{"title":"Curiosité et pouvoir : les collections de l’empereur moghol Jahāngīr (r. 1605-1627)","authors":"Corinne Lefèvre","doi":"10.4000/EPISTEME.341","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"A l’instar de nombreux princes musulmans et chretiens de la premiere modernite, Jahāngīr (r. 1605-1627) cultiva avec ardeur le collectionnisme royal et peut, de ce point de vue, etre considere comme le premier des Moghols. C’est en tout cas pour son regne que les informations dont on dispose sont les plus abondantes : en dehors des objets conserves, les textes que l’empereur redigea personnellement (Jahāngīr Nāma) ou dont il supervisa etroitement la composition (Majālis-i Jahāngīrī) – de meme que les nombreuses peintures qu’il commandita – portent en effet la marque d’une curiosite insatiable a l’egard du microcosme imperial qu’il avait herite de son pere Akbar (r. 1556-1605), mais aussi du plus vaste monde dont les representants tant orientaux qu’occidentaux affluaient a la cour moghole. Les collections jahāngīrides seront examinees ici sous le double prisme du savoir et du pouvoir. Apres avoir brievement presente l’ambitieux projet epistemique dans lequel elles s’inscrivaient, il s’agira de mettre en lumiere les motivations ideologiques qui sous-tendirent leur constitution : comme le montrera une typologie de leur contenu, les collections imperiales avaient vocation a rassembler l’ensemble des merveilles de la Creation et, par la meme, a affirmer l’universalite du pouvoir du monarque. En guise de conclusion, on examinera comment les elements les plus « exotiques » (en particulier occidentaux) de ces collections furent utilises par les peintres de l’atelier moghol pour produire une serie de puissantes representations visuelles mettant en scene la domination macrocosmique de Jahāngīr.","PeriodicalId":40360,"journal":{"name":"Etudes Episteme","volume":"1 1","pages":""},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2014-12-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Etudes Episteme","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.4000/EPISTEME.341","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"HUMANITIES, MULTIDISCIPLINARY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
A l’instar de nombreux princes musulmans et chretiens de la premiere modernite, Jahāngīr (r. 1605-1627) cultiva avec ardeur le collectionnisme royal et peut, de ce point de vue, etre considere comme le premier des Moghols. C’est en tout cas pour son regne que les informations dont on dispose sont les plus abondantes : en dehors des objets conserves, les textes que l’empereur redigea personnellement (Jahāngīr Nāma) ou dont il supervisa etroitement la composition (Majālis-i Jahāngīrī) – de meme que les nombreuses peintures qu’il commandita – portent en effet la marque d’une curiosite insatiable a l’egard du microcosme imperial qu’il avait herite de son pere Akbar (r. 1556-1605), mais aussi du plus vaste monde dont les representants tant orientaux qu’occidentaux affluaient a la cour moghole. Les collections jahāngīrides seront examinees ici sous le double prisme du savoir et du pouvoir. Apres avoir brievement presente l’ambitieux projet epistemique dans lequel elles s’inscrivaient, il s’agira de mettre en lumiere les motivations ideologiques qui sous-tendirent leur constitution : comme le montrera une typologie de leur contenu, les collections imperiales avaient vocation a rassembler l’ensemble des merveilles de la Creation et, par la meme, a affirmer l’universalite du pouvoir du monarque. En guise de conclusion, on examinera comment les elements les plus « exotiques » (en particulier occidentaux) de ces collections furent utilises par les peintres de l’atelier moghol pour produire une serie de puissantes representations visuelles mettant en scene la domination macrocosmique de Jahāngīr.