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Le terme « sacred » est souvent synonyme de « holy » ou de « saintly », mais n’est pas restreint à sa stricte connotation religieuse car on le trouve également en référence à quelque chose de « digne de respect ou de révérence » ou à une chose « tenue en haute estime ou très importante » (Merriam–Webster). La perception de la sacralité de l’écriture tibétaine m’a été inculquée en même temps que son apprentissage, puisqu’il m’était souvent indiqué par exemple qu’il valait mieux brûler des écrits que de les jeter, qu’il fallait les poser en hauteur, ne pas les enjamber, et considérer avec respect toute trace des trente consonnes et quatre voyelles de l’alphabet tibétain. En revanche, il n’y avait pas de prescription particulière sur les conditions d’apprentissage, par comparaison à d’autres langues telles que l’hébreu, dont l’alphabet peut également avoir un statut sacré. 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Du sacré au profane : l’écriture tibétaine entre matérialité et immatérialité
Dans notre approche du langage et de la langue écrite, surtout en ce qui concerne leur usage actuel, il est rare que se pose la question du caractère sacré ou de la sacralité de la langue1, et il n’est peut-être pas inutile de revenir sur ce terme de « sacralité ». Pour des questions d’économie de langue, c’est ce terme, fréquemment employé dans les articles traitant de l’histoire ou de la religion2, qui nous semblera approprié. En effet, il semble bien traduire la notion de « sacredness » en anglais, première langue dans laquelle s’est amorcée la réflexion sur l’objet qui nous occupe ici : la langue tibétaine, entre le sacré et le profane, entre un statut immatériel et matériel. Le terme « sacred » est souvent synonyme de « holy » ou de « saintly », mais n’est pas restreint à sa stricte connotation religieuse car on le trouve également en référence à quelque chose de « digne de respect ou de révérence » ou à une chose « tenue en haute estime ou très importante » (Merriam–Webster). La perception de la sacralité de l’écriture tibétaine m’a été inculquée en même temps que son apprentissage, puisqu’il m’était souvent indiqué par exemple qu’il valait mieux brûler des écrits que de les jeter, qu’il fallait les poser en hauteur, ne pas les enjamber, et considérer avec respect toute trace des trente consonnes et quatre voyelles de l’alphabet tibétain. En revanche, il n’y avait pas de prescription particulière sur les conditions d’apprentissage, par comparaison à d’autres langues telles que l’hébreu, dont l’alphabet peut également avoir un statut sacré. L’apprentissage de cette dernière langue semble moins accessible aux personnes profanes, ce qui pose la question du contrôle de la communauté qui maîtrise et transmet la langue sacrée et de l’étendue de sa sphère d’utilisation.