population entre les deux guerres mondiales du XXe siècle. Cette situation sera confortée par le processus de massification scolaire de la fin du XXe siècle comme l’indiquent les textes des programmes scolaires des années 90-2000 qui amalgament la langue nationale, la langue maternelle et la langue de scolarisation.