B. Sorin, N. Morel, Y. Nguyen, A. Clarke, V. Le Guern, N. Costedoat-Chalumeau
{"title":"Étiologies des thrombopénies au cours du SAPL : étude descriptive à partir d’une cohorte de 352 patients","authors":"B. Sorin, N. Morel, Y. Nguyen, A. Clarke, V. Le Guern, N. Costedoat-Chalumeau","doi":"10.1016/j.revmed.2025.03.037","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Au cours du syndrome des antiphospholipides (SAPL), une thrombopénie est observée dans 25 % des cas et peut correspondre à différents diagnostics dont certains mettent en jeu le pronostic vital et nécessitent une prise en charge thérapeutique en urgence. L’objectif de ce travail était de définir les étiologies possibles des thrombopénies chez des patients suivis pour un SAPL.</div></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><div>Nous avons réalisé une étude descriptive à partir d’une cohorte rétrospective de patients ayant un SAPL avec ou sans syndrome catastrophique des antiphospholipides (CAPS). Nous avons inclus les patients avec (i) un SAPL défini selon les critères de Sapporo révisés, (ii) au moins un épisode de thrombopénie<!