Analyse du processus décisionnel lors des réunions de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques dans les réanimations françaises : analyse mixte d’une étude observationnelle multicentrique (REUREA)
{"title":"Analyse du processus décisionnel lors des réunions de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques dans les réanimations françaises : analyse mixte d’une étude observationnelle multicentrique (REUREA)","authors":"Terry TARCY , Hatem KALLEL , Mathilde GIFFARD , Guillaume BESCH , Régis AUBRY","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.07.055","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>La décision de suspendre ou d’interrompre le maintien en vie est une pratique courante dans les Réanimations du monde entier. En France, ces décisions sont prises par les équipes médicales et non médicales lors des réunions de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques (LAT) conformément à la législation française. À ce jour, aucune étude n’a analysé les modalités de ce processus, notamment dans le contexte législatif français. Notre travail avait pour objectif de mettre en évidence les principaux arguments influençant les décisions lors des réunions de LAT et d’analyser la réalité de l’approche interprofessionnelle de ces décisions.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Étude observationnelle multicentrique, dans quatre unités de soins intensifs françaises. Une analyse de méthode mixte a été utilisée, qualitative et quantitative. Les réunions des SSPL ont été sélectionnées de manière aléatoire en utilisant une méthode d’observation non participative. Les données ont été analysées selon une méthode thématique. Le recrutement a été clôturé lorsque la saturation théorique était atteinte. La mesure du temps de parole (min:sec) a été calculée après chaque réunion à partir d’enregistrements audio.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Cinq thèmes principaux ont émergé : les références médicales concernant les dossiers des patients, les caractéristiques des patients (mode de vie, autonomie), l’implication de leurs proches, dans un contexte d’absence globale de directives anticipées, et enfin, en cas d’incertitude, de doute ou de décision difficile, la subjectivité des médecins et la temporalité. Sur le temps d’échange effectif (14:00 ± 09:48), le temps de parole était principalement attribué aux réanimateurs (70 ± 15 %).</div></div><div><h3>Discussions et conclusions</h3><div>Les raisons de la décision d’arrêt ou de limitation des thérapeutiques chez les patients de réanimation n’étaient pas exclusivement basées sur des paramètres médicaux ou les dernières volontés, mais impliquaient également les proches, la temporalité des événements et la subjectivité des médecins. Même si les normes juridiques étaient respectées, l’émergence d’un véritable processus interdisciplinaire faisait défaut. L’amélioration de la qualité des délibérations lors de ces réunions pourrait être un axe d’amélioration majeur pour optimiser le processus.</div><div>Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 3","pages":"Page S26"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-08-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225005823","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
La décision de suspendre ou d’interrompre le maintien en vie est une pratique courante dans les Réanimations du monde entier. En France, ces décisions sont prises par les équipes médicales et non médicales lors des réunions de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques (LAT) conformément à la législation française. À ce jour, aucune étude n’a analysé les modalités de ce processus, notamment dans le contexte législatif français. Notre travail avait pour objectif de mettre en évidence les principaux arguments influençant les décisions lors des réunions de LAT et d’analyser la réalité de l’approche interprofessionnelle de ces décisions.
Méthodes
Étude observationnelle multicentrique, dans quatre unités de soins intensifs françaises. Une analyse de méthode mixte a été utilisée, qualitative et quantitative. Les réunions des SSPL ont été sélectionnées de manière aléatoire en utilisant une méthode d’observation non participative. Les données ont été analysées selon une méthode thématique. Le recrutement a été clôturé lorsque la saturation théorique était atteinte. La mesure du temps de parole (min:sec) a été calculée après chaque réunion à partir d’enregistrements audio.
Résultats
Cinq thèmes principaux ont émergé : les références médicales concernant les dossiers des patients, les caractéristiques des patients (mode de vie, autonomie), l’implication de leurs proches, dans un contexte d’absence globale de directives anticipées, et enfin, en cas d’incertitude, de doute ou de décision difficile, la subjectivité des médecins et la temporalité. Sur le temps d’échange effectif (14:00 ± 09:48), le temps de parole était principalement attribué aux réanimateurs (70 ± 15 %).
Discussions et conclusions
Les raisons de la décision d’arrêt ou de limitation des thérapeutiques chez les patients de réanimation n’étaient pas exclusivement basées sur des paramètres médicaux ou les dernières volontés, mais impliquaient également les proches, la temporalité des événements et la subjectivité des médecins. Même si les normes juridiques étaient respectées, l’émergence d’un véritable processus interdisciplinaire faisait défaut. L’amélioration de la qualité des délibérations lors de ces réunions pourrait être un axe d’amélioration majeur pour optimiser le processus.
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.