Surveillance de la dengue, du chikungunya et du Zika en France hexagonale de 2006 à 2024 : hausse de la fréquence et de l'intensité des épisodes autochtones
F. Franke , C. Calba , A. Cochet , H. De Valk , E. Brottet , G. Modenesi , L. Fournier , G. Heuzé , G. Grard , M. Paty
{"title":"Surveillance de la dengue, du chikungunya et du Zika en France hexagonale de 2006 à 2024 : hausse de la fréquence et de l'intensité des épisodes autochtones","authors":"F. Franke , C. Calba , A. Cochet , H. De Valk , E. Brottet , G. Modenesi , L. Fournier , G. Heuzé , G. Grard , M. Paty","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.04.015","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div><em>Aedes albopictus</em> expose la France hexagonale à un risque élevé de transmission autochtone des virus de la dengue, du chikungunya et du Zika (DCZ). Leur surveillance a permis d'identifier de nombreux épisodes de transmission autochtone, et pointe le risque d'épidémie locale.</div></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><div>Nous avons décrit les épisodes et les cas autochtones de DCZ identifiés en France hexagonale entre 2006 et 2024, à partir d'une base de connaissances alimentée par les publications et documents d'investigation internes à Santé publique France.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 48 épisodes de dengue (242 cas), quatre de chikungunya (32 cas), et un de Zika (3 cas) ont été recensés, majoritairement dans les territoires et pendant les périodes à forte densité vectorielle (Provence-Alpes-Côte d'Azur et Occitanie; août et septembre).</div><div>Les années 2022 à 2024 concentraient 60 % des épisodes et 80 % des cas de dengue (30 épisodes et 195 cas).</div><div>Les zones de circulation étaient limitées (médiane de 150 m de diamètre) et composées essentiellement d'habitats individuels pavillonnaires.</div><div>Si la recherche active de cas, par enquêtes en porte-à-porte dans les zones de circulation, a permis d'identifier 34 % des cas (94 cas), 42 % des cas ont été signalés par les professionnels de santé (114 cas).</div><div>Le sex-ratio homme-femme était de 1,2 (151/122) et l'âge médian de 53 ans. Les signes majoritaires étaient fièvre, asthénie et céphalées pour la dengue, arthralgie et fièvre pour le chikungunya. Le taux d'hospitalisation était de 8 % (23 cas) dont 3 passages en réanimation.</div><div>Seulement 1 % (3 cas) des cas autochtones identifiés sont survenus après la mise en place des mesures de lutte anti-vectorielle (LAV). Le défaut d'identification avant l'alerte du cas primaire importé est l'origine de 43 épisodes (81 %).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>L'augmentation depuis 2022 dans l'hexagone du nombre d'épisodes de transmission autochtone de ces arbovirus et de leur intensité, fait craindre une épidémie dans les années à venir.</div><div>Les professionnels de santé sont au coeur du dispositif.</div><div>La surveillance épidémiologique, les investigations menées autour des cas importés et autochtones, et les mesures de LAV, ont montré leur efficacité. Mais le dispositif est sous tension depuis trois saisons, nécessitant la priorisation des actions et l'anticipation d'une organisation de crise.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 2","pages":"Pages S7-S8"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-05-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772743225001229","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Aedes albopictus expose la France hexagonale à un risque élevé de transmission autochtone des virus de la dengue, du chikungunya et du Zika (DCZ). Leur surveillance a permis d'identifier de nombreux épisodes de transmission autochtone, et pointe le risque d'épidémie locale.
Matériels et méthodes
Nous avons décrit les épisodes et les cas autochtones de DCZ identifiés en France hexagonale entre 2006 et 2024, à partir d'une base de connaissances alimentée par les publications et documents d'investigation internes à Santé publique France.
Résultats
Au total, 48 épisodes de dengue (242 cas), quatre de chikungunya (32 cas), et un de Zika (3 cas) ont été recensés, majoritairement dans les territoires et pendant les périodes à forte densité vectorielle (Provence-Alpes-Côte d'Azur et Occitanie; août et septembre).
Les années 2022 à 2024 concentraient 60 % des épisodes et 80 % des cas de dengue (30 épisodes et 195 cas).
Les zones de circulation étaient limitées (médiane de 150 m de diamètre) et composées essentiellement d'habitats individuels pavillonnaires.
Si la recherche active de cas, par enquêtes en porte-à-porte dans les zones de circulation, a permis d'identifier 34 % des cas (94 cas), 42 % des cas ont été signalés par les professionnels de santé (114 cas).
Le sex-ratio homme-femme était de 1,2 (151/122) et l'âge médian de 53 ans. Les signes majoritaires étaient fièvre, asthénie et céphalées pour la dengue, arthralgie et fièvre pour le chikungunya. Le taux d'hospitalisation était de 8 % (23 cas) dont 3 passages en réanimation.
Seulement 1 % (3 cas) des cas autochtones identifiés sont survenus après la mise en place des mesures de lutte anti-vectorielle (LAV). Le défaut d'identification avant l'alerte du cas primaire importé est l'origine de 43 épisodes (81 %).
Conclusion
L'augmentation depuis 2022 dans l'hexagone du nombre d'épisodes de transmission autochtone de ces arbovirus et de leur intensité, fait craindre une épidémie dans les années à venir.
Les professionnels de santé sont au coeur du dispositif.
La surveillance épidémiologique, les investigations menées autour des cas importés et autochtones, et les mesures de LAV, ont montré leur efficacité. Mais le dispositif est sous tension depuis trois saisons, nécessitant la priorisation des actions et l'anticipation d'une organisation de crise.