{"title":"Inhibiteurs de la pompe à protons, métabolisme osseux et phosphocalcique","authors":"Cécile Philippoteaux , Julien Paccou , Emmanuel Chazard , Bernard Cortet","doi":"10.1016/j.rhum.2025.04.008","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont utilisés pour traiter les troubles gastro-intestinaux liés à l’acidité, mais leur utilisation prolongée et inappropriée suscite des inquiétudes. Bien qu’ils soient généralement considérés comme sûrs, des données récentes ont établi un lien entre l’utilisation des IPP et un risque accru de maladie rénale, de cancer de l’estomac, de pneumonie, de démence, d’événements cardiovasculaires et de problèmes potentiels de santé osseuse. Cette revue systématique étudie les effets des IPP sur la santé osseuse, à savoir l’ostéoporose et les perturbations du métabolisme phosphocalcique et du magnésium, par le biais d’une analyse exhaustive de la littérature récente. La relation entre les IPP, la densité minérale osseuse et le risque de fracture, en particulier dans les populations présentant des comorbidités, est complexe et nous proposons de nous concentrer sur les données les plus récentes. Les études portant sur l’effet de l’utilisation des IPP sur la densité minérale osseuse ont donné des résultats mitigés et doivent être approfondies. Des études observationnelles ont révélé un risque accru de fractures, en particulier de fractures vertébrales, associé à la prise d’IPP. Des méta-analyses récentes ont confirmé l’existence d’un lien entre l’utilisation des IPP et l’augmentation du risque de fractures de hanche, avec un effet dose-dépendant. Plus récemment, les IPP ont été associés à de graves perturbations du métabolisme phosphocalcique et du magnésium qui nécessitent une prise en charge spécifique et l’arrêt du traitement. L’hypomagnésémie induite par les IPP (PPIH) est un phénomène bien décrit. Des plus, des cas d’hypocalcémie secondaire à une hypomagnésémie sévère ont été décrits, potentiellement graves. Malgré les preuves de plus en plus nombreuses des risques liés aux IPP, il est essentiel de poursuivre les recherches pour mieux comprendre les mécanismes complexes sous-jacents, car la plupart des données proviennent d’études observationnelles et ne permettent pas d’établir une relation causale. Cette revue souligne la nécessité de pratiques de prescription adaptées, en particulier dans des scénarios d’utilisation à long terme et dans des contextes rhumatologiques.</div></div><div><div>Proton pump inhibitors (PPIs) are widely used for acid-related gastrointestinal disorders; however, concerns have arisen about their prolonged and inappropriate use. Although generally considered safe, recent evidence has linked PPI use with an increased risk of kidney disease, stomach cancer, pneumonia, dementia, cardiovascular events and potential bone health problems. This systematic review examines the effects of PPIs on bone health, including osteoporosis and changes in phosphocalcic and magnesium metabolism, through a comprehensive analysis of the recent literature. The relationship between PPIs, bone mineral density and fracture risk, especially in populations with comorbidities, is complex and we propose a focus based on recent data. Studies of the effect of PPI use on bone mineral density have shown mixed results and require further investigation. Observational studies have indicated an increased risk of fractures, particularly vertebral fractures, associated with PPI use. Recent meta-analyses have confirmed an association between PPI use and hip fractures with a dose-dependent effect. More recently, PPIs have been associated with serious disturbances in phosphocalcic and magnesium metabolism that require careful management and discontinuation. Proton pump inhibitor-induced hypomagnesemia (PPIH) is a well-established phenomenon. In addition, hypocalcemia secondary to severe hypomagnesemia has been described. Despite growing evidence of PPI-related risks, further research is essential to better understand the complex mechanisms, as most data are from observational studies and do not establish a causal relationship. This review emphasizes the need for judicious prescription practices, particularly in long-term use scenarios and rheumatological contexts.