Demande d’interruption médicale de grossesse et complications obstétricales en Guyane : résultats d’une étude de cohorte rétrospective de grossesses impliquant des malformations fœtales létales
{"title":"Demande d’interruption médicale de grossesse et complications obstétricales en Guyane : résultats d’une étude de cohorte rétrospective de grossesses impliquant des malformations fœtales létales","authors":"Théault BREUER , Véronique LAMBERT , Mathieu NACHER , Najeh HCINI","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.07.061","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Le service de diagnostic anténatal du Centre Hospitalier de l'Ouest Guyanais est confronté à une augmentation des cas de diagnostic de pathologie fœtale sévère, pouvant impliquer une demande d'interruption médicale de grossesse (IMG). Cependant, certaines patientes, compte tenu de leurs valeurs, cultures et convictions personnelles, décident de poursuivre la grossesse, malgré l'absence de bénéfice fœtal attendu annoncé par le centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal. Les équipes obstétricales et pédiatriques sont donc confrontées à un dilemme éthique entre l'interruption de grossesse ou la poursuite d'une grossesse pouvant entraîner des complications obstétricales.</div><div>À notre connaissance, il n'existe pas de données comparant les résultats obstétriques maternels entre celles qui choisissent d'interrompre leur grossesse et celles qui choisissent de la poursuivre.</div><div>Cette étude visait donc à comparer l'évolution de la grossesse et la survenue de complications obstétricales potentielles dues à des anomalies fœtales graves pouvant faire l'objet d'une interruption médicale de grossesse (IMG) pour des raisons fœtales, entre les patientes qui subissent une IMG et celles qui choisissent une approche conservatrice.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Une étude comparative, rétrospective cas-témoin, et monocentrique, sur une population de patientes suivies pour pathologies fœtales sévères, pouvant relever d’une IMG pour motif fœtal. Les pathologies fœtales ont été diagnostiquées du 1er janvier 2013 au 31 octobre 2024 dans le service de Diagnostic Anté Natal du Centre Hospitalier de l’Ouest Guyanais. Il a été comparé la survenue de complications obstétricales maternelles entre les patientes ayant effectué une IMG et les patientes n’ayant pas effectué d’IMG.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>110 patientes ont été incluses, 54 dans le groupe IMG et 56 dans le groupe grossesses poursuivies (groupe non IMG). En analyse uni variée, la survenue de césarienne était significativement associée à la non demande d’IMG (p = 0,001), tout comme la survenue d'une hémorragie sévère du post partum (p = 0,02), et à l'admission en unité de soins intensifs (p = 0,04). L’analyse des autres complications ne retrouvent pas d’association statistiquement significative. Au sein du même groupe, le souhait d’une prise en charge active du fœtus est associé à la survenue de césarienne (p = 0,0001). En analyse multivariée, le terme de suivi de grossesse est le seul facteur significativement associé à une demande ou pas d’IMG dans cette population (< 14 SA) (OR = 2,22, IC95 % [0,98 ; 4,98] avec p = 0,05).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Dans la population de l’Ouest guyanais et en cas de pathologie fœtale sévère, une attitude conservatrice vis-à-vis de la grossesse est associée à une augmentation du taux de césarienne en cas de difficulté à établir un projet de naissance (rupture de suivi, hésitation, souhait de prise en charge active en l’absence de pronostic néonatal). L’amélioration de l’accès aux soins et surtout à la première consultation de suivi de grossesse permettrait de réduire la morbidité maternelle dans ces prises en charge. Une stratégie visant à rééquilibrer l’offre de soins sur le territoire et à renforcer l’aller-vers sans s’imposer et sans juger semble donc primordial. Les patientes ne demandant pas d’IMG pour raison fœtale doivent être informées des conséquences obstétricales et de l’augmentation du risque de césarienne.</div><div>Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 3","pages":"Page S31"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-08-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225005884","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Le service de diagnostic anténatal du Centre Hospitalier de l'Ouest Guyanais est confronté à une augmentation des cas de diagnostic de pathologie fœtale sévère, pouvant impliquer une demande d'interruption médicale de grossesse (IMG). Cependant, certaines patientes, compte tenu de leurs valeurs, cultures et convictions personnelles, décident de poursuivre la grossesse, malgré l'absence de bénéfice fœtal attendu annoncé par le centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal. Les équipes obstétricales et pédiatriques sont donc confrontées à un dilemme éthique entre l'interruption de grossesse ou la poursuite d'une grossesse pouvant entraîner des complications obstétricales.
À notre connaissance, il n'existe pas de données comparant les résultats obstétriques maternels entre celles qui choisissent d'interrompre leur grossesse et celles qui choisissent de la poursuivre.
Cette étude visait donc à comparer l'évolution de la grossesse et la survenue de complications obstétricales potentielles dues à des anomalies fœtales graves pouvant faire l'objet d'une interruption médicale de grossesse (IMG) pour des raisons fœtales, entre les patientes qui subissent une IMG et celles qui choisissent une approche conservatrice.
Méthodes
Une étude comparative, rétrospective cas-témoin, et monocentrique, sur une population de patientes suivies pour pathologies fœtales sévères, pouvant relever d’une IMG pour motif fœtal. Les pathologies fœtales ont été diagnostiquées du 1er janvier 2013 au 31 octobre 2024 dans le service de Diagnostic Anté Natal du Centre Hospitalier de l’Ouest Guyanais. Il a été comparé la survenue de complications obstétricales maternelles entre les patientes ayant effectué une IMG et les patientes n’ayant pas effectué d’IMG.
Résultats
110 patientes ont été incluses, 54 dans le groupe IMG et 56 dans le groupe grossesses poursuivies (groupe non IMG). En analyse uni variée, la survenue de césarienne était significativement associée à la non demande d’IMG (p = 0,001), tout comme la survenue d'une hémorragie sévère du post partum (p = 0,02), et à l'admission en unité de soins intensifs (p = 0,04). L’analyse des autres complications ne retrouvent pas d’association statistiquement significative. Au sein du même groupe, le souhait d’une prise en charge active du fœtus est associé à la survenue de césarienne (p = 0,0001). En analyse multivariée, le terme de suivi de grossesse est le seul facteur significativement associé à une demande ou pas d’IMG dans cette population (< 14 SA) (OR = 2,22, IC95 % [0,98 ; 4,98] avec p = 0,05).
Conclusion
Dans la population de l’Ouest guyanais et en cas de pathologie fœtale sévère, une attitude conservatrice vis-à-vis de la grossesse est associée à une augmentation du taux de césarienne en cas de difficulté à établir un projet de naissance (rupture de suivi, hésitation, souhait de prise en charge active en l’absence de pronostic néonatal). L’amélioration de l’accès aux soins et surtout à la première consultation de suivi de grossesse permettrait de réduire la morbidité maternelle dans ces prises en charge. Une stratégie visant à rééquilibrer l’offre de soins sur le territoire et à renforcer l’aller-vers sans s’imposer et sans juger semble donc primordial. Les patientes ne demandant pas d’IMG pour raison fœtale doivent être informées des conséquences obstétricales et de l’augmentation du risque de césarienne.
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.