Guillaume-Alexandre TERRENTROY , Yann LAMBERT , Louise HUREAU-MUTRICY , Muriel GALINDO , Antoine ADENIS , Mathieu NACHER , Stephen VREDEN , Maylis DOUINE
{"title":"Évaluation des facteurs de risque cardiovasculaire chez les personnes travaillant sur les sites d’orpaillage illégaux de Guyane","authors":"Guillaume-Alexandre TERRENTROY , Yann LAMBERT , Louise HUREAU-MUTRICY , Muriel GALINDO , Antoine ADENIS , Mathieu NACHER , Stephen VREDEN , Maylis DOUINE","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.07.093","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les pathologies cardiovasculaires sont la première cause de décès dans le monde. La Guyane connait une prévalence élevée de ces pathologies, à l’origine d’une morbi-mortalité importante. Les personnes travaillant sur les sites d’orpaillage illégaux sont une population nombreuse en Guyane, mais très précaire et peu connue. Plusieurs études ont été faites à leur sujet, relevant leurs précarités sanitaire et économique. Aucune étude n’a été réalisée concernant l’évaluation de leurs facteurs de risque cardiovasculaire. L’objectif de ce travail est de décrire leurs facteurs de risque cardiovasculaire et d’identifier les personnes à risque, afin de proposer des messages de promotion de la santé.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Une étude épidémiologique transversale, descriptive, multicentrique s’est déroulée au niveau des sites de repli entre octobre et décembre 2019. Ont été incluses les personnes majeures (homme ou femme), ayant une activité sur un site d’orpaillage illégal, présentes sur le site de repli depuis moins de 7 jours et ayant consenti à participer à l’étude. Les participants répondaient à un questionnaire sur leurs habitudes de vie et leurs antécédents, bénéficiaient d’un examen médical, et les données suivantes étaient recueillies : Tension artérielle, glycémie capillaire non à jeun, la taille et le poids permettant le calcul de l’Indice de Masse Corporelle (IMC), le périmètre abdominal ainsi que leurs différentes consommations de toxiques.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Un total de 380 personnes ont été incluses avec un sexe ratio H/F = 2,7. L’âge moyen était de 39,9 ans. Ces personnes étaient majoritairement brésiliennes (95,5 %) venant à 53 % du Maranhão. Elles étaient précaires : 96 % sans protection sociale, 34 % à ne pas avoir eu de scolarité ou une scolarité jusqu’au primaire. Les facteurs de risque cardiovasculaire étaient nombreux : 2 % à être diabétiques, 21 % avec une tension artérielle ≥ 140/90 mmHg, 43 % à être en surpoids ou obèse, 48 % à présenter une obésité abdominale. Les consommations de toxiques étaient nombreuses : 58 % avaient une consommation excessive d’alcool et 39 % consommaient du tabac. Ils étaient 48 % à présenter un score d’Ottawa du risque cardiovasculaire modéré, et 39 % pour qui il était élevé. En excluant l’âge, 89 % des participants présentaient au moins un facteur de risque cardiovasculaire et 9 % plus de trois. L’analyse multivariée avait montré que les hommes étaient plus à risque d’HTA que les femmes (p = 0,041 ; OR = 1,48 [1,03–3,81]), ainsi que ceux qui avaient un âge supérieur à 39 ans (p = 0,039 ; OR = 1,68 [1,17–3,08]) ; ceux qui étaient dans l’orpaillage depuis plus de 10 ans (p = 0,011 ; OR = 1,64 [1,01–3,02]), ceux qui avaient une obésité abdominale (p < 0,01 ; OR = 2,24 [1,24–4,77] et ceux qui étaient diabétiques (p = 0,024 ; OR = 2,82 [1,62–12,8]).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Les résultats obtenus montrent des prévalences des facteurs de risque cardiovasculaire élevées, supérieures à celles auxquelles nous nous attendions, dans cette population plutôt jeune (médiane de 39 ans), et qui migre pour des raisons économiques ; donc à priori en bonne santé. Les prévalences des différentes pathologies sont inquiétantes, renforçant leur précarité globale, d’autant plus que leurs accès aux suivis médicaux sont très limités. Il demeure essentiel de renforcer la promotion à la santé au sein de cette population, afin de lutter contre ces différents facteurs de risque cardiovasculaire.</div><div>Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 3","pages":"Page S45"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-08-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225006208","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Les pathologies cardiovasculaires sont la première cause de décès dans le monde. La Guyane connait une prévalence élevée de ces pathologies, à l’origine d’une morbi-mortalité importante. Les personnes travaillant sur les sites d’orpaillage illégaux sont une population nombreuse en Guyane, mais très précaire et peu connue. Plusieurs études ont été faites à leur sujet, relevant leurs précarités sanitaire et économique. Aucune étude n’a été réalisée concernant l’évaluation de leurs facteurs de risque cardiovasculaire. L’objectif de ce travail est de décrire leurs facteurs de risque cardiovasculaire et d’identifier les personnes à risque, afin de proposer des messages de promotion de la santé.
