{"title":"La dépression caractérisée : que faire en cas d’échec thérapeutique ?","authors":"B. Aouizerate","doi":"10.1016/j.fjpsy.2019.10.268","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>La dépression caractérisée compte parmi les troubles psychiatriques les plus fréquents avec une prévalence sur la vie entière de 16–17 % en population générale <span>[1]</span>. Elle se montre d’intensité modérée à sévère dans plus de 50 % des cas. Elle présente une évolution souvent récidivante, voire chronique, responsable d’une altération marquée du fonctionnement socio-professionnel et de la qualité de vie <span>[1]</span>. En dépit des progrès réalisés dans le domaine de la psychopharmacologie, il s’avère qu’une réponse clinique insatisfaisante a été rapportée dans près de 2/3 des cas après une première tentative de traitement antidépresseur bien conduite par inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine <span>[2]</span>. Sont alors proposées différentes stratégies thérapeutiques basées sur :</p><p>– le changement d’antidépresseur relevant de la même classe pharmacologique ou appartenant à une autre classe pharmacologique en s’orientant notamment vers un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline ;</p><p>– la combinaison à des antidépresseurs d’action pharmacologique complémentaire, pour ne citer que la mirtazapine ou la mianserine ;</p><p>– la potentialisation par des agents pharmacologiques ne possédant pas par eux-mêmes d’activité antidépressive, incluant le carbonate de lithium, les hormones thyroïdiennes et les antipsychotiques de seconde génération.</p><p>Il est également possible, dans les formes résistantes de dépression, de recourir à l’utilisation d’inhibiteurs non-sélectifs, irréversibles de la monoamine oxydase avec les précautions d’emploi que leur prescription impose, d’agonistes dopaminergiques comme le pramipexole, ou d’agents aux propriétés glutamatergiques dont la ketamine <span>[3]</span>. Il est néanmoins important de ne pas omettre les approches psychothérapiques, que celles-ci reposent sur la thérapie cognitivo-comportementale, ou plus récemment sur la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience, permettant de traiter l’épisode dépressif caractérisé même, d’en gérer les symptômes résiduels, voire prévenir les rechutes et récidives dépressives <span>[4]</span>. Nous nous proposons donc d’aborder, à travers cette rencontre avec l’expert, ces différentes options thérapeutiques, de sorte que la communauté des psychiatres des secteurs public et privé puissent y trouver les informations précieuses et utiles au quotidien à la prise en charge et au suivi des patients déprimés « difficiles ».</p></div>","PeriodicalId":12420,"journal":{"name":"French Journal of Psychiatry","volume":"1 ","pages":"Page S3"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"French Journal of Psychiatry","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2590241519307688","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
La dépression caractérisée compte parmi les troubles psychiatriques les plus fréquents avec une prévalence sur la vie entière de 16–17 % en population générale [1]. Elle se montre d’intensité modérée à sévère dans plus de 50 % des cas. Elle présente une évolution souvent récidivante, voire chronique, responsable d’une altération marquée du fonctionnement socio-professionnel et de la qualité de vie [1]. En dépit des progrès réalisés dans le domaine de la psychopharmacologie, il s’avère qu’une réponse clinique insatisfaisante a été rapportée dans près de 2/3 des cas après une première tentative de traitement antidépresseur bien conduite par inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine [2]. Sont alors proposées différentes stratégies thérapeutiques basées sur :
– le changement d’antidépresseur relevant de la même classe pharmacologique ou appartenant à une autre classe pharmacologique en s’orientant notamment vers un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline ;
– la combinaison à des antidépresseurs d’action pharmacologique complémentaire, pour ne citer que la mirtazapine ou la mianserine ;
– la potentialisation par des agents pharmacologiques ne possédant pas par eux-mêmes d’activité antidépressive, incluant le carbonate de lithium, les hormones thyroïdiennes et les antipsychotiques de seconde génération.
Il est également possible, dans les formes résistantes de dépression, de recourir à l’utilisation d’inhibiteurs non-sélectifs, irréversibles de la monoamine oxydase avec les précautions d’emploi que leur prescription impose, d’agonistes dopaminergiques comme le pramipexole, ou d’agents aux propriétés glutamatergiques dont la ketamine [3]. Il est néanmoins important de ne pas omettre les approches psychothérapiques, que celles-ci reposent sur la thérapie cognitivo-comportementale, ou plus récemment sur la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience, permettant de traiter l’épisode dépressif caractérisé même, d’en gérer les symptômes résiduels, voire prévenir les rechutes et récidives dépressives [4]. Nous nous proposons donc d’aborder, à travers cette rencontre avec l’expert, ces différentes options thérapeutiques, de sorte que la communauté des psychiatres des secteurs public et privé puissent y trouver les informations précieuses et utiles au quotidien à la prise en charge et au suivi des patients déprimés « difficiles ».