Spatialisation des cas de fièvre Q aiguë sur l’île de Cayenne : clusters spatio-temporels et déterminants environnementaux

Abstract

Introduction

La fièvre Q est une infection zoonotique causée par la bactérie Coxiella burnetii. La Guyane, territoire majoritairement recouvert par la forêt amazonienne, est considérée comme une région hyper-endémique de cette maladie. Alors que les ruminants sont les principaux réservoirs dans le monde, le réservoir de la Guyane reste encore controversé et dépend probablement de la faune sauvage. Cette étude visait à identifier des clusters spatio-temporels de cas humains de fièvre Q aiguë dans l’île de Cayenne et à étudier leurs relations avec les facteurs environnementaux à l'aide de données de télédétection.

Méthodes

Une étude rétrospective des cas de fièvre Q aiguë a été menée du 1^er janvier 2007 au 31 décembre 2017. Les cas et les variables explicatives provenant de données de télédétection ou de sources locales, ont été agrégés en grilles régulières. Les clusters spatio-temporels ont été identifiés à l'aide d’indices l'autocorrélation spatiale et de méthodes de balayage spatiotemporel. La régression de Poisson a été appliquée pour la production de modèles explicatifs.

Résultats

Au total, 513 cas de fièvre Q aiguë ont été regroupés dans 1205 unités spatiales d'analyse. Les analyses spatiales et spatio-temporelles ont permis d'identifier six clusters, tous classés comme points chauds. Un épicentre a été détecté au pied du Mont Rémire dans la municipalité de Rémire-Montjoly. Plusieurs facteurs de risque ont été associés à la survenue de cas de fièvre Q aiguë : la distance aux mammifères vivants observés < 500 m (odds ratio [OR] 1,81 ; Intervalle de Confiance à 95 % [IC] [1,12-2,93]), la distance aux forêts remarquables < 50 m (OR 2,25 ; CI [1,67-3,05]), la distance à l'abattoir < 5 km (OR 3,18 ; IC [2,28-4,45]), et la densité des îlots de végétation > 100 (OR 1,65; IC [1,16-2,35]).

Conclusion

Cette étude met en évidence les zones prioritaires sur lesquelles les actions de santé publique et les efforts de recherche devraient se concentrer, notamment les abattoirs, les élevages et la faune environnante.

Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.