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Le jeu de mots dans les discours sur le deuil: un jeu discursif offensif
Résumé : Les jeux sur la matière même du langage participent de l’expression de la douleur dans le cadre du deuil d’enfant. L’étude d’un corpus d’une vingtaine d’ouvrages écrits par les parents endeuillés et d’une cinquantaine de noms d’associations de parents dolents ainsi que d’énoncés prélevés sur leurs sites montrent que de façon inattendue, les discours sur le deuil présentent de nombreuses formes de jeux de mots et de mots d’esprit. Ce corpus autorise à poser l’hypothèse que les endeuillés, dans un contexte social de réception peu enclin au dolorisme, trouvent avec les jeux sur les mots un moyen de contourner les tabous sur le deuil d’enfant et d’exprimer leur douleur. Leur mécanisme formel repose sur différents procédés, souvent associés, comme l’homophonie et la paronymie (mourir avant de n’être, impansable) ou bien encore l’homophonie et le principe du paragramme (Sauve qui veut). Ils s’appuient aussi formellement sur la morphologie (AbanDON Adoption, Alter Native) ou sémantiquement sur des phrasèmes (Nos étoiles ont filé, Un ange est passé) où s’exprime ce que Sigmund Freud appelle un double sens (Freud [1905] 2009 : 89–121). L’analyse s’appuie sur les concepts d’économie (de mots) et de condensation (du sens) que Freud a élaborés à propos du rêve et appliqués au mot d’esprit. Le jeu de mots permet d’associer des idées divergentes en une synthèse disjonctive (Deleuze 1969) et joue un rôle d’interpellation. Cette créativité discursive révèle une insoumission linguistique face à une doxa qui incite à taire la douleur.