{"title":"Interprétation des concentrations post-mortem de paracétamol","authors":"E. Gernez , D. Allorge , J.-M. Gaulier","doi":"10.1016/j.medleg.2021.12.002","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><p>Dans le cadre de la recherche des causes de la mort, l’interprétation quantitative des analyses toxicologiques est délicate. En période post-mortem, il peut exister des phénomènes d’instabilité des substances et de redistribution, modifiant les concentrations dans les milieux biologiques par rapport aux concentrations au moment du décès. S’agissant du paracétamol, la situation est compliquée. Il est relativement stable et présente une redistribution post-mortem faible. Mais, s’agissant d’un toxique lésionnel, les concentrations sanguines à un instant donné ne sont pas corrélées aux effets toxiques au même moment. Ainsi, la paracétamolémie à un instant donné n’a de valeur pronostique que si le délai séparant l’ingestion du moment de la mesure de la concentration sanguine est connu : dans ce cas, l’interprétation s’effectue via le nomogramme de Rumack et Matthew. En post-mortem, ce délai est souvent inconnu : les données de la littérature permettent d’estimer que le seuil de concentration sanguine de paracétamol au-delà duquel une concentration peut être considérée comme létale est finalement du même ordre que chez une personne vivante, soit environ 160<!--> <!-->mg/L, sachant bien qu’une concentration sanguine plus faible ne permet pas d’exclure une intoxication ayant conduit à la survenue du processus létal. Les autres matrices biologiques peuvent objectiver une exposition ante-mortem à proximité du décès (urines) et donner une indication sur l’importance de la ou des doses prise(s) (humeur vitrée et bile). En revanche, les matrices kératinisées sont uniquement des marqueurs d’exposition des dernières semaines et mois.</p></div><div><p>Forensic toxicology consists in the analysis of biological matrices in a judicial context. It can be used to investigate causes of death, but quantitative interpretation is often difficult. Indeed, post-mortem phenomena (instability or post-mortem redistribution) can occur with consecutively changes in measured drug concentrations in post-mortem biological samples compared to ante-mortem concentrations. Regarding acetaminophen, the situation is further compounded. Indeed, acetaminophen exhibits a good post-mortem stability and a low post-mortem redistribution. However, due to the lesion nature of its toxicity, acetaminophen blood concentration at a certain time is not correlate with toxicity at the same time. Acetaminophen blood concentration can give a prognostic value even if the time between ingestion and death is known: in this case, the interpretation is made with Rumack and Matthew's nomogram. Nevertheless, the time delay between ingestion and death is often unknown in post-mortem conditions: data from the literature suggest that the cutoff for a lethal blood concentration of acetaminophen is about 160<!--> <!-->mg/L, like before the death; but a lower concentration cannot exclude a lethal intoxication. Other biological matrices let objectify an ante-mortem exposition close to the death (urines) and keep an indication about the importance of the dose(s) taken (vitreous humor and bile). However, keratinized matrices are only markers of exposure for last weeks or months.</p></div>","PeriodicalId":39100,"journal":{"name":"Revue de Medecine Legale","volume":"13 1","pages":"Pages 30-39"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2022-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue de Medecine Legale","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1878652921000973","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Medicine","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Dans le cadre de la recherche des causes de la mort, l’interprétation quantitative des analyses toxicologiques est délicate. En période post-mortem, il peut exister des phénomènes d’instabilité des substances et de redistribution, modifiant les concentrations dans les milieux biologiques par rapport aux concentrations au moment du décès. S’agissant du paracétamol, la situation est compliquée. Il est relativement stable et présente une redistribution post-mortem faible. Mais, s’agissant d’un toxique lésionnel, les concentrations sanguines à un instant donné ne sont pas corrélées aux effets toxiques au même moment. Ainsi, la paracétamolémie à un instant donné n’a de valeur pronostique que si le délai séparant l’ingestion du moment de la mesure de la concentration sanguine est connu : dans ce cas, l’interprétation s’effectue via le nomogramme de Rumack et Matthew. En post-mortem, ce délai est souvent inconnu : les données de la littérature permettent d’estimer que le seuil de concentration sanguine de paracétamol au-delà duquel une concentration peut être considérée comme létale est finalement du même ordre que chez une personne vivante, soit environ 160 mg/L, sachant bien qu’une concentration sanguine plus faible ne permet pas d’exclure une intoxication ayant conduit à la survenue du processus létal. Les autres matrices biologiques peuvent objectiver une exposition ante-mortem à proximité du décès (urines) et donner une indication sur l’importance de la ou des doses prise(s) (humeur vitrée et bile). En revanche, les matrices kératinisées sont uniquement des marqueurs d’exposition des dernières semaines et mois.
Forensic toxicology consists in the analysis of biological matrices in a judicial context. It can be used to investigate causes of death, but quantitative interpretation is often difficult. Indeed, post-mortem phenomena (instability or post-mortem redistribution) can occur with consecutively changes in measured drug concentrations in post-mortem biological samples compared to ante-mortem concentrations. Regarding acetaminophen, the situation is further compounded. Indeed, acetaminophen exhibits a good post-mortem stability and a low post-mortem redistribution. However, due to the lesion nature of its toxicity, acetaminophen blood concentration at a certain time is not correlate with toxicity at the same time. Acetaminophen blood concentration can give a prognostic value even if the time between ingestion and death is known: in this case, the interpretation is made with Rumack and Matthew's nomogram. Nevertheless, the time delay between ingestion and death is often unknown in post-mortem conditions: data from the literature suggest that the cutoff for a lethal blood concentration of acetaminophen is about 160 mg/L, like before the death; but a lower concentration cannot exclude a lethal intoxication. Other biological matrices let objectify an ante-mortem exposition close to the death (urines) and keep an indication about the importance of the dose(s) taken (vitreous humor and bile). However, keratinized matrices are only markers of exposure for last weeks or months.