{"title":"“爱文字就够了”:l ' oulipo的诗歌艺术","authors":"Camille Bloomfield","doi":"10.58282/colloques.1085","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Ars poetica et ars oulipiana Lorsqu’on remonte aux origines de l’expression « art poetique », on se souvient qu’en latin, « ars » avait notamment les sens d’« habilete acquise par l’etude ou par la pratique » et de « talent », s’opposant a la fois aux idees de natura, d’ingenium et de scientia. C’est de ce sens-la qu’est issu celui de « metier, profession », engendrant par la suite artifex. Le mot a ensuite servi a traduire le concept grec de tekhne, d’ou sa valeur de « traite », et c’est au terme de ce long processus qu’est nee la locution francaise « art poetique »1. Force est de le constater, ces semes de l’« habilete » et de la « technique » ont perdu de l’importance avec le temps. On les retrouve neanmoins, soit au sein de locutions figees comme « arts et metiers », soit sous la forme d’un debat esthetique qui, depuis l’Antiquite jusqu’au surrealisme, en passant par la querelle des Anciens et des Modernes, poserait la question ainsi : existe-t-il un « genie de l’artiste » ? Autrement dit, quelle part d’inspiration viendrait s’ajouter, chez un artiste, a cette faculte que l’on appelle parfois le talent, parfois l’habilete ? Dans ce debat, l’Oulipo a toujours pris tres clairement parti contre la toute-puissance de l’inspiration et pour le « travail », la « facture » de l’œuvre. L’artiste est percu par eux comme un artisan (des mots, des images), un homo faber. En effet, avant meme la creation du groupe, Raymond Queneau ecrivait deja dans Odile : « Le veritable inspire n'es","PeriodicalId":157501,"journal":{"name":"Arts poétiques et arts d’aimer","volume":"137 1","pages":"0"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2008-05-06","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":"{\"title\":\"« Les mots il suffit qu’on les aime » : les arts poétiques à l’Oulipo\",\"authors\":\"Camille Bloomfield\",\"doi\":\"10.58282/colloques.1085\",\"DOIUrl\":null,\"url\":null,\"abstract\":\"Ars poetica et ars oulipiana Lorsqu’on remonte aux origines de l’expression « art poetique », on se souvient qu’en latin, « ars » avait notamment les sens d’« habilete acquise par l’etude ou par la pratique » et de « talent », s’opposant a la fois aux idees de natura, d’ingenium et de scientia. C’est de ce sens-la qu’est issu celui de « metier, profession », engendrant par la suite artifex. Le mot a ensuite servi a traduire le concept grec de tekhne, d’ou sa valeur de « traite », et c’est au terme de ce long processus qu’est nee la locution francaise « art poetique »1. Force est de le constater, ces semes de l’« habilete » et de la « technique » ont perdu de l’importance avec le temps. On les retrouve neanmoins, soit au sein de locutions figees comme « arts et metiers », soit sous la forme d’un debat esthetique qui, depuis l’Antiquite jusqu’au surrealisme, en passant par la querelle des Anciens et des Modernes, poserait la question ainsi : existe-t-il un « genie de l’artiste » ? Autrement dit, quelle part d’inspiration viendrait s’ajouter, chez un artiste, a cette faculte que l’on appelle parfois le talent, parfois l’habilete ? Dans ce debat, l’Oulipo a toujours pris tres clairement parti contre la toute-puissance de l’inspiration et pour le « travail », la « facture » de l’œuvre. L’artiste est percu par eux comme un artisan (des mots, des images), un homo faber. En effet, avant meme la creation du groupe, Raymond Queneau ecrivait deja dans Odile : « Le veritable inspire n'es\",\"PeriodicalId\":157501,\"journal\":{\"name\":\"Arts poétiques et arts d’aimer\",\"volume\":\"137 1\",\"pages\":\"0\"},\"PeriodicalIF\":0.0000,\"publicationDate\":\"2008-05-06\",\"publicationTypes\":\"Journal Article\",\"fieldsOfStudy\":null,\"isOpenAccess\":false,\"openAccessPdf\":\"\",\"citationCount\":\"0\",\"resultStr\":null,\"platform\":\"Semanticscholar\",\"paperid\":null,\"PeriodicalName\":\"Arts poétiques et arts d’aimer\",\"FirstCategoryId\":\"1085\",\"ListUrlMain\":\"https://doi.org/10.58282/colloques.1085\",\"RegionNum\":0,\"RegionCategory\":null,\"ArticlePicture\":[],\"TitleCN\":null,\"AbstractTextCN\":null,\"PMCID\":null,\"EPubDate\":\"\",\"PubModel\":\"\",\"JCR\":\"\",\"JCRName\":\"\",\"Score\":null,\"Total\":0}","platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Arts poétiques et arts d’aimer","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.58282/colloques.1085","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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摘要
Ars poetica和Ars oulipiana显得更加»,«艺术”一词的起源可以追溯到拉丁语Ars»、«才记得当时的修正案包括«habilete后天通过研究或实践»和«»天赋,阻碍了既有自然的想法,d’ingenium scientia。“metier, profession”一词就是从这个意义上产生的,后来又产生了artifex。这个词后来被用来翻译希腊术语tekhne,意思是“条约”,在这个漫长过程的最后,法语短语“art poetique”诞生了。必须指出的是,随着时间的推移,这些“技能”和“技术”的种子已经失去了重要性。内有人初回到法国,要么figees短语作为艺术和织机»«,即形式美学进行辩论以来,l’Antiquite surrealisme止,从古代和现代的争吵,从而引起的问题:有没有一个艺术家»«神仙?换句话说,对于一个艺术家来说,什么样的灵感会被添加到这种有时被称为天赋,有时被称为能力的能力中?在这场辩论中,乌利波总是非常明确地反对灵感的全能,而支持“工作”,即工作的“发票”。他们认为艺术家是一个工匠(文字,图像),一个费伯人。事实上,甚至在这个团体成立之前,雷蒙德·奎诺就已经在《Odile》中写道:“真正的灵感不是
« Les mots il suffit qu’on les aime » : les arts poétiques à l’Oulipo
Ars poetica et ars oulipiana Lorsqu’on remonte aux origines de l’expression « art poetique », on se souvient qu’en latin, « ars » avait notamment les sens d’« habilete acquise par l’etude ou par la pratique » et de « talent », s’opposant a la fois aux idees de natura, d’ingenium et de scientia. C’est de ce sens-la qu’est issu celui de « metier, profession », engendrant par la suite artifex. Le mot a ensuite servi a traduire le concept grec de tekhne, d’ou sa valeur de « traite », et c’est au terme de ce long processus qu’est nee la locution francaise « art poetique »1. Force est de le constater, ces semes de l’« habilete » et de la « technique » ont perdu de l’importance avec le temps. On les retrouve neanmoins, soit au sein de locutions figees comme « arts et metiers », soit sous la forme d’un debat esthetique qui, depuis l’Antiquite jusqu’au surrealisme, en passant par la querelle des Anciens et des Modernes, poserait la question ainsi : existe-t-il un « genie de l’artiste » ? Autrement dit, quelle part d’inspiration viendrait s’ajouter, chez un artiste, a cette faculte que l’on appelle parfois le talent, parfois l’habilete ? Dans ce debat, l’Oulipo a toujours pris tres clairement parti contre la toute-puissance de l’inspiration et pour le « travail », la « facture » de l’œuvre. L’artiste est percu par eux comme un artisan (des mots, des images), un homo faber. En effet, avant meme la creation du groupe, Raymond Queneau ecrivait deja dans Odile : « Le veritable inspire n'es