"Les antibiotiques c'est pas automatique"® : qu'en reste-t-il 22 ans plus tard ?

Abstract

Introduction

« Les antibiotiques c'est pas automatique »® est un slogan qui a marqué une génération entière. Il est resté dans les esprits et même les jeunes qui sont nés après la campagne de 2002 connaissent la marque. Pour autant, que reste-t-il de son impact 22 ans plus tard ? Ce slogan a-t-il encore un impact dans la demande et la prescription des antibiotiques en ville ou est-il devenu un simple héritage culturel dont nous serions nostalgiques ?

Matériels et méthodes

Afin de répondre à cette question nous avons réalisé une étude nationale quantitative. A l'aide d'un organisme versé dans les sondages en ligne et selon la méthode des quotas, nous avons interrogé 1000 personnes et 301 médecins généralistes répartis sur l'ensemble de la France métropolitaine, fin décembre 2024. Les résultats ont été comparés avec les précédents sondages réalisés par la Caisse Nationale d'Assurance Maladies (2002-2004 et 2006-2007).

Résultats

Plus du tiers des Français (35%) ont déjà directement demandé une prescription d'antibiotiques à un médecin, ils sont même 20% à l'avoir fait plusieurs fois. Ce comportement est 3 fois plus fréquent qu'en 2006 et touche particulièrement les <35 ans (p<0.05). Majoritairement (85%), les Français lorsqu'ils consultent espèrent ressortir avec des antibiotiques, 17% sont très insistants (ce phénomène augmente à 26% pour les parents). Les médecins confirment ces résultats. Ces comportements sont plus marqués qu'en 2002.

Jusqu'à un quart des Français (15-24%), se déclare satisfait lorsque le médecin prescrit des antibiotiques. Cependant 53% n'expriment toutefois aucune satisfaction particulière et 58% font confiance à la décision du médecin lorsqu'il n'en prescrit pas. Encore une fois les < 35ans sont moins satisfaits de la non prescription que les plus âgés. Dix-sept pourcent des personnes (32% des <35ans) ont consulté un autre médecin en raison de leur insatisfaction (2 fois plus élevé qu'en 2006). Près de 90% des médecins considèrent que les patients sont exigeants (et plus insistants) avec eux, plus encore qu'en 2002 (82%) et 58% qu'il est difficile pour eux de ne pas prescrire d'antibiotique face à une demande.

Premiers relais d'information, les médecins ont le sentiment de relayer beaucoup d'informations relatives aux antibiotiques à leurs patients mais pour autant, le niveau de connaissance des Français sur les antibiotiques reste très modéré, et ils en ont conscience. Il persiste encore de nombreuses fausses idées sur les antibiotiques : par exemple seulement 44% des Français savent qu'ils ne sont pas efficaces dans la grippe.

Conclusion

Plus de 22 ans après « Les antibiotiques c'est pas automatique »® il ne semble plus rester aucun bénéfice et la méconnaissance voire mystification des antibiotiques est encore trop importante, particulièrement chez les moins de 35 ans. Cette étude souligne l'efficacité éphémère des campagnes de sensibilisation et l'importance capitale d'investir dans l'éducation à la santé sur cette thématique, seul moyen d'obtenir un résultat durable et transgénérationnel pour le bon usage des antibiotiques.