{"title":"Réécrire le corps. Érotique et politique dans les films de Godard et Gorin","authors":"Raphaël Jaudon","doi":"10.1080/26438941.2021.1964798","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"RÉSUMÉ Du Groupe Dziga Vertov, collectif de cinéma militant animé par Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Gorin après Mai 68 (en pleine période de « libération sexuelle »), on pourrait attendre qu’il aborde frontalement la dimension sociale et politique de la sexualité. Or, les cinéastes effectuent un double pas de côté par rapport aux milieux militants de leur époque : non seulement ils privilégient la question de l’érotisme à celle de la sexualité, mais cet érotisme semble devoir passer, dans leurs films, par la médiation de l’écrit. La carrière du groupe offre plusieurs exemples remarquables : alternance de cartons stylisés et de fragments de corps dans British Sounds (1969), proposition pour une politique de la jouissance sous forme de slogans écrits dans Pravda (1969), ou encore personnages griffonnant des mots sur des photographies érotiques pendant le procès de Vladimir et Rosa (1970), instituant le corps nu comme lieu d’une refondation du langage politique. Un examen attentif des liens entre érotique et politique chez Godard et Gorin démontrera toute la complexité de cette question, tendue entre la nécessaire dénonciation (marxiste) de la marchandisation du corps et l’espoir d’une réinvention (révolutionnaire) de l’érotisme cinématographique.","PeriodicalId":40074,"journal":{"name":"French Screen Studies","volume":"22 1","pages":"229 - 250"},"PeriodicalIF":0.5000,"publicationDate":"2022-01-10","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"French Screen Studies","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://doi.org/10.1080/26438941.2021.1964798","RegionNum":2,"RegionCategory":"艺术学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"0","JCRName":"FILM, RADIO, TELEVISION","Score":null,"Total":0}
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Abstract
RÉSUMÉ Du Groupe Dziga Vertov, collectif de cinéma militant animé par Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Gorin après Mai 68 (en pleine période de « libération sexuelle »), on pourrait attendre qu’il aborde frontalement la dimension sociale et politique de la sexualité. Or, les cinéastes effectuent un double pas de côté par rapport aux milieux militants de leur époque : non seulement ils privilégient la question de l’érotisme à celle de la sexualité, mais cet érotisme semble devoir passer, dans leurs films, par la médiation de l’écrit. La carrière du groupe offre plusieurs exemples remarquables : alternance de cartons stylisés et de fragments de corps dans British Sounds (1969), proposition pour une politique de la jouissance sous forme de slogans écrits dans Pravda (1969), ou encore personnages griffonnant des mots sur des photographies érotiques pendant le procès de Vladimir et Rosa (1970), instituant le corps nu comme lieu d’une refondation du langage politique. Un examen attentif des liens entre érotique et politique chez Godard et Gorin démontrera toute la complexité de cette question, tendue entre la nécessaire dénonciation (marxiste) de la marchandisation du corps et l’espoir d’une réinvention (révolutionnaire) de l’érotisme cinématographique.