S. Zaghbib, M. Chakroun, A. Saadi, S. Zouari, A. Bouzouita, H. Ayed, M. Chebil, A. Ferjani, I. Boutiba
{"title":"Caractéristiques épidémiologiques et cliniques des infections à entérobactéries productrices de carbapénémases en urologie","authors":"S. Zaghbib, M. Chakroun, A. Saadi, S. Zouari, A. Bouzouita, H. Ayed, M. Chebil, A. Ferjani, I. Boutiba","doi":"10.1016/j.medmal.2020.06.063","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><p>La prévalence des infections associées aux soins à entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC) est en augmentation dans le monde. Ces infections, difficiles à traiter et souvent source d’impasses thérapeutiques, représentent un danger pour les patients avec un risque d’épidémies hospitalières pouvant devenir incontrôlables.</p></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><p>Une étude rétrospective a été menée entre janvier 2015 et décembre 2019, portant sur les patients qui ont été hospitalisés au service d’urologie chez qui une EPC a été identifiée sur l’examen cytobactériologique des urines (ECBU). Les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et bactériologiques de ces infections ont été étudiées.</p></div><div><h3>Résultats</h3><p>Au cours de la période d’étude, nous avons identifié 25 patients porteurs d’EPC. L’âge moyen était de 50,5 ans. Une hospitalisation dans les 3 mois précédents a été retrouvée dans 11 cas (44 %), la prise d’antibiotiques dans les 6 mois précédant l’infection a été retrouvée dans 13 cas (52 %), et 11 patients (44 %) avaient un ECBU positif à un autre germe dans les 12 mois précédant l’infection. Au cours de l’hospitalisation, un geste urologique a été réalisé dans 20 cas (80 %), un matériel étranger urologique était en place dans 15 cas (60 %) et le délai moyen entre l’hospitalisation et l’infection était de 12<!--> <!-->jours<!--> <!-->±<!--> <!-->4,8. Sur le plan bactériologique, les souches identifiées étaient <em>K. pneumoniae</em> (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->20), <em>E. cloacae</em> (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2), <em>E. coli</em> (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2) et <em>R. terrigena</em> (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1). L’étude de la sensibilité aux antibiotiques a montré qu’elles étaient toutes résistantes à l’ertapénème, que 10 l’étaient à l’imipénème (40 %) et que 13 l’étaient au méropénème (52 %). Par ailleurs, toutes les souches étaient résistantes aux céphalosporines de 3<sup>e</sup> génération et sept l’étaient à l’amikacine (28 %). Une souche était résistante à la colistine (étudiée dans 18 cas), et quatre souches l’étaient à la tigecycline (étudiée dans 21 cas). Cliniquement, les EPC étaient responsables d’une bactériurie asymptomatique dans 14 cas (56 %), et d’une infection déclarée dans 11 cas (44 %), le plus souvent une pyélonéphrite aiguë (5 cas). Deux patients ont présenté un choc septique dont un est décédé des suites de l’infection. En cas d’infection déclarée (11 cas), une double antibiothérapie adaptée a été prescrite, associant colistine/amikacine(cinq cas), colistine/imipeneme (quatre cas) et imipeneme/amikacine (deux cas).</p></div><div><h3>Conclusion</h3><p>Les EPC représentent une menace réelle et préoccupante car elles sont capables de provoquer des infections contre lesquelles les moyens thérapeutiques sont extrêmement limités, de se disséminer rapidement et possèdent un potentiel épidémiogène important. Les bonnes pratiques d’hygiène hospitalière sont une pierre angulaire du contrôle de ces bactéries associée à une utilisation réfléchie et limitée des carbapénèmes pour diminuer la pression de sélection des souches productrices de carbapénémases.</p></div>","PeriodicalId":18464,"journal":{"name":"Medecine et maladies infectieuses","volume":"50 6","pages":"Page S37"},"PeriodicalIF":5.0000,"publicationDate":"2020-09-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"https://sci-hub-pdf.com/10.1016/j.medmal.2020.06.063","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Medecine et maladies infectieuses","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0399077X20302274","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"Medicine","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
La prévalence des infections associées aux soins à entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC) est en augmentation dans le monde. Ces infections, difficiles à traiter et souvent source d’impasses thérapeutiques, représentent un danger pour les patients avec un risque d’épidémies hospitalières pouvant devenir incontrôlables.
Matériels et méthodes
Une étude rétrospective a été menée entre janvier 2015 et décembre 2019, portant sur les patients qui ont été hospitalisés au service d’urologie chez qui une EPC a été identifiée sur l’examen cytobactériologique des urines (ECBU). Les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et bactériologiques de ces infections ont été étudiées.
Résultats
Au cours de la période d’étude, nous avons identifié 25 patients porteurs d’EPC. L’âge moyen était de 50,5 ans. Une hospitalisation dans les 3 mois précédents a été retrouvée dans 11 cas (44 %), la prise d’antibiotiques dans les 6 mois précédant l’infection a été retrouvée dans 13 cas (52 %), et 11 patients (44 %) avaient un ECBU positif à un autre germe dans les 12 mois précédant l’infection. Au cours de l’hospitalisation, un geste urologique a été réalisé dans 20 cas (80 %), un matériel étranger urologique était en place dans 15 cas (60 %) et le délai moyen entre l’hospitalisation et l’infection était de 12 jours ± 4,8. Sur le plan bactériologique, les souches identifiées étaient K. pneumoniae (n = 20), E. cloacae (n = 2), E. coli (n = 2) et R. terrigena (n = 1). L’étude de la sensibilité aux antibiotiques a montré qu’elles étaient toutes résistantes à l’ertapénème, que 10 l’étaient à l’imipénème (40 %) et que 13 l’étaient au méropénème (52 %). Par ailleurs, toutes les souches étaient résistantes aux céphalosporines de 3e génération et sept l’étaient à l’amikacine (28 %). Une souche était résistante à la colistine (étudiée dans 18 cas), et quatre souches l’étaient à la tigecycline (étudiée dans 21 cas). Cliniquement, les EPC étaient responsables d’une bactériurie asymptomatique dans 14 cas (56 %), et d’une infection déclarée dans 11 cas (44 %), le plus souvent une pyélonéphrite aiguë (5 cas). Deux patients ont présenté un choc septique dont un est décédé des suites de l’infection. En cas d’infection déclarée (11 cas), une double antibiothérapie adaptée a été prescrite, associant colistine/amikacine(cinq cas), colistine/imipeneme (quatre cas) et imipeneme/amikacine (deux cas).
Conclusion
Les EPC représentent une menace réelle et préoccupante car elles sont capables de provoquer des infections contre lesquelles les moyens thérapeutiques sont extrêmement limités, de se disséminer rapidement et possèdent un potentiel épidémiogène important. Les bonnes pratiques d’hygiène hospitalière sont une pierre angulaire du contrôle de ces bactéries associée à une utilisation réfléchie et limitée des carbapénèmes pour diminuer la pression de sélection des souches productrices de carbapénémases.
期刊介绍:
L''organe d''expression de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
Médecine et Maladies Infectieuses is the official publication of the Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF). Médecine et Maladies Infectieuses is indexed in the major databases: Medline, Web of Science/Clarivate and Scopus. The journal publishes scientific /research articles, general reviews, short communications and letters, in both English and French. The journal welcomes submissions on the various aspects of infectious pathologies and pathogenic agents. Médecine et Maladies Infectieuses focuses on clinical therapeutics, nosocomial infections, biology, prevention, as well as epidemiology and therapeutics.