N. Cassir , C. Gourjault , L. Pezzi , P. Minodier , L. Luciani
{"title":"Premiers cas d'importation du virus de l'Oropouche en France: une détection virale prolongée et une possible protection des enfants","authors":"N. Cassir , C. Gourjault , L. Pezzi , P. Minodier , L. Luciani","doi":"10.1016/j.mmifmc.2025.04.038","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Depuis la fin de l'année 2023, plus de 10 000 cas d'infection par le le virus de l'Oropouche (OROV) ont été recensés dans les Amériques.</div><div>Nous décrivons ici les premiers cas groupés d'OROV importés de Cuba en France.</div></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><div>Les tests RT-qPCR OROV ont été réalisés à l'aide de tests locaux. Les tests ELISA pour la détection des IgM et IgG anti-OROV, de la dengue, du chikungunya et du virus Zika ont été réalisés à l'aide de kits ELISA commerciaux. Le test de neutralisation du virus OROV a été réalisé dans un laboratoire NSB3, en double exemplaire. Le séquençage du génome viral a été réalisé directement sur les acides nucléiques extraits de l'échantillon de sang total de la patiente 4. Un arbre phylogénétique a été construit.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>L'infection par le virus Oropouche a été diagnostiqué dans un groupe de cinq femmes d'âge moyen (cas confirmés) et deux jumeaux âgés de 10 mois (cas suspects) entre le 28 juillet et le 14 août 2024. Au cours de leur séjour à Cuba, les patientes 1-5 ont développé un syndrome \"de type dengue\" qui a duré de 2 à 11 jours. Après la guérison, les patientes 1, 2 et 5 ont connu une rechute des symptômes à leur retour en France.</div><div>Pour la Patiente 1, des IgM et IgG anti-OROV ont été détectées dans le sérum, confirmés par le test de neutralisation du virus. L'ARN du virus de l'Oropouche a été identifié dans l'urine et le sang total par RT-qPCR au 25<sup>ème</sup> jour après l'apparition des symptômes et dans l'urine, le plasma, et dans le sang total au 31<sup>ème</sup> jour après l'apparition des symptômes. Les patientes 2, 3 et 4 étaient positives par RT-qPCR à 27, 37 et 48 jours après l'apparition des symptômes respectivement, et pour les IgM et IgG anti-OROV, confirmés par le test de de neutralisation du virus. La patiente 5 a été classée comme un cas confirmé sur la base de la sérologie. A noter, la positivité de la RT-qPCR OROV dans le sang total de la patiente 4, plus de 70 jours après l'apparition des symptômes. L'analyse phylogénétique de la séquence d'OROV du patient 4 a montré que les segments M et L appartenaient aux lignées M1 et L2,5 se regroupant avec des séquences de Cuba.</div><div>Les jumeaux de 10 mois ont également présenté à Cuba, un syndrome fébrile, avec des diarrhées persistantes pendant près d'un mois. Les tests de laboratoire (PCR et sérologie) étaient négatifs pour le virus Oropouche et d'autres arboviroses.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Nous avons détecté l'OROV par RT-qPCR, longtemps après l'apparition des premiers symptômes, ce qui pose la question de la durée de contagiosité et risque de transmission autochtone dans les zones où seraient présents les vecteurs compétents. Nous n'avons pas mis en évidence d'association entre la détection de l'OROV et la survenue de rechute des symptômes.</div><div>L'absence de confirmation biologique de l'infection par OROV chez les jumeaux de 10 mois doit être interprétée avec prudence. En effet, peu de données sont encore disponibles quant à l'immunité contre l'OROV chez les nourrissons et enfants.</div></div>","PeriodicalId":100906,"journal":{"name":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","volume":"4 2","pages":"Page S19"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-05-28","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Médecine et Maladies Infectieuses Formation","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S277274322500145X","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Depuis la fin de l'année 2023, plus de 10 000 cas d'infection par le le virus de l'Oropouche (OROV) ont été recensés dans les Amériques.
Nous décrivons ici les premiers cas groupés d'OROV importés de Cuba en France.
Matériels et méthodes
Les tests RT-qPCR OROV ont été réalisés à l'aide de tests locaux. Les tests ELISA pour la détection des IgM et IgG anti-OROV, de la dengue, du chikungunya et du virus Zika ont été réalisés à l'aide de kits ELISA commerciaux. Le test de neutralisation du virus OROV a été réalisé dans un laboratoire NSB3, en double exemplaire. Le séquençage du génome viral a été réalisé directement sur les acides nucléiques extraits de l'échantillon de sang total de la patiente 4. Un arbre phylogénétique a été construit.
Résultats
L'infection par le virus Oropouche a été diagnostiqué dans un groupe de cinq femmes d'âge moyen (cas confirmés) et deux jumeaux âgés de 10 mois (cas suspects) entre le 28 juillet et le 14 août 2024. Au cours de leur séjour à Cuba, les patientes 1-5 ont développé un syndrome "de type dengue" qui a duré de 2 à 11 jours. Après la guérison, les patientes 1, 2 et 5 ont connu une rechute des symptômes à leur retour en France.
Pour la Patiente 1, des IgM et IgG anti-OROV ont été détectées dans le sérum, confirmés par le test de neutralisation du virus. L'ARN du virus de l'Oropouche a été identifié dans l'urine et le sang total par RT-qPCR au 25ème jour après l'apparition des symptômes et dans l'urine, le plasma, et dans le sang total au 31ème jour après l'apparition des symptômes. Les patientes 2, 3 et 4 étaient positives par RT-qPCR à 27, 37 et 48 jours après l'apparition des symptômes respectivement, et pour les IgM et IgG anti-OROV, confirmés par le test de de neutralisation du virus. La patiente 5 a été classée comme un cas confirmé sur la base de la sérologie. A noter, la positivité de la RT-qPCR OROV dans le sang total de la patiente 4, plus de 70 jours après l'apparition des symptômes. L'analyse phylogénétique de la séquence d'OROV du patient 4 a montré que les segments M et L appartenaient aux lignées M1 et L2,5 se regroupant avec des séquences de Cuba.
Les jumeaux de 10 mois ont également présenté à Cuba, un syndrome fébrile, avec des diarrhées persistantes pendant près d'un mois. Les tests de laboratoire (PCR et sérologie) étaient négatifs pour le virus Oropouche et d'autres arboviroses.
Conclusion
Nous avons détecté l'OROV par RT-qPCR, longtemps après l'apparition des premiers symptômes, ce qui pose la question de la durée de contagiosité et risque de transmission autochtone dans les zones où seraient présents les vecteurs compétents. Nous n'avons pas mis en évidence d'association entre la détection de l'OROV et la survenue de rechute des symptômes.
L'absence de confirmation biologique de l'infection par OROV chez les jumeaux de 10 mois doit être interprétée avec prudence. En effet, peu de données sont encore disponibles quant à l'immunité contre l'OROV chez les nourrissons et enfants.