{"title":"Bon usage des antibiotiques : Suggestions de relais IV/PO par un logiciel d'antibiogouvernance","authors":"C. About , F. Meyer , A. Charmillon , B. Demoré","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.04.096","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Depuis mai 2023, un logiciel d'antibiogouvernance (APSS®) utilisé par l'Equipe transversale en infectiologie (ETI), renforce les mesures déjà en place pour le suivi et la réévaluation d'antibiothérapies potentiellement inadaptées dans notre centre hospitalier. Basé sur des règles prédéfinies, APSS® émet des « alertes », analysées par le pharmacien et/ou l'infectiologue. Parmi les alertes existantes, deux suggèrent le relais IV/PO. L'une est basée sur la biodisponibilité orale élevée de l'ATB conjointe à l'identification d'un patient ayant d'autres thérapeutiques orales de prescrites, la seconde identifie les patients avec une prescription d'ATB IV associée à l'absence de fièvre depuis 48H et une normalisation des GB. Cette étude évalue l'exactitude et la pertinence de ces alertes ainsi que leur impact sur le taux de conversion vers la voie orale.</div></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><div>Une étude monocentrique, prospective et comparative entre deux périodes est menée. Une période « sans interventions » consistait à ne pas intervenir auprès des prescripteurs même si une alerte suggérait un relais (description, observation). Une période « avec interventions » consistait en une intervention effectuée auprès du prescripteur par l'ETI si le relais vers la voie orale était indiqué, après analyse de chaque alerte par un pharmacien (exactitude, pertinence). La durée des prescriptions et la proportion des relais IV/PO effectués ont été comparés entre les deux périodes.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>193 alertes ont été étudiées au cours de chaque période. Quotidiennement, ces alertes représentaient 7 % (moyenne 12 alertes/J) de la totalité des alertes émises par le logiciel et concernaient 7,8 % des prescriptions d'ATB. La durée moyenne de traitement par voie IV avant relais était de 7,4 jours lors de la période sans interventions, contre 8,8 jours avec interventions (p=0,758). Le taux de relais IV/PO effectués était comparable entre les deux périodes (15,0 % sans interventions <em>vs</em> 13,5 % avec intervention, p=0,662).</div><div>Lors de la période avec interventions, l'exactitude des alertes était de 99,0 % (191/193). La pertinence était évaluée à 8,8 %, puisque seules 17 alertes sur 193 ont permis à l'ETI de réellement proposer le relais vers la voie orale. Des situations cliniques telles qu'une mucite ou des vomissements, la mise à jeun médicalement indiquée ou la sollicitation d'un avis auprès d'un infectiologue en amont de l'alerte (37,4%), ne permettaient pas de relayer l'antibiothérapie.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Les interventions de l'ETI basées sur les suggestions du logiciel ne permettent pas, dans ce travail, d'obtenir un meilleur score de conversion vers la voie orale, ni de réduire la durée de prescription de l'antibiothérapie par voie IV. L'état clinique du patient, son diagnostic ou encore le recueil de l'avis d'un expert ne font pas partie des informations prises en compte par le logiciel et concourent ici à la diminution de la pertinence des alertes. Toutefois, la présence d'une alerte sur le logiciel permet de systématiser la question de la possibilité ou non d'effectuer un relais vers la voie orale ; question parfois « négligée » au cours de l'hospitalisation du patient.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 2","pages":"Pages S47-S48"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-05-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S277274322500203X","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Depuis mai 2023, un logiciel d'antibiogouvernance (APSS®) utilisé par l'Equipe transversale en infectiologie (ETI), renforce les mesures déjà en place pour le suivi et la réévaluation d'antibiothérapies potentiellement inadaptées dans notre centre hospitalier. Basé sur des règles prédéfinies, APSS® émet des « alertes », analysées par le pharmacien et/ou l'infectiologue. Parmi les alertes existantes, deux suggèrent le relais IV/PO. L'une est basée sur la biodisponibilité orale élevée de l'ATB conjointe à l'identification d'un patient ayant d'autres thérapeutiques orales de prescrites, la seconde identifie les patients avec une prescription d'ATB IV associée à l'absence de fièvre depuis 48H et une normalisation des GB. Cette étude évalue l'exactitude et la pertinence de ces alertes ainsi que leur impact sur le taux de conversion vers la voie orale.
Matériels et méthodes
Une étude monocentrique, prospective et comparative entre deux périodes est menée. Une période « sans interventions » consistait à ne pas intervenir auprès des prescripteurs même si une alerte suggérait un relais (description, observation). Une période « avec interventions » consistait en une intervention effectuée auprès du prescripteur par l'ETI si le relais vers la voie orale était indiqué, après analyse de chaque alerte par un pharmacien (exactitude, pertinence). La durée des prescriptions et la proportion des relais IV/PO effectués ont été comparés entre les deux périodes.
Résultats
193 alertes ont été étudiées au cours de chaque période. Quotidiennement, ces alertes représentaient 7 % (moyenne 12 alertes/J) de la totalité des alertes émises par le logiciel et concernaient 7,8 % des prescriptions d'ATB. La durée moyenne de traitement par voie IV avant relais était de 7,4 jours lors de la période sans interventions, contre 8,8 jours avec interventions (p=0,758). Le taux de relais IV/PO effectués était comparable entre les deux périodes (15,0 % sans interventions vs 13,5 % avec intervention, p=0,662).
Lors de la période avec interventions, l'exactitude des alertes était de 99,0 % (191/193). La pertinence était évaluée à 8,8 %, puisque seules 17 alertes sur 193 ont permis à l'ETI de réellement proposer le relais vers la voie orale. Des situations cliniques telles qu'une mucite ou des vomissements, la mise à jeun médicalement indiquée ou la sollicitation d'un avis auprès d'un infectiologue en amont de l'alerte (37,4%), ne permettaient pas de relayer l'antibiothérapie.
Conclusion
Les interventions de l'ETI basées sur les suggestions du logiciel ne permettent pas, dans ce travail, d'obtenir un meilleur score de conversion vers la voie orale, ni de réduire la durée de prescription de l'antibiothérapie par voie IV. L'état clinique du patient, son diagnostic ou encore le recueil de l'avis d'un expert ne font pas partie des informations prises en compte par le logiciel et concourent ici à la diminution de la pertinence des alertes. Toutefois, la présence d'une alerte sur le logiciel permet de systématiser la question de la possibilité ou non d'effectuer un relais vers la voie orale ; question parfois « négligée » au cours de l'hospitalisation du patient.