U. Françoise , M. Nacher , S. Mac Donald , M. Van Eer , T. Chiller , D. Caceres , B. Gomez , P. Couppié , S. Vreden , A. Adenis
{"title":"L'histoplasmose associée au VIH sur le bouclier des Guyanes: une étude prospective de prévalence","authors":"U. Françoise , M. Nacher , S. Mac Donald , M. Van Eer , T. Chiller , D. Caceres , B. Gomez , P. Couppié , S. Vreden , A. Adenis","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.04.045","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>L'histoplasmose associée au VIH constitue une menace pour la santé publique mondiale, en particulier en Amérique latine. Alors que la Guyane française est considérée comme une région de haute endémie, les données de prévalence au Suriname, pays voisin, sont limitées, probablement en raison de la difficulté à diagnostiquer l'histoplasmose. Le but de cette étude était d'estimer la prévalence de l'histoplasmose chez les personnes vivant avec le VIH hospitalisées au Suriname et en Guyane française, en utilisant des méthodes antigéniques spécifiques d'<em>Histoplasma</em> qui ne sont pas disponibles en routine dans ces deux pays.</div></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><div>Nous avons mené une étude de cohorte prospective de 2013 à 2015 au Suriname et en Guyane française. Les patients adultes vivant avec le VIH (connu ou nouvellement découvert) et présentant une fièvre ou une altération de l'état général ou des symptômes évocateurs d'un syndrome infectieux ont été inclus. En plus des investigations étiologiques conventionnelles réalisées à l'initiative des cliniciens, deux tests antigéniques d'Histoplasma ont été systématiquement réalisés sur les échantillons d'urine et de sérum prélevés à l'inclusion: un test polyclonal réalisé sur le sérum et l'urine, et un test monoclonal uniquement sur l'urine. Le diagnostic d'histoplasmose prouvée ou probable était définie selon les critères de l'Organisation européenne pour la recherche et le traitement du cancer et du Mycoses Study Group Education and Research Consortium.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 478 patients ont été inclus — 307 (64,2%) au Suriname et 171 (35,8%) en Guyane française — avec un taux de découverte de l'infection par le VIH de 31,5% et un taux médian de LTCD4+ de 114/μL [32-305]. La prévalence de l'histoplasmose était de 111/478 (23,2 %; IC95 %: 19,5-27,3), dont 75 (67,6 %) étaient seulement probables. Le dosage des antigènes spécifiques d'<em>Histoplasma</em> a permis d'augmenter le taux de diagnostic de 208% (Suriname 420%, Guyane 57%). Le dosage de l'antigène spécifique d'<em>Histoplasma</em> le plus discriminant était celui réalisé dans le sérum (AUC: 0,87; CI95%:0,81-0,94). L'histoplasmose était la principale infection opportuniste au Suriname et en Guyane française. Bien que la majorité des patients infectés aient un taux de LTCD4+ <100/μL, la prévalence de était de 11,1% chez les patients ayant un taux de LTCD4+ entre ≥100 et <350/μL. Le taux de mortalité à 30 jours était de 15,3 % chez les patients atteints d'histoplasmose, contre 7,1 % chez les autres patients. Les taux sériques et urinaires d'antigène spécifique d'Histoplasma étaient associés à la mortalité à 30 jours de l'admission à l'hôpital.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La prévalence de l'histoplasmose chez les patients infectés par le VIH était élevée au Suriname et en Guyane française, quel que soit le niveau de LTCD4+. Première infection opportuniste, l'histoplasmose pourrait être une cause majeure de décès liés au VIH sur le bouclier des Guyanes. L'utilisation de tests performants de détection de l'antigène spécifique de d'Histoplasma dans les zones de forte endémie pourrait contribuer à réduire le fardeau de l'histoplasmose chez les personnes vivant avec le VIH.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 2","pages":"Pages S22-S23"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-05-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225001527","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
L'histoplasmose associée au VIH constitue une menace pour la santé publique mondiale, en particulier en Amérique latine. Alors que la Guyane française est considérée comme une région de haute endémie, les données de prévalence au Suriname, pays voisin, sont limitées, probablement en raison de la difficulté à diagnostiquer l'histoplasmose. Le but de cette étude était d'estimer la prévalence de l'histoplasmose chez les personnes vivant avec le VIH hospitalisées au Suriname et en Guyane française, en utilisant des méthodes antigéniques spécifiques d'Histoplasma qui ne sont pas disponibles en routine dans ces deux pays.
Matériels et méthodes
Nous avons mené une étude de cohorte prospective de 2013 à 2015 au Suriname et en Guyane française. Les patients adultes vivant avec le VIH (connu ou nouvellement découvert) et présentant une fièvre ou une altération de l'état général ou des symptômes évocateurs d'un syndrome infectieux ont été inclus. En plus des investigations étiologiques conventionnelles réalisées à l'initiative des cliniciens, deux tests antigéniques d'Histoplasma ont été systématiquement réalisés sur les échantillons d'urine et de sérum prélevés à l'inclusion: un test polyclonal réalisé sur le sérum et l'urine, et un test monoclonal uniquement sur l'urine. Le diagnostic d'histoplasmose prouvée ou probable était définie selon les critères de l'Organisation européenne pour la recherche et le traitement du cancer et du Mycoses Study Group Education and Research Consortium.
Résultats
Au total, 478 patients ont été inclus — 307 (64,2%) au Suriname et 171 (35,8%) en Guyane française — avec un taux de découverte de l'infection par le VIH de 31,5% et un taux médian de LTCD4+ de 114/μL [32-305]. La prévalence de l'histoplasmose était de 111/478 (23,2 %; IC95 %: 19,5-27,3), dont 75 (67,6 %) étaient seulement probables. Le dosage des antigènes spécifiques d'Histoplasma a permis d'augmenter le taux de diagnostic de 208% (Suriname 420%, Guyane 57%). Le dosage de l'antigène spécifique d'Histoplasma le plus discriminant était celui réalisé dans le sérum (AUC: 0,87; CI95%:0,81-0,94). L'histoplasmose était la principale infection opportuniste au Suriname et en Guyane française. Bien que la majorité des patients infectés aient un taux de LTCD4+ <100/μL, la prévalence de était de 11,1% chez les patients ayant un taux de LTCD4+ entre ≥100 et <350/μL. Le taux de mortalité à 30 jours était de 15,3 % chez les patients atteints d'histoplasmose, contre 7,1 % chez les autres patients. Les taux sériques et urinaires d'antigène spécifique d'Histoplasma étaient associés à la mortalité à 30 jours de l'admission à l'hôpital.
Conclusion
La prévalence de l'histoplasmose chez les patients infectés par le VIH était élevée au Suriname et en Guyane française, quel que soit le niveau de LTCD4+. Première infection opportuniste, l'histoplasmose pourrait être une cause majeure de décès liés au VIH sur le bouclier des Guyanes. L'utilisation de tests performants de détection de l'antigène spécifique de d'Histoplasma dans les zones de forte endémie pourrait contribuer à réduire le fardeau de l'histoplasmose chez les personnes vivant avec le VIH.