{"title":"Synthèse des cas d’intoxication par les plantes aux Antilles françaises","authors":"M. Sance , J. Langrand , T. Blaise","doi":"10.1016/j.toxac.2025.09.070","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>La Guadeloupe et la Martinique abritent une flore extrêmement diversifiée, incluant de nombreuses espèces toxiques, souvent présentes à proximité des habitations et dans les jardins. Le <em>turn-over</em> des professionnels de santé, ainsi que la méconnaissance de la phytothérapie — en général et locale (Rimed razie) — liée à un défaut de formation compliquent le diagnostic précis et la prise en charge adaptée des patients intoxiqués. En outre, les médecins sont confrontés à des guidelines pas toujours adaptées au territoire et à une utilisation importante de plantes aux Antilles <span><span>[1]</span></span>. Dans ce contexte, et face au manque d’études descriptives sur les intoxications par les plantes aux Antilles françaises, il apparaît pertinent de réaliser un inventaire des cas d’intoxications par les plantes dans cette partie de la France.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Une analyse descriptive rétrospective des intoxications par les plantes a été menée à partir de la base SICAP entre 1999 et 2024. Les cas ont été étudiés selon la population touchée, le contexte d’exposition, la gravité (à partir du Poisoning Severity Score) et la symptomatologie associée. La part des intoxications liées à l’utilisation de la phytothérapie locale a été évaluée ainsi que les principales espèces botaniques incriminées.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 499 cas ont été inclus dans l’étude, tous avec une détermination de l’espèce botanique. Les enfants de moins de 6 ans et les adultes de moins de 65 ans représentaient la majorité des patients (respectivement 35 % et 47 %). Les intoxications survenaient principalement dans un contexte accidentel lié à une absence de conscience du danger, et se produisaient le plus souvent au domicile. Les cas étaient globalement peu sévères : seulement 5 % présentaient un PSS<!--> <!-->=<!--> <!-->2 et 1 % un PSS<!--> <!-->=<!--> <!-->3. Les espèces les plus fréquemment impliquées étaient <em>Hippomane mancinella</em> (42 % des cas), suivies des euphorbes et de <em>Ricinus communis</em> (4,4 % chacun). Parmi les cas les plus graves (PSS<!--> <!-->=<!--> <!-->3), les espèces retrouvées étaient principalement <em>Tinospora crispa</em> et <em>Moringa oleifera</em>. À noter que la phytothérapie locale semblait être à l’origine de cas plus sévères, représentant près de 70 % des intoxications graves.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Cette étude décrit, pour la première fois, les intoxications aux plantes les plus fréquentes et les plus graves survenues aux Antilles françaises sur une période de plus de 20 ans, à partir de la base de données des CAP. La majorité des intoxications étaient accidentelles, touchant principalement les jeunes enfants et les adultes, le plus souvent par voie orale et par méconnaissance des risques encourus. Les cas graves restaient rares (6 % avec PSS<!--> <!-->≥<!--> <!-->2) et aucun décès n’a été rapporté. Les espèces les plus souvent impliquées étaient le mancenillier (<em>Hippomane mancinella</em>), le manioc (<em>Manihot esculenta</em>), diverses Euphorbiacées, ainsi que des plantes utilisées en phytothérapie, comme le moringa. Les intoxications liées à la phytothérapie locale, probablement sous-estimées, mériteraient une étude spécifique plus approfondie. Une sensibilisation renforcée apparaît nécessaire pour améliorer la prévention au sein des familles, l’identification et la déclaration des cas par les professionnels de santé, en particulier concernant les plantes ornementales toxiques des jardins.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 3","pages":"Pages S123-S124"},"PeriodicalIF":1.7000,"publicationDate":"2025-10-25","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S235200782500263X","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
La Guadeloupe et la Martinique abritent une flore extrêmement diversifiée, incluant de nombreuses espèces toxiques, souvent présentes à proximité des habitations et dans les jardins. Le turn-over des professionnels de santé, ainsi que la méconnaissance de la phytothérapie — en général et locale (Rimed razie) — liée à un défaut de formation compliquent le diagnostic précis et la prise en charge adaptée des patients intoxiqués. En outre, les médecins sont confrontés à des guidelines pas toujours adaptées au territoire et à une utilisation importante de plantes aux Antilles [1]. Dans ce contexte, et face au manque d’études descriptives sur les intoxications par les plantes aux Antilles françaises, il apparaît pertinent de réaliser un inventaire des cas d’intoxications par les plantes dans cette partie de la France.
Méthode
Une analyse descriptive rétrospective des intoxications par les plantes a été menée à partir de la base SICAP entre 1999 et 2024. Les cas ont été étudiés selon la population touchée, le contexte d’exposition, la gravité (à partir du Poisoning Severity Score) et la symptomatologie associée. La part des intoxications liées à l’utilisation de la phytothérapie locale a été évaluée ainsi que les principales espèces botaniques incriminées.
Résultats
Au total, 499 cas ont été inclus dans l’étude, tous avec une détermination de l’espèce botanique. Les enfants de moins de 6 ans et les adultes de moins de 65 ans représentaient la majorité des patients (respectivement 35 % et 47 %). Les intoxications survenaient principalement dans un contexte accidentel lié à une absence de conscience du danger, et se produisaient le plus souvent au domicile. Les cas étaient globalement peu sévères : seulement 5 % présentaient un PSS = 2 et 1 % un PSS = 3. Les espèces les plus fréquemment impliquées étaient Hippomane mancinella (42 % des cas), suivies des euphorbes et de Ricinus communis (4,4 % chacun). Parmi les cas les plus graves (PSS = 3), les espèces retrouvées étaient principalement Tinospora crispa et Moringa oleifera. À noter que la phytothérapie locale semblait être à l’origine de cas plus sévères, représentant près de 70 % des intoxications graves.
Conclusion
Cette étude décrit, pour la première fois, les intoxications aux plantes les plus fréquentes et les plus graves survenues aux Antilles françaises sur une période de plus de 20 ans, à partir de la base de données des CAP. La majorité des intoxications étaient accidentelles, touchant principalement les jeunes enfants et les adultes, le plus souvent par voie orale et par méconnaissance des risques encourus. Les cas graves restaient rares (6 % avec PSS ≥ 2) et aucun décès n’a été rapporté. Les espèces les plus souvent impliquées étaient le mancenillier (Hippomane mancinella), le manioc (Manihot esculenta), diverses Euphorbiacées, ainsi que des plantes utilisées en phytothérapie, comme le moringa. Les intoxications liées à la phytothérapie locale, probablement sous-estimées, mériteraient une étude spécifique plus approfondie. Une sensibilisation renforcée apparaît nécessaire pour améliorer la prévention au sein des familles, l’identification et la déclaration des cas par les professionnels de santé, en particulier concernant les plantes ornementales toxiques des jardins.