Écologie bactérienne des infections invasives chez l’enfant drépanocytaire en Guyane de 2014 à 2023. Étude épidémiologique rétrospective

Abstract

Introduction

La drépanocytose est une pathologie fréquente en Guyane (1/227 naissances), avec un risque infectieux important pourvoyeur de morbidité et mortalité importantes dans cette population. L’épidémiologie des infections bactériennes invasives (IBI) chez les drépanocytaires a évolué après l’introduction de la vaccination antipneumococcique conjuguée et l’antibioprophylaxie qui ont contribué à une réduction des infections à germes encapsulés avec Salmonella spp.- qui est désormais la principale bactérie isolée dans ce contexte. L’objectif de ce travail était d’établir la répartition bactérienne des IBI chez les enfants drépanocytaires en Guyane.

Méthodes

Il s’agit d’une étude épidémiologique descriptive incluant les patients drépanocytaires âgés de moins de 18 ans, hospitalisés en Guyane entre 2014 et 2023 avec culture bactérienne positive dans un liquide stérile. Nous avons exclu les infections urinaires isolées ainsi que les germes considérés contaminants. Les données recueillies étaient démographiques, vaccinales, cliniques et microbiologiques.

Résultats

Trente-sept épisodes d’IBI ont été recensées avec un âge médian de 2 ans et 43 % des patients étaient âgés de moins d’un an. Salmonella spp. était la principale bactérie isolée (20/37 soit 50 %), suivie de Streptococcus pneumoniae (5/37 soit 13 %). Salmonella spp. prédominait dans les bactériémies primaires (12/20 soit 60 %) et les infections ostéo–articulaires (7/9 soit 78 %).

L’unique décès documenté était dû à une bactériémie à S. pneumoniae chez un enfant âgé d’un an. L’information sur une vaccination conjuguée antipneumococcique complète était renseignée pour 46 % des patients et 4 patients n’avaient pas d’antibioprophylaxie au moment de l’épisode infectieux.

Conclusion

Salmonella spp. était la principale bactérie à l’origine d’IBI en Guyane chez les enfants drépanocytaires, suivie de S. pneumoniae entre 2014 et 2023. Les mesures de prophylaxie (vaccination et antibioprophylaxie) doivent être mises en œuvre de manière optimale dans cette population fragile pour limiter le fardeau dû aux IBI.

Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.