Méthodes
Une étude épidémiologique transversale, descriptive, multicentrique s’est déroulée au niveau des sites de repli entre octobre et décembre 2019. Ont été incluses les personnes majeures (homme ou femme), ayant une activité sur un site d’orpaillage illégal, présentes sur le site de repli depuis moins de 7 jours et ayant consenti à participer à l’étude. Les participants répondaient à un questionnaire sur leurs habitudes de vie et leurs antécédents, bénéficiaient d’un examen médical, et les données suivantes étaient recueillies : Tension artérielle, glycémie capillaire non à jeun, la taille et le poids permettant le calcul de l’Indice de Masse Corporelle (IMC), le périmètre abdominal ainsi que leurs différentes consommations de toxiques.
Résultats
Un total de 380 personnes ont été incluses avec un sexe ratio H/F = 2,7. L’âge moyen était de 39,9 ans. Ces personnes étaient majoritairement brésiliennes (95,5 %) venant à 53 % du Maranhão. Elles étaient précaires : 96 % sans protection sociale, 34 % à ne pas avoir eu de scolarité ou une scolarité jusqu’au primaire. Les facteurs de risque cardiovasculaire étaient nombreux : 2 % à être diabétiques, 21 % avec une tension artérielle ≥ 140/90 mmHg, 43 % à être en surpoids ou obèse, 48 % à présenter une obésité abdominale. Les consommations de toxiques étaient nombreuses : 58 % avaient une consommation excessive d’alcool et 39 % consommaient du tabac. Ils étaient 48 % à présenter un score d’Ottawa du risque cardiovasculaire modéré, et 39 % pour qui il était élevé. En excluant l’âge, 89 % des participants présentaient au moins un facteur de risque cardiovasculaire et 9 % plus de trois. L’analyse multivariée avait montré que les hommes étaient plus à risque d’HTA que les femmes (p = 0,041 ; OR = 1,48 [1,03–3,81]), ainsi que ceux qui avaient un âge supérieur à 39 ans (p = 0,039 ; OR = 1,68 [1,17–3,08]) ; ceux qui étaient dans l’orpaillage depuis plus de 10 ans (p = 0,011 ; OR = 1,64 [1,01–3,02]), ceux qui avaient une obésité abdominale (p < 0,01 ; OR = 2,24 [1,24–4,77] et ceux qui étaient diabétiques (p = 0,024 ; OR = 2,82 [1,62–12,8]).
Conclusion
Les résultats obtenus montrent des prévalences des facteurs de risque cardiovasculaire élevées, supérieures à celles auxquelles nous nous attendions, dans cette population plutôt jeune (médiane de 39 ans), et qui migre pour des raisons économiques ; donc à priori en bonne santé. Les prévalences des différentes pathologies sont inquiétantes, renforçant leur précarité globale, d’autant plus que leurs accès aux suivis médicaux sont très limités. Il demeure essentiel de renforcer la promotion à la santé au sein de cette population, afin de lutter contre ces différents facteurs de risque cardiovasculaire.
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.