{"title":"Comment aider nos patients à bien s’informer sur internet ? Le cas complexe des troubles somatoformes","authors":"P. Cathébras","doi":"10.1016/j.fjpsy.2019.10.227","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Les troubles somatoformes, et plus largement les symptômes dits « médicalement inexpliqués », « fonctionnels », « psychosomatiques », de « somatisation », ou de « détresse somatique », situés dans un no man's land disciplinaire, et qui renvoient à des nosologies instables, posent de nombreux problèmes de communication entre malades et soignants (et souvent, d’ailleurs, entre soignants de formations différentes). Ces troubles sous-entendent en effet, de façon inhérente à leur définition, un conflit d’attribution : le patient vit ses symptômes comme strictement corporels, alors que les soignants tendent à les attribuer, sur des critères positifs (présence d’une détresse psychique) et/ou négatifs (absence d’explication somatique) à des facteurs psychologiques. Expliquer ces symptômes et les « gérer » au quotidien lorsqu’ils sont chroniques exige d’entrer avec le malade dans une complexité bio-psycho-sociale et personnalisée qui s’accorde mal avec les informations à l’emporte-pièce disponibles sur internet. Un autre écueil est celui des attributions hétérodoxes et potentiellement iatrogènes vers lesquelles ces personnes peuvent être aiguillées sur le web et/ou par certains praticiens : intoxications, « maladie de Lyme chronique », sensibilité aux ondes électromagnétiques, etc., attributions qui ne manqueront pas de créer de nouvelles difficultés dans une relation déjà tendue et peu satisfaisante avec la médecine classique, qu’il s’agisse des « somaticiens » ou des « psychistes ». Comment transformer des symptômes médicalement inexpliqués en symptômes bio-psycho-socialement expliquables en obtenant l’adhésion du patient, en fondant une alliance thérapeutique, et en évitant la stigmatisation et toute simplification abusive ? Peut-on trouver des conseils thérapeutiques utiles « fondés sur la science » sur internet ? Des outils (documents, manuels, vidéos, sites internet, etc.) peuvent-ils nous aider au quotidien ? Nous proposons de parcourir certains sites et documents de <em>self-help</em> disponibles sur le web et d’y piocher quelques idées.</p></div>","PeriodicalId":12420,"journal":{"name":"French Journal of Psychiatry","volume":"1 ","pages":"Page S32"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2019-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"French Journal of Psychiatry","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2590241519307275","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Les troubles somatoformes, et plus largement les symptômes dits « médicalement inexpliqués », « fonctionnels », « psychosomatiques », de « somatisation », ou de « détresse somatique », situés dans un no man's land disciplinaire, et qui renvoient à des nosologies instables, posent de nombreux problèmes de communication entre malades et soignants (et souvent, d’ailleurs, entre soignants de formations différentes). Ces troubles sous-entendent en effet, de façon inhérente à leur définition, un conflit d’attribution : le patient vit ses symptômes comme strictement corporels, alors que les soignants tendent à les attribuer, sur des critères positifs (présence d’une détresse psychique) et/ou négatifs (absence d’explication somatique) à des facteurs psychologiques. Expliquer ces symptômes et les « gérer » au quotidien lorsqu’ils sont chroniques exige d’entrer avec le malade dans une complexité bio-psycho-sociale et personnalisée qui s’accorde mal avec les informations à l’emporte-pièce disponibles sur internet. Un autre écueil est celui des attributions hétérodoxes et potentiellement iatrogènes vers lesquelles ces personnes peuvent être aiguillées sur le web et/ou par certains praticiens : intoxications, « maladie de Lyme chronique », sensibilité aux ondes électromagnétiques, etc., attributions qui ne manqueront pas de créer de nouvelles difficultés dans une relation déjà tendue et peu satisfaisante avec la médecine classique, qu’il s’agisse des « somaticiens » ou des « psychistes ». Comment transformer des symptômes médicalement inexpliqués en symptômes bio-psycho-socialement expliquables en obtenant l’adhésion du patient, en fondant une alliance thérapeutique, et en évitant la stigmatisation et toute simplification abusive ? Peut-on trouver des conseils thérapeutiques utiles « fondés sur la science » sur internet ? Des outils (documents, manuels, vidéos, sites internet, etc.) peuvent-ils nous aider au quotidien ? Nous proposons de parcourir certains sites et documents de self-help disponibles sur le web et d’y piocher quelques idées.