L’utilisation du logiciel DENUM et la politique nutritionnelle ont permis l’amélioration de la détection des patients dénutris de 80 % (séjours > 2 nuits) en 5 mois et une valorisation financière dans un service d’orthopédie en région Occitanie

Abstract

Introduction et but de l’étude

La dénutrition touche une personne sur 3 en institution, avec des conséquences médicoéconomiques considérables. Dans les services de soins, le temps diététique est généralement insuffisant pour effectuer une prise en charge optimale de l’ensemble des patients. C’est notamment le cas dans les services de chirurgie orthopédique alors que la dénutrition peut fortement grever le pronostic des patients opérés. Au-delà d’un déficit de prise en charge, cela se traduit également par un faible renseignement de la dénutrition dans le codage PMSI et donc un défaut de valorisation des séjours. Il est ainsi crucial de prioriser les patients les plus à risque de dénutrition pour optimiser le temps diététique. Les outils numériques se sont développés au cours des dernières années et certaines applications permettent aux soignants d’optimiser le diagnostic et la prise en charge nutritionnelle. Ces outils, dès à présents intégrés aux soins, sont néanmoins consommateurs de temps pour les soignants.

Matériel et méthodes

La clinique Saint Jean Sud de France s’est dotée de l’application « DENUM » qui permet au patient de remplir lui-même ses données nutritionnelles et de faire le lien avec l’équipe diététique de l’établissement. Suite au remplissage par le patient, l’équipe diététique reçoit, le cas échéant, une alerte et priorise les patients dans sa journée. Le diagnostic nutritionnel est optimisé à iso-ressource (sans augmenter le nombre d’ETP ou le temps diététique). L’application ne réalise aucun diagnostic, elle ne se substitue pas aux prescriptions médicales de consultation diététique dans le service ni aux pratiques habituelles de la prise en charge diététique au sein d’un service hospitalier. Elle constitue donc une aide au diagnostic et à la prise en charge. Nous avons évalué de façon rétrospective l’amélioration de la cotation de la dénutrition dans ce secteur de soin.

Résultats et analyses statistiques

Entre mars et juin 2022, les patients du Service d’orthopédie de la Clinique Saint Jean (Occitanie) ont reçu avant chaque séjour un sms avec un lien pour remplir les données sur www.denum.fr. Pendant la période d’observation, 890 patients ont renseigné le questionnaire DENUM. Parmi ceux-ci, 324 ont été évalués par la plateforme en situation de risque nutritionnel, soit 36,4 %. Cent huit d’entre eux, soit 12,1 %, étaient hospitalisés pour un séjour de plus de 2 nuits, avec une valorisation PMSI attendue. Comparée aux mois précédents, la politique nutritionnelle instaurée dans la clinique a permis de faire passer le taux de détection de la dénutrition chez les patients hospitalisés (hors ambulatoire) de 3,13 % à 5,7 % (+2,5 %), soit 80 % d’augmentation. En extrapolant sur les données de la littérature, la valorisation de la prise en charge de la dénutrition sur les séjours de plus de 2 nuits peut être attendue à 6343,75 € sur 5 mois, soit 1268,75 € par mois lorsque le GHM (Groupement homogène de malades) est optimisé dans un cas sur 4, et 12 687,50 €, soit 2537,50 €/mois, si le GHM est optimisé dans un cas sur 2.

Conclusion

Nous avons observé une amélioration de la cotation de la dénutrition dans les PMSI dans ce secteur d’hospitalisation, ainsi qu’une valorisation financière dans cette étude. Il n’est pas possible d’évaluer l’impact exact de la plateforme DENUM seule par rapport à l’ensemble des efforts fournis par l’équipe de soin du service. Il serait nécessaire de faire une étude comparant des secteurs de soin utilisant DENUM avec des secteurs n’utilisant pas la plateforme.