Antalgiques et douleurs musculo-squelettiques du sujet âgé : une fatalité vouée à l’échec thérapeutique ? Le point sur les traitements médicamenteux. Session intergroupe douleur SFETD-SFGG
{"title":"Antalgiques et douleurs musculo-squelettiques du sujet âgé : une fatalité vouée à l’échec thérapeutique ? Le point sur les traitements médicamenteux. Session intergroupe douleur SFETD-SFGG","authors":"Françoise Capriz , Gisèle Pickering","doi":"10.1016/j.douler.2025.06.001","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>À domicile comme en institution, les douleurs musculo-squelettiques sont des douleurs très fréquentes chez les séniors, impactant leur qualité de vie et leur autonomie, mais trop souvent banalisées. Ces douleurs sont un des motifs les plus fréquents de consultation en médecine générale, mais elles peuvent parfois apparaître au second plan, masquées par des signes cliniques plus « bruyants » (asthénie, dépression, confusion…), plus « ordinaires ». Le grand âge ne contre-indique pas en soi la prescription médicamenteuse, même si elle requiert plus de vigilance. Dans le cadre de l’arthrose, les AINS per os en cure courte, les AINS topiques (pour les petites et moyennes articulations) et le paracétamol sont à utiliser en première intention. On pourra privilégier les traitements locaux (gestes infiltratifs) en cas de poussée douloureuse. Pour des médicaments plus à risque (corticoïdes…), le traitement sera utilisé à dose minimale efficace. N’oublions pas le caractère neuropathique de certaines douleurs ostéo-articulaires qui répondra à des traitements spécifiques initiés à plus faible dose que chez le plus jeune. Les opioïdes sont à utiliser sous conditions, selon les dernières recommandations de la SFETD, de l’HAS et des recommandations d’expert dans ce contexte de douleurs chroniques non cancéreuses. La gestion des opioïdes nécessite de bonnes connaissances pharmacocinétiques afin de faire le bon choix d’opioïdes à la bonne posologie et avec la forme galénique la plus adaptée au patient. En effet, le risque iatrogène est plus élevé du fait des comorbidités multiples et de la polymédication secondaire, mais également de l’automédication plus difficile à démasquer. Il faudra repérer les handicaps (troubles mnésiques, troubles de déglutition…), et tenir compte de la galénique afin de s’assurer de la compliance aux prescriptions pour une observance optimum. La co-prescription d’une infirmière pour la gestion médicamenteuse à domicile pourra renforcer l’observance thérapeutique. Les techniques antalgiques non médicamenteuses complètent l’effet antalgique des médicaments, et sont à proposer selon les capacités du patient. Comprendre les craintes et les attentes du patient âgé permettra de mettre en place des priorités thérapeutiques en les adaptant à ses objectifs ; le patient âgé doit rester un véritable partenaire de soin.</div></div><div><div>Musculoskeletal pain is a very common complaint in community-dwelling persons and nursing home residents. Pain impacts their quality of life and independence but is still too often overlooked. It is one of the most common reasons for consultation in general practice but may be difficult to detect as it may be hidden by more visible clinical signs (asthenia, depression, confusion, agitation). Old age is not in itself a contraindication to medication prescription, although it requires greater vigilance. For osteoarthritis, paracetamol and short-term oral NSAIDs, topical NSAIDs (for small and medium-sized joints), are used as first-line treatments. Local treatments (infiltrative procedures) may be preferred in the event of a painful flare-up. For other medications like corticosteroids, treatment should be used at the lowest effective dose. Neuropathic components of osteoarticular pain, which will respond to specific treatments initiated at lower doses than in younger patients, may also be observed. Opioids should be used under certain conditions, according to the latest recommendations from the French Pain Society (SFETD), health authorities (HAS), and expert recommendations in this context of chronic non-cancer pain. Opioid management requires a good understanding of pharmacokinetics to make the right choice of opioids at the right dosage and with the most appropriate dosage form for the patient. The iatrogenic risk is higher in older people because of multiple comorbidities and polypharmacy, but also to self-medication, which is more difficult to detect. It will be necessary to identify disabilities (memory disorders, swallowing disorders, etc.) and to take the dosage into account to ensure compliance with prescriptions for optimal adherence. The presence of a nursing aid for home medication management can strengthen therapeutic adherence. Non-drug analgesic techniques complement the analgesic effect of medications and should be offered according to the patient's abilities. Understanding the fears and expectations of the elderly patient will make it possible to establish therapeutic priorities by adapting them to their goals; the elderly patient must remain a true partner in their care.</div></div>","PeriodicalId":53699,"journal":{"name":"Douleurs","volume":"26 4","pages":"Pages 238-243"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-07-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Douleurs","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1624568725000940","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
