S. Mestrallet , O. Gallon , J.M. Galempoix , D. Lebrun , C. Epstein , M. Hentzien
{"title":"Automédication par antibiotiques des pharmaciens d’officine","authors":"S. Mestrallet , O. Gallon , J.M. Galempoix , D. Lebrun , C. Epstein , M. Hentzien","doi":"10.1016/j.medmal.2020.06.089","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><p>L’automédication d’antibiotiques (ATB) est une pratique fréquente parmi les professionnels de santé. À notre connaissance, aucune étude n’a été menée à ce sujet auprès des pharmaciens d’officine (PO). L’objectif de ce travail était d’étudier la prévalence et les caractéristiques d’automédication (AM) par ATB des PO.</p></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><p>Cent dix officines ont été sélectionnées aléatoirement parmi les 451 d’une région française. Un questionnaire anonyme a été distribué à tous les PO titulaires ou adjoints et retourné par enveloppe pré-timbrée.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Sur les 250 questionnaires délivrés,198 ont été retournés par les PO (79,6 %) : 73,2 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->145) étaient des femmes, 52,5 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->104) des titulaires, 72 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->143) consultaient parfois un médecin et 25,3 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->50) en avaient consulté un il y a plus d’un an.</p><p>L’ AM dans l’année précédente par médicaments à prescription médicale facultative concernait 97,2 % des PO (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->192) et par ceux à prescription médicale obligatoire (PMO) 86,4 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->171). Cent huit PO (58,4 %) s’étaient automédiqués des PMO de la classe des ATB (topiques inclus).</p><p>Cent quarante-trois molécules d’ATB (hors topiques) ont été consommées par AM : pénicillines à 46 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->66) dont 75 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->54) d’amoxicilline (AMX) ; céphalosporines à 17 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->25) dont 60 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->15) de cefpodoxime ; fluoroquinolones (FQ) à 8 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->11), fosfomycine trométamol (FT) à 13 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->19), azithromycine à 6 % (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8). L’AM par FT concernait exclusivement les femmes, surtout de moins de 45 ans (79 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->15 ; <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,04) et par cefpodoxime et amoxicilline-acide clavulanique (AMC) surtout les PO titulaires (87 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->13, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,005 et 83 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->10, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,002).</p><p>Les principales infections déclarées étaient : respiratoires (IR) hautes (28 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->40) et basses (6 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->9), urinaires (IU) (20 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->29). Un tiers des indications n’était pas renseignées.</p><p>L’AMX et les céphalosoporines orales (CO) étaient les molécules principalement prises dans les IR hautes (50 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->20 et 30 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->12), l’AMX et l’AMC dans les IR basses (66 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->6 et 22 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2), la FT, les FQ et les CO dans les IU (48 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->14 ; 31 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->9 et 13 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4).</p><p>Cent douze (57 %) des PO interrogés avaient déjà délivrés des ATB à leurs proches sans prescription médicale.</p><p>La majorité des PO était d’accord sur le fait que l’accès facile aux médicaments (92,9 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->184), le manque de temps (78,3 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->155) et des connaissances médicales et thérapeutiques suffisantes (87,3 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->173) expliquaient leurs pratiques d’AM.</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Cette étude montre une pratique fréquente de l’AM d’ATB chez les PO pour des infections communautaires, autojustifiée par des connaissances médicales suffisantes.</p><p>Les consommations par classes d’ATB diffèrent peu de celles décrites dans les rapports de consommation ville ce qui pose la question d’un mimétisme de l’usage et du choix des ATB par rapport aux prescriptions médicales que les PO honorent.</p><p>Ils utilisent des ATB critiques (FQ, CO et AMC) qui ne sont pas toujours recommandés en première intention pour les indications déclarées.</p><p>Il est d’actualité d’autoriser les PO, sous certaines conditions, à délivrer des ATB, sans prescription médicale. Il convient donc de les sensibiliser et de les former continuellement au bon usage des ATB.</p></div>","PeriodicalId":18464,"journal":{"name":"Medecine et maladies infectieuses","volume":"50 6","pages":"Page S48"},"PeriodicalIF":5.0000,"publicationDate":"2020-09-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://sci-hub-pdf.com/10.1016/j.medmal.2020.06.089","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Medecine et maladies infectieuses","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0399077X20302535","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"Medicine","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
L’automédication d’antibiotiques (ATB) est une pratique fréquente parmi les professionnels de santé. À notre connaissance, aucune étude n’a été menée à ce sujet auprès des pharmaciens d’officine (PO). L’objectif de ce travail était d’étudier la prévalence et les caractéristiques d’automédication (AM) par ATB des PO.
