Particularités de l’activité de traumatologie lourde en Guyane française : une étude épidémiologique et analyse multicentrique comparative avec une cohorte de patients de France métropolitaine
Diana HO KEE KING , Fabrice COOK , Jeanne CHARBONNIER
{"title":"Particularités de l’activité de traumatologie lourde en Guyane française : une étude épidémiologique et analyse multicentrique comparative avec une cohorte de patients de France métropolitaine","authors":"Diana HO KEE KING , Fabrice COOK , Jeanne CHARBONNIER","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.07.034","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Le traumatisme grave est un sujet majeur de santé publique. L’activité de traumatologie lourde en Guyane française mérite une évaluation particulière, de par sa géographie unique, la typologie des mécanismes lésionnels ainsi que la capacité médico-technique restreinte sur le territoire. L’instauration du registre national Traumabase au CH de Cayenne depuis septembre 2021, est une opportunité pour mieux appréhender l’épidémiologie de ces traumatismes sur le territoire guyanais. L’objectif principal de ce travail est de décrire l’activité de traumatologie lourde en Guyane française en comparaison avec l’activité existant sur le territoire français métropolitain. L’objectif secondaire est d’analyser la performance de la prise en charge initiale du traumatisme grave en Guyane en la comparant aux données métropolitaines.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Il s’agit d’une étude rétrospective observationnelle et comparative sur cohorte prospective multicentrique, analysant les patients admis pour suspicion ou traumatisme grave avéré aux urgences de Cayenne versus la Métropole, entre le 1<sup>er</sup> septembre 2021 au 31 août 2022. La population d’étude se divise en deux cohortes « guyanaise » incluant 286 patients et « métropolitaine » incluant 907 patients, soit un total de 1193 patients. Le critère de jugement principal est le mécanisme lésionnel. Les critères de jugement secondaire sont les délais de prise en charge pré et intra-hospitalière et la mortalité intra-hospitalière.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>La population décrite, de Cayenne et métropole respectivement, présente un âge moyen de 31 ans ± 15 versus 41 ± 20, p < 0,001, avec une prédominance de sexe masculin et un score ASA-PS à 1 de 82,1 % (n = 234) versus 49,1 % (n = 443), p < 0,001. La part des traumatismes pénétrants est de 40,6 % (n = 115) à Cayenne versus 11,9 % (n = 107) en métropole, p < 0,001. Les délais (en minutes), pour Cayenne et la métropole respectivement, de médicalisation sont 10 [6 ; 15] versus 19 [13 ; 28], d’admission à l’hôpital sont 38 [26 ; 52] versus 68 [55 ; 93], pour accéder à un scanner sont 54 [34 ; 84] versus 32 [21 ; 55], pour accéder au bloc opératoire sont 417 [209 ; 764] versus 217 [143 ; 390] et la durée de déchocage est de 51 [30 ; 84] versus 35 [22 ; 65] dont tous les p < 0,001. La mortalité intrahospitalière, pour Cayenne et la métropole respectivement, au déchocage sont 0,4 % (n = 1) versus 1,1 % (n = 10), p = 0,476 et en soins critiques 5,3 % (n = 15) versus 10 % (n = 90), p = 0,014.</div></div><div><h3>Discussion et conclusions</h3><div>Notre travail a démontré une population guyanaise différente de la métropole sur le plan démographique, sur la typologie des traumatismes avec une forte prévalence des traumatismes pénétrants, ainsi que les prises en charge médicales. Ces différences ne semblent pas engendrer une augmentation de la mortalité sur le territoire guyanais, en l’absence d’ajustement entre les 2 cohortes sur l’âge, le mécanisme lésionnel et la gravité.</div><div>Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 3","pages":"Pages S16-S17"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-08-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225005616","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Le traumatisme grave est un sujet majeur de santé publique. L’activité de traumatologie lourde en Guyane française mérite une évaluation particulière, de par sa géographie unique, la typologie des mécanismes lésionnels ainsi que la capacité médico-technique restreinte sur le territoire. L’instauration du registre national Traumabase au CH de Cayenne depuis septembre 2021, est une opportunité pour mieux appréhender l’épidémiologie de ces traumatismes sur le territoire guyanais. L’objectif principal de ce travail est de décrire l’activité de traumatologie lourde en Guyane française en comparaison avec l’activité existant sur le territoire français métropolitain. L’objectif secondaire est d’analyser la performance de la prise en charge initiale du traumatisme grave en Guyane en la comparant aux données métropolitaines.
Méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective observationnelle et comparative sur cohorte prospective multicentrique, analysant les patients admis pour suspicion ou traumatisme grave avéré aux urgences de Cayenne versus la Métropole, entre le 1er septembre 2021 au 31 août 2022. La population d’étude se divise en deux cohortes « guyanaise » incluant 286 patients et « métropolitaine » incluant 907 patients, soit un total de 1193 patients. Le critère de jugement principal est le mécanisme lésionnel. Les critères de jugement secondaire sont les délais de prise en charge pré et intra-hospitalière et la mortalité intra-hospitalière.
Résultats
La population décrite, de Cayenne et métropole respectivement, présente un âge moyen de 31 ans ± 15 versus 41 ± 20, p < 0,001, avec une prédominance de sexe masculin et un score ASA-PS à 1 de 82,1 % (n = 234) versus 49,1 % (n = 443), p < 0,001. La part des traumatismes pénétrants est de 40,6 % (n = 115) à Cayenne versus 11,9 % (n = 107) en métropole, p < 0,001. Les délais (en minutes), pour Cayenne et la métropole respectivement, de médicalisation sont 10 [6 ; 15] versus 19 [13 ; 28], d’admission à l’hôpital sont 38 [26 ; 52] versus 68 [55 ; 93], pour accéder à un scanner sont 54 [34 ; 84] versus 32 [21 ; 55], pour accéder au bloc opératoire sont 417 [209 ; 764] versus 217 [143 ; 390] et la durée de déchocage est de 51 [30 ; 84] versus 35 [22 ; 65] dont tous les p < 0,001. La mortalité intrahospitalière, pour Cayenne et la métropole respectivement, au déchocage sont 0,4 % (n = 1) versus 1,1 % (n = 10), p = 0,476 et en soins critiques 5,3 % (n = 15) versus 10 % (n = 90), p = 0,014.
Discussion et conclusions
Notre travail a démontré une population guyanaise différente de la métropole sur le plan démographique, sur la typologie des traumatismes avec une forte prévalence des traumatismes pénétrants, ainsi que les prises en charge médicales. Ces différences ne semblent pas engendrer une augmentation de la mortalité sur le territoire guyanais, en l’absence d’ajustement entre les 2 cohortes sur l’âge, le mécanisme lésionnel et la gravité.
Les auteurs n’ont pas précisé leurs éventuels liens d’intérêts.