{"title":"Mercure et métaux lourds dans l'alimentation : quels risques ?","authors":"M. Boisset","doi":"10.3166/SDA.28.231-242","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"L'apport alimentaire de methylmercure (MeHg), provient de la consommation des poissons et plus particulierement des especes de grande taille et a croissance lente. La dose hebdomadaire tolerable (DHTP) a ete abaissee a 1,6 μg/kg de poids corporel et par semaine en juin 2003 par l'OMS, pour apporter une precaution supplementaire vis-a-vis de l'impact potentiel du MeHg sur le developpement neurologique du fœtus. Les evaluations de l'apport alimentaire realisees en France sur des donnees de consommation agregees ont montre qu'en cas de consommation de poissons fortement contamines, l'exposition excedait la DHTP pour toutes les tranches d'âges. Une approche probabiliste plus fine a conduit a une frequence de depassement de la dose tolerable de 9,7 a 15,5 % pour les adolescents et les adultes de 34,2 % chez les enfants de 3 a 8 ans. Par la suite, l'exposition des nourrissons et des enfants de moins de 3 ans a ete reevaluee en incluant de nouvelles donnees de contamination. Pour les forts consommateurs dans toutes les tranches d'âge etudiees, les niveaux au percentile 95 sont inferieurs a la DHTP, sauf pour les enfants de 1 a 30 mois (11,3 %) et de 3 a 6 ans (14,7 %). Par ailleurs, 3 % des femmes en âge de procreer seraient susceptibles d'etre exposees a un niveau superieur a la DHTP. La comparaison des estimations, obtenues selon deux methodologies differentes et complementaires, montre qu'il est difficile d'estimer precisement la probabilite de depassement de la DHTP dans la population francaise mais indiquent que, comme pour d'autres contaminants, l'exposition des enfants est plus elevee que celle des adultes. Ces estimations ont permis de recommander pour les enfants en bas âge, une consommation de poissons predateurs sauvages ne depassant pas 60 g par semaine, en plus de la consommation habituelle de poissons non predateurs. Cette recommandation est en coherence avec les reperes de consommation du Programme National Nutrition-Sante. Les femmes enceintes et allaitantes, ne devraient pas consommer plus de 150 g de poissons predateurs sauvages par semaine, en plus de leur consommation habituelle de poissons non predateurs. L'exemple du MeHg montre l'evaluation des risques pour les populations cibles et est difficile a realiser notamment parce que les profils de consommation sont mal connus. La gestion du risque lie a ce type de contaminants ne passe pas uniquement par la fixation de valeurs limites reglementaires de contaminations realistes, mais passe aussi par les recommandations visant la population generale et les groupes de population cibles. De telles recommandations doivent concilier les objectifs de securite sanitaire et les preoccupations des nutritionnistes.","PeriodicalId":21693,"journal":{"name":"Sciences Des Aliments","volume":"28 1","pages":"231-242"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2008-06-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Sciences Des Aliments","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.3166/SDA.28.231-242","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
L'apport alimentaire de methylmercure (MeHg), provient de la consommation des poissons et plus particulierement des especes de grande taille et a croissance lente. La dose hebdomadaire tolerable (DHTP) a ete abaissee a 1,6 μg/kg de poids corporel et par semaine en juin 2003 par l'OMS, pour apporter une precaution supplementaire vis-a-vis de l'impact potentiel du MeHg sur le developpement neurologique du fœtus. Les evaluations de l'apport alimentaire realisees en France sur des donnees de consommation agregees ont montre qu'en cas de consommation de poissons fortement contamines, l'exposition excedait la DHTP pour toutes les tranches d'âges. Une approche probabiliste plus fine a conduit a une frequence de depassement de la dose tolerable de 9,7 a 15,5 % pour les adolescents et les adultes de 34,2 % chez les enfants de 3 a 8 ans. Par la suite, l'exposition des nourrissons et des enfants de moins de 3 ans a ete reevaluee en incluant de nouvelles donnees de contamination. Pour les forts consommateurs dans toutes les tranches d'âge etudiees, les niveaux au percentile 95 sont inferieurs a la DHTP, sauf pour les enfants de 1 a 30 mois (11,3 %) et de 3 a 6 ans (14,7 %). Par ailleurs, 3 % des femmes en âge de procreer seraient susceptibles d'etre exposees a un niveau superieur a la DHTP. La comparaison des estimations, obtenues selon deux methodologies differentes et complementaires, montre qu'il est difficile d'estimer precisement la probabilite de depassement de la DHTP dans la population francaise mais indiquent que, comme pour d'autres contaminants, l'exposition des enfants est plus elevee que celle des adultes. Ces estimations ont permis de recommander pour les enfants en bas âge, une consommation de poissons predateurs sauvages ne depassant pas 60 g par semaine, en plus de la consommation habituelle de poissons non predateurs. Cette recommandation est en coherence avec les reperes de consommation du Programme National Nutrition-Sante. Les femmes enceintes et allaitantes, ne devraient pas consommer plus de 150 g de poissons predateurs sauvages par semaine, en plus de leur consommation habituelle de poissons non predateurs. L'exemple du MeHg montre l'evaluation des risques pour les populations cibles et est difficile a realiser notamment parce que les profils de consommation sont mal connus. La gestion du risque lie a ce type de contaminants ne passe pas uniquement par la fixation de valeurs limites reglementaires de contaminations realistes, mais passe aussi par les recommandations visant la population generale et les groupes de population cibles. De telles recommandations doivent concilier les objectifs de securite sanitaire et les preoccupations des nutritionnistes.