Matériels et méthodes
Cent dix officines ont été sélectionnées aléatoirement parmi les 451 d’une région française. Un questionnaire anonyme a été distribué à tous les PO titulaires ou adjoints et retourné par enveloppe pré-timbrée.
Résultats
Sur les 250 questionnaires délivrés,198 ont été retournés par les PO (79,6 %) : 73,2 % (n = 145) étaient des femmes, 52,5 % (n = 104) des titulaires, 72 % (n = 143) consultaient parfois un médecin et 25,3 % (n = 50) en avaient consulté un il y a plus d’un an.
L’ AM dans l’année précédente par médicaments à prescription médicale facultative concernait 97,2 % des PO (n = 192) et par ceux à prescription médicale obligatoire (PMO) 86,4 % (n = 171). Cent huit PO (58,4 %) s’étaient automédiqués des PMO de la classe des ATB (topiques inclus).
Cent quarante-trois molécules d’ATB (hors topiques) ont été consommées par AM : pénicillines à 46 % (n = 66) dont 75 % (n = 54) d’amoxicilline (AMX) ; céphalosporines à 17 % (n = 25) dont 60 % (n = 15) de cefpodoxime ; fluoroquinolones (FQ) à 8 % (n = 11), fosfomycine trométamol (FT) à 13 % (n = 19), azithromycine à 6 % (n = 8). L’AM par FT concernait exclusivement les femmes, surtout de moins de 45 ans (79 %, n = 15 ; p = 0,04) et par cefpodoxime et amoxicilline-acide clavulanique (AMC) surtout les PO titulaires (87 %, n = 13, p = 0,005 et 83 %, n = 10, p = 0,002).
Les principales infections déclarées étaient : respiratoires (IR) hautes (28 %, n = 40) et basses (6 %, n = 9), urinaires (IU) (20 %, n = 29). Un tiers des indications n’était pas renseignées.
L’AMX et les céphalosoporines orales (CO) étaient les molécules principalement prises dans les IR hautes (50 %, n = 20 et 30 %, n = 12), l’AMX et l’AMC dans les IR basses (66 %, n = 6 et 22 %, n = 2), la FT, les FQ et les CO dans les IU (48 %, n = 14 ; 31 %, n = 9 et 13 %, n = 4).
Cent douze (57 %) des PO interrogés avaient déjà délivrés des ATB à leurs proches sans prescription médicale.
La majorité des PO était d’accord sur le fait que l’accès facile aux médicaments (92,9 %, n = 184), le manque de temps (78,3 %, n = 155) et des connaissances médicales et thérapeutiques suffisantes (87,3 %, n = 173) expliquaient leurs pratiques d’AM.
Conclusion
Cette étude montre une pratique fréquente de l’AM d’ATB chez les PO pour des infections communautaires, autojustifiée par des connaissances médicales suffisantes.
Les consommations par classes d’ATB diffèrent peu de celles décrites dans les rapports de consommation ville ce qui pose la question d’un mimétisme de l’usage et du choix des ATB par rapport aux prescriptions médicales que les PO honorent.
Ils utilisent des ATB critiques (FQ, CO et AMC) qui ne sont pas toujours recommandés en première intention pour les indications déclarées.
Il est d’actualité d’autoriser les PO, sous certaines conditions, à délivrer des ATB, sans prescription médicale. Il convient donc de les sensibiliser et de les former continuellement au bon usage des ATB.
期刊介绍:
L''organe d''expression de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
Médecine et Maladies Infectieuses is the official publication of the Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF). Médecine et Maladies Infectieuses is indexed in the major databases: Medline, Web of Science/Clarivate and Scopus. The journal publishes scientific /research articles, general reviews, short communications and letters, in both English and French. The journal welcomes submissions on the various aspects of infectious pathologies and pathogenic agents. Médecine et Maladies Infectieuses focuses on clinical therapeutics, nosocomial infections, biology, prevention, as well as epidemiology and therapeutics.