</div></div>","PeriodicalId":38943,"journal":{"name":"Revue du Rhumatisme (Edition Francaise)","volume":"92 4","pages":"Pages 410-423"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-04-26","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue du Rhumatisme (Edition Francaise)","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1169833025001061","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"Medicine","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont utilisés pour traiter les troubles gastro-intestinaux liés à l’acidité, mais leur utilisation prolongée et inappropriée suscite des inquiétudes. Bien qu’ils soient généralement considérés comme sûrs, des données récentes ont établi un lien entre l’utilisation des IPP et un risque accru de maladie rénale, de cancer de l’estomac, de pneumonie, de démence, d’événements cardiovasculaires et de problèmes potentiels de santé osseuse. Cette revue systématique étudie les effets des IPP sur la santé osseuse, à savoir l’ostéoporose et les perturbations du métabolisme phosphocalcique et du magnésium, par le biais d’une analyse exhaustive de la littérature récente. La relation entre les IPP, la densité minérale osseuse et le risque de fracture, en particulier dans les populations présentant des comorbidités, est complexe et nous proposons de nous concentrer sur les données les plus récentes. Les études portant sur l’effet de l’utilisation des IPP sur la densité minérale osseuse ont donné des résultats mitigés et doivent être approfondies. Des études observationnelles ont révélé un risque accru de fractures, en particulier de fractures vertébrales, associé à la prise d’IPP. Des méta-analyses récentes ont confirmé l’existence d’un lien entre l’utilisation des IPP et l’augmentation du risque de fractures de hanche, avec un effet dose-dépendant. Plus récemment, les IPP ont été associés à de graves perturbations du métabolisme phosphocalcique et du magnésium qui nécessitent une prise en charge spécifique et l’arrêt du traitement. L’hypomagnésémie induite par les IPP (PPIH) est un phénomène bien décrit. Des plus, des cas d’hypocalcémie secondaire à une hypomagnésémie sévère ont été décrits, potentiellement graves. Malgré les preuves de plus en plus nombreuses des risques liés aux IPP, il est essentiel de poursuivre les recherches pour mieux comprendre les mécanismes complexes sous-jacents, car la plupart des données proviennent d’études observationnelles et ne permettent pas d’établir une relation causale. Cette revue souligne la nécessité de pratiques de prescription adaptées, en particulier dans des scénarios d’utilisation à long terme et dans des contextes rhumatologiques.
Proton pump inhibitors (PPIs) are widely used for acid-related gastrointestinal disorders; however, concerns have arisen about their prolonged and inappropriate use. Although generally considered safe, recent evidence has linked PPI use with an increased risk of kidney disease, stomach cancer, pneumonia, dementia, cardiovascular events and potential bone health problems. This systematic review examines the effects of PPIs on bone health, including osteoporosis and changes in phosphocalcic and magnesium metabolism, through a comprehensive analysis of the recent literature. The relationship between PPIs, bone mineral density and fracture risk, especially in populations with comorbidities, is complex and we propose a focus based on recent data. Studies of the effect of PPI use on bone mineral density have shown mixed results and require further investigation. Observational studies have indicated an increased risk of fractures, particularly vertebral fractures, associated with PPI use. Recent meta-analyses have confirmed an association between PPI use and hip fractures with a dose-dependent effect. More recently, PPIs have been associated with serious disturbances in phosphocalcic and magnesium metabolism that require careful management and discontinuation. Proton pump inhibitor-induced hypomagnesemia (PPIH) is a well-established phenomenon. In addition, hypocalcemia secondary to severe hypomagnesemia has been described. Despite growing evidence of PPI-related risks, further research is essential to better understand the complex mechanisms, as most data are from observational studies and do not establish a causal relationship. This review emphasizes the need for judicious prescription practices, particularly in long-term use scenarios and rheumatological contexts.
期刊介绍:
Revue de la Société française de rhumatologie, la Revue du rhumatisme publie des articles originaux, des éditoriaux, des revues generales, des faits cliniques, des notes techniques, des lettres à la rédaction, concernant les maladies des articulations, des os et du rachis. En outre, quatre fois par an, des monographies traitent de sujets importants dans la spécialité, sous forme de mises au point de qualité