À domicile comme en institution, les douleurs musculo-squelettiques sont des douleurs très fréquentes chez les séniors, impactant leur qualité de vie et leur autonomie, mais trop souvent banalisées. Ces douleurs sont un des motifs les plus fréquents de consultation en médecine générale, mais elles peuvent parfois apparaître au second plan, masquées par des signes cliniques plus « bruyants » (asthénie, dépression, confusion…), plus « ordinaires ». Le grand âge ne contre-indique pas en soi la prescription médicamenteuse, même si elle requiert plus de vigilance. Dans le cadre de l’arthrose, les AINS per os en cure courte, les AINS topiques (pour les petites et moyennes articulations) et le paracétamol sont à utiliser en première intention. On pourra privilégier les traitements locaux (gestes infiltratifs) en cas de poussée douloureuse. Pour des médicaments plus à risque (corticoïdes…), le traitement sera utilisé à dose minimale efficace. N’oublions pas le caractère neuropathique de certaines douleurs ostéo-articulaires qui répondra à des traitements spécifiques initiés à plus faible dose que chez le plus jeune. Les opioïdes sont à utiliser sous conditions, selon les dernières recommandations de la SFETD, de l’HAS et des recommandations d’expert dans ce contexte de douleurs chroniques non cancéreuses. La gestion des opioïdes nécessite de bonnes connaissances pharmacocinétiques afin de faire le bon choix d’opioïdes à la bonne posologie et avec la forme galénique la plus adaptée au patient. En effet, le risque iatrogène est plus élevé du fait des comorbidités multiples et de la polymédication secondaire, mais également de l’automédication plus difficile à démasquer. Il faudra repérer les handicaps (troubles mnésiques, troubles de déglutition…), et tenir compte de la galénique afin de s’assurer de la compliance aux prescriptions pour une observance optimum. La co-prescription d’une infirmière pour la gestion médicamenteuse à domicile pourra renforcer l’observance thérapeutique. Les techniques antalgiques non médicamenteuses complètent l’effet antalgique des médicaments, et sont à proposer selon les capacités du patient. Comprendre les craintes et les attentes du patient âgé permettra de mettre en place des priorités thérapeutiques en les adaptant à ses objectifs ; le patient âgé doit rester un véritable partenaire de soin.
Musculoskeletal pain is a very common complaint in community-dwelling persons and nursing home residents. Pain impacts their quality of life and independence but is still too often overlooked. It is one of the most common reasons for consultation in general practice but may be difficult to detect as it may be hidden by more visible clinical signs (asthenia, depression, confusion, agitation). Old age is not in itself a contraindication to medication prescription, although it requires greater vigilance. For osteoarthritis, paracetamol and short-term oral NSAIDs, topical NSAIDs (for small and medium-sized joints), are used as first-line treatments. Local treatments (infiltrative procedures) may be preferred in the event of a painful flare-up. For other medications like corticosteroids, treatment should be used at the lowest effective dose. Neuropathic components of osteoarticular pain, which will respond to specific treatments initiated at lower doses than in younger patients, may also be observed. Opioids should be used under certain conditions, according to the latest recommendations from the French Pain Society (SFETD), health authorities (HAS), and expert recommendations in this context of chronic non-cancer pain. Opioid management requires a good understanding of pharmacokinetics to make the right choice of opioids at the right dosage and with the most appropriate dosage form for the patient. The iatrogenic risk is higher in older people because of multiple comorbidities and polypharmacy, but also to self-medication, which is more difficult to detect. It will be necessary to identify disabilities (memory disorders, swallowing disorders, etc.) and to take the dosage into account to ensure compliance with prescriptions for optimal adherence. The presence of a nursing aid for home medication management can strengthen therapeutic adherence. Non-drug analgesic techniques complement the analgesic effect of medications and should be offered according to the patient's abilities. Understanding the fears and expectations of the elderly patient will make it possible to establish therapeutic priorities by adapting them to their goals; the elderly patient must remain a true partner in their care.
期刊介绍:
La revue de tous les acteurs de la prise en charge et du traitement de la douleur Douleurs adresse à tous les spécialistes, soignants et acteurs de la santé concernés par la douleur aiguë ou chronique, soucieux de élaborer des projets de soins centrés sur le patient. Douleurs publie des articles de auteurs de renom impliqués dans la recherche scientifique et le progrès clinique. Ces articles sont sélectionnés par un comité de rédaction composé de spécialistes dans le traitement de la douleur.