M. Monnet , M. Fonvielle , F. Compain , E. Badell-ocando , S. Brisse , M. Lavollay
{"title":"Peut-on se fier aux résultats des tests de sensibilité in vitro des β-lactamines et de la daptomycine pour traiter les infections à corynébactéries ?","authors":"M. Monnet , M. Fonvielle , F. Compain , E. Badell-ocando , S. Brisse , M. Lavollay","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.04.072","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>En dehors des souches toxinogènes du complexe <em>diphtheriae</em>, les corynébactéries isolées en pratique clinique sont souvent des bactéries commensales. Toutefois, elles peuvent aussi être responsables d'infections sévères comme des ostéites, méningites ou endocardites, difficiles à traiter (1). Leur sensibilité aux β-lactamines et à la daptomycine est extrêmement variable avec des CMI allant de valeurs inférieures à 0,19 mg/L à plus de 256 mg/L (1-3). La comparaison de génomes de souches sensibles et résistantes ainsi que l'expression hétérologue du gène suspecté ont montré que chez <em>C. jeikeium</em>, la résistance aux β-lactamines est due à la présence d'une PLP additionnelle, la Plp2c, dont l'expression est inductible (2). L'impact de la présence de cette PLP chez d'autres espèces reste à déterminer.</div></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><div>Les souches étudiées sont des isolats cliniques. La présence du gène <em>pbp2c</em> a été recherché par PCR (2). Leur sensibilité aux antibiotiques a été déterminée par diffusion en milieu solide par la méthode de l'antibiogramme et par la technique des Macro-bandelettes (E-TEST, Biomérieux) en suivant les recommandations du CA-SFM 2022. Des CMI ont également été déterminées par microdilution en milieu liquide selon la méthode EUCAST 2024, et en utilisant la méthode semi-automatisée MicroScan autoSCAN4 (Beckman Coulter).</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>La Plp2c a été retrouvée chez de nombreuses espèces de corynébactéries incluant <em>C. jeikeium, C. urealyticum, C. tuberculostearicum, C. striatum, C. amycolatum</em> et <em>C. diphtheriae</em>.</div><div>Chez <em>C. jeikeium</em>, les souches qui hébergent <em>pbp2c</em> ont des CMI très élevées pour toutes les classes de β-lactamines. Les CMI de la pénicilline G des <em>C. jeikeium</em> négatives pour le gène de la Plp2c, sont comprises entre 2 et 4 mg/L. Selon les recommandations de l'EUCAST 2024, elles sont catégorisées résistantes. Chez <em>C. amycolatum</em> et <em>C. diphtheriae</em>, les CMI des β-lactamines sont beaucoup plus faibles. La détection phénotypique de la résistance aux β-lactamines due à la Plp2c nécessite une incubation prolongée à 48H et/ou la recherche d'image d'antagonisme entre certains disques de β-lactamines.</div><div>Par ailleurs, le traitement par daptomycine d'une souche de <em>C. striatum</em> résistante à l'amoxicilline a entrainé l'émergence d'un mutant hautement résistant (CMI >256 mg/L) en 4 jours seulement.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La présence de la Plp2c n'entraine pas les mêmes phénotypes en fonction de l'espèce de corynébactérie qui l'héberge. L'impact clinique de la présence du gène de la Plp2c chez des isolats cliniques catégorisés sensibles selon les recommandations actuelles de l'EUCAST reste à déterminer. Cependant, une infection fatale causée par une souche de <em>C. diphtheriae</em> hébergeant le gène <em>pbp2c</em> traitée par β-lactamines a été rapportée (4). La daptomycine ne semble pas être une option thérapeutique fiable pour traiter une infection à Corynébactérie (5).</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 2","pages":"Page S36"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-05-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225001795","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
En dehors des souches toxinogènes du complexe diphtheriae, les corynébactéries isolées en pratique clinique sont souvent des bactéries commensales. Toutefois, elles peuvent aussi être responsables d'infections sévères comme des ostéites, méningites ou endocardites, difficiles à traiter (1). Leur sensibilité aux β-lactamines et à la daptomycine est extrêmement variable avec des CMI allant de valeurs inférieures à 0,19 mg/L à plus de 256 mg/L (1-3). La comparaison de génomes de souches sensibles et résistantes ainsi que l'expression hétérologue du gène suspecté ont montré que chez C. jeikeium, la résistance aux β-lactamines est due à la présence d'une PLP additionnelle, la Plp2c, dont l'expression est inductible (2). L'impact de la présence de cette PLP chez d'autres espèces reste à déterminer.
Matériels et méthodes
Les souches étudiées sont des isolats cliniques. La présence du gène pbp2c a été recherché par PCR (2). Leur sensibilité aux antibiotiques a été déterminée par diffusion en milieu solide par la méthode de l'antibiogramme et par la technique des Macro-bandelettes (E-TEST, Biomérieux) en suivant les recommandations du CA-SFM 2022. Des CMI ont également été déterminées par microdilution en milieu liquide selon la méthode EUCAST 2024, et en utilisant la méthode semi-automatisée MicroScan autoSCAN4 (Beckman Coulter).
Résultats
La Plp2c a été retrouvée chez de nombreuses espèces de corynébactéries incluant C. jeikeium, C. urealyticum, C. tuberculostearicum, C. striatum, C. amycolatum et C. diphtheriae.
Chez C. jeikeium, les souches qui hébergent pbp2c ont des CMI très élevées pour toutes les classes de β-lactamines. Les CMI de la pénicilline G des C. jeikeium négatives pour le gène de la Plp2c, sont comprises entre 2 et 4 mg/L. Selon les recommandations de l'EUCAST 2024, elles sont catégorisées résistantes. Chez C. amycolatum et C. diphtheriae, les CMI des β-lactamines sont beaucoup plus faibles. La détection phénotypique de la résistance aux β-lactamines due à la Plp2c nécessite une incubation prolongée à 48H et/ou la recherche d'image d'antagonisme entre certains disques de β-lactamines.
Par ailleurs, le traitement par daptomycine d'une souche de C. striatum résistante à l'amoxicilline a entrainé l'émergence d'un mutant hautement résistant (CMI >256 mg/L) en 4 jours seulement.
Conclusion
La présence de la Plp2c n'entraine pas les mêmes phénotypes en fonction de l'espèce de corynébactérie qui l'héberge. L'impact clinique de la présence du gène de la Plp2c chez des isolats cliniques catégorisés sensibles selon les recommandations actuelles de l'EUCAST reste à déterminer. Cependant, une infection fatale causée par une souche de C. diphtheriae hébergeant le gène pbp2c traitée par β-lactamines a été rapportée (4). La daptomycine ne semble pas être une option thérapeutique fiable pour traiter une infection à Corynébactérie (5).