Trouble de Déficit de l’Attention/Hyperactivité (TDAH) et addictions : intérêt de rechercher un TDAH chez des patients présentant d’autres addictions que celles aux psychostimulants
M. Guillou-Landreat , M. Grall-Bronnec , H. El Ayoubi , N. Ballon
{"title":"Trouble de Déficit de l’Attention/Hyperactivité (TDAH) et addictions : intérêt de rechercher un TDAH chez des patients présentant d’autres addictions que celles aux psychostimulants","authors":"M. Guillou-Landreat , M. Grall-Bronnec , H. El Ayoubi , N. Ballon","doi":"10.1016/j.fjpsy.2019.10.270","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>La nécessité de rechercher un Trouble de Déficit de l’Attention/Hyperactivité (TDAH) chez les patients addicts à la cocaïne est maintenant bien connue <span>[1]</span>, mais la recherche de ce trouble n’est pas encore systématique dans d’autres populations addicts. L’objectif de cette session est de rapporter les données de la littérature et des travaux des orateurs concernant les caractéristiques du TDAH dans trois groupes de patients présentant des conduites addictives, autres qu’aux psychostimulants. Le TDAH est surreprésenté dans les populations de personnes présentant des troubles de l’usage de substances, notamment les troubles de l’usage d’opiacés. Dans cette population, la présence d’un TDAH est un facteur associé à une complexité et un risque de chronicité plus élevé. Il est aussi un facteur de risque de rechute, de coaddictions plus sévères et de mauvaise observance. Dans le cadre de la prise en charge de la dépendance aux opiacés et des médicaments de substitution aux opiacés, l’observance des traitements est un point clé. Nous montrons à partir de la littérature <span>[2]</span> que l’identification d’un TDAH, et sa prise en compte sont essentielles afin d’adapter les stratégies thérapeutiques. La littérature internationale fournit des données établissant un lien entre le TDAH d’une part, et certaines addictions comportementales (concernant en particulier les jeux d’argent <span>[3]</span>, les jeux vidéo et l’alimentation) d’autre part. À notre connaissance, aucune étude n’a porté sur la comorbidité TDAH-addiction sexuelle. À partir d’une cohorte de 220 patients débutant des soins pour une addiction sexuelle, nous établirons la fréquence du TDAH (actuel ou passé) et présenterons les caractéristiques associées à la comorbidité. Chez les patients souffrant d’un trouble de l’usage d’alcool (TUA) seul, la représentation du TDAH est d’environ 20 % <span>[4]</span> et du trouble stress post-traumatique (TSPT) entre 20 et 40 %. Chez ces patients, une seule étude turque a porté sur la comorbidité TDAH-TSPT. Dans un groupe de 551 patients hospitalisés pour un TUA, la prévalence de TSPT était plus élevée chez les patients avec un TDAH (84 % contre 40 % ; <em>p</em> <!--><<!--> <!-->.001). Les patients TDAH avaient également vécus plus d’évènements traumatiques (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->.001) notamment de type agression physique ou agression sexuelle (<em>p</em> <!--><<!--> <!-->.01). Ces résultats mettent en évidence l’utilité du diagnostic de TDAH dans les trois sous-groupes étudiés et invitent à réfléchir à de nouvelles modalités de prise en charge.</p></div>","PeriodicalId":12420,"journal":{"name":"French Journal of Psychiatry","volume":"1 ","pages":"Page S4"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"French Journal of Psychiatry","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2590241519307706","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
La nécessité de rechercher un Trouble de Déficit de l’Attention/Hyperactivité (TDAH) chez les patients addicts à la cocaïne est maintenant bien connue [1], mais la recherche de ce trouble n’est pas encore systématique dans d’autres populations addicts. L’objectif de cette session est de rapporter les données de la littérature et des travaux des orateurs concernant les caractéristiques du TDAH dans trois groupes de patients présentant des conduites addictives, autres qu’aux psychostimulants. Le TDAH est surreprésenté dans les populations de personnes présentant des troubles de l’usage de substances, notamment les troubles de l’usage d’opiacés. Dans cette population, la présence d’un TDAH est un facteur associé à une complexité et un risque de chronicité plus élevé. Il est aussi un facteur de risque de rechute, de coaddictions plus sévères et de mauvaise observance. Dans le cadre de la prise en charge de la dépendance aux opiacés et des médicaments de substitution aux opiacés, l’observance des traitements est un point clé. Nous montrons à partir de la littérature [2] que l’identification d’un TDAH, et sa prise en compte sont essentielles afin d’adapter les stratégies thérapeutiques. La littérature internationale fournit des données établissant un lien entre le TDAH d’une part, et certaines addictions comportementales (concernant en particulier les jeux d’argent [3], les jeux vidéo et l’alimentation) d’autre part. À notre connaissance, aucune étude n’a porté sur la comorbidité TDAH-addiction sexuelle. À partir d’une cohorte de 220 patients débutant des soins pour une addiction sexuelle, nous établirons la fréquence du TDAH (actuel ou passé) et présenterons les caractéristiques associées à la comorbidité. Chez les patients souffrant d’un trouble de l’usage d’alcool (TUA) seul, la représentation du TDAH est d’environ 20 % [4] et du trouble stress post-traumatique (TSPT) entre 20 et 40 %. Chez ces patients, une seule étude turque a porté sur la comorbidité TDAH-TSPT. Dans un groupe de 551 patients hospitalisés pour un TUA, la prévalence de TSPT était plus élevée chez les patients avec un TDAH (84 % contre 40 % ; p < .001). Les patients TDAH avaient également vécus plus d’évènements traumatiques (p < .001) notamment de type agression physique ou agression sexuelle (p < .01). Ces résultats mettent en évidence l’utilité du diagnostic de TDAH dans les trois sous-groupes étudiés et invitent à réfléchir à de nouvelles modalités de prise en charge.