{"title":"Sur les conflits en philologie","authors":"De La Combe, P. Judet","doi":"10.1400/114805","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"Nous savons d?j? que l'?dition d'Eschyle dont le projet nous r?unit sera diff?rente d s autres. La question est de savoir pourquoi. Le th??tre d'Eschyle a d?j? ?t? ?dit? plusieurs fois au cours du xxe si?cle. Quelle est donc l'urgence et l'actualit? d'un tel projet? Plusieurs d?couvertes mat? rielles, si l'ensemble des manuscrits sont enfin lus, vont apporter des don n?es objectives jusque l? inconnues. Plus importante, sans doute, sera la res titution et la discussion des colom?tries propos?es par les traditions manuscrites. Mais cela ne suffit pas ? justifier un projet aussi ambitieux. Une r?ponse plus juste serait de dire que cette ?dition ne suivra pas les m?mes principes que les ?ditions pr?c?dentes, notamment celles de G. Murray (1937), de D. Page (1972) et de M. West (1990), et, avant toutes choses, qu'elle sera plus 'conservatrice' que la derni?re. Mais une telle r?ponse ne suffit pas non plus. Le 'conservatisme textuel' n'est pas une position scientifique d?fi nie, il n'est pas du tout le m?me selon qu'il est pratiqu? par U. von Wila mowitz-Moellendorff ou par P. Mazon, par J. Bollack ou par V Citti. Il serait difficile de postuler une g?n?alogie entre ces philologues. Parler seulement de 'conservatisme' et de respect de la lettre supposerait que nous sommes d?j? en terre connue, alors que ce projet d'?dition ouvre, ou pr?tend ouvrir de nouvelles perspectives. Un trait d?j? plus discriminant est que cette ?dition se fait ? plusieurs, qu'elle est collective. S'y rencontreront des sp?cialistes de disciplines ou de parties diff?rentes de la philologie: pal?ographie, m?trique, herm?neutique et critique, histoire de la science philologique, traduction, etc. Le fait que nous sommes plusieurs semble supposer qu'une division du travail doive d?sormais ?tre introduite en philologie, alors que les ?ditions ant?rieures manifestaient une logique 'titanesque': un individu, un seul, se concevant comme un Titan, affrontait l'autre Titan qu'?tait le texte d'Eschyle et es sayait de le dominer. Cette ?poque est, semble-t-il, r?volue. La philologie, d?sormais, rassemble des m?tiers diff?rents, qui, parfois, ne communiquent pas entre eux. Comme toute science moderne, elle a connu un processus de diff?renciation interne qui semble l'?loigner de son but initial: la compr? hension des uvres de langage. Ces uvres, d?sormais, ne peuvent plus ?tre consid?r?es comme un objet scientifique relevant d'une science unique. Dans son travail d'analyse, la science a, en effet, distingu? en elles des di mensions s?par?es qui tendent ? devenir des objets relevant de sciences dif f?rentes. Le fait que notre ?dition soit collective, d'une part, ent?rine cet","PeriodicalId":42434,"journal":{"name":"QUADERNI URBINATI DI CULTURA CLASSICA","volume":"90 1","pages":"1000-1014"},"PeriodicalIF":0.1000,"publicationDate":"2008-01-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"QUADERNI URBINATI DI CULTURA CLASSICA","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1400/114805","RegionNum":3,"RegionCategory":"历史学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"CLASSICS","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Nous savons d?j? que l'?dition d'Eschyle dont le projet nous r?unit sera diff?rente d s autres. La question est de savoir pourquoi. Le th??tre d'Eschyle a d?j? ?t? ?dit? plusieurs fois au cours du xxe si?cle. Quelle est donc l'urgence et l'actualit? d'un tel projet? Plusieurs d?couvertes mat? rielles, si l'ensemble des manuscrits sont enfin lus, vont apporter des don n?es objectives jusque l? inconnues. Plus importante, sans doute, sera la res titution et la discussion des colom?tries propos?es par les traditions manuscrites. Mais cela ne suffit pas ? justifier un projet aussi ambitieux. Une r?ponse plus juste serait de dire que cette ?dition ne suivra pas les m?mes principes que les ?ditions pr?c?dentes, notamment celles de G. Murray (1937), de D. Page (1972) et de M. West (1990), et, avant toutes choses, qu'elle sera plus 'conservatrice' que la derni?re. Mais une telle r?ponse ne suffit pas non plus. Le 'conservatisme textuel' n'est pas une position scientifique d?fi nie, il n'est pas du tout le m?me selon qu'il est pratiqu? par U. von Wila mowitz-Moellendorff ou par P. Mazon, par J. Bollack ou par V Citti. Il serait difficile de postuler une g?n?alogie entre ces philologues. Parler seulement de 'conservatisme' et de respect de la lettre supposerait que nous sommes d?j? en terre connue, alors que ce projet d'?dition ouvre, ou pr?tend ouvrir de nouvelles perspectives. Un trait d?j? plus discriminant est que cette ?dition se fait ? plusieurs, qu'elle est collective. S'y rencontreront des sp?cialistes de disciplines ou de parties diff?rentes de la philologie: pal?ographie, m?trique, herm?neutique et critique, histoire de la science philologique, traduction, etc. Le fait que nous sommes plusieurs semble supposer qu'une division du travail doive d?sormais ?tre introduite en philologie, alors que les ?ditions ant?rieures manifestaient une logique 'titanesque': un individu, un seul, se concevant comme un Titan, affrontait l'autre Titan qu'?tait le texte d'Eschyle et es sayait de le dominer. Cette ?poque est, semble-t-il, r?volue. La philologie, d?sormais, rassemble des m?tiers diff?rents, qui, parfois, ne communiquent pas entre eux. Comme toute science moderne, elle a connu un processus de diff?renciation interne qui semble l'?loigner de son but initial: la compr? hension des uvres de langage. Ces uvres, d?sormais, ne peuvent plus ?tre consid?r?es comme un objet scientifique relevant d'une science unique. Dans son travail d'analyse, la science a, en effet, distingu? en elles des di mensions s?par?es qui tendent ? devenir des objets relevant de sciences dif f?rentes. Le fait que notre ?dition soit collective, d'une part, ent?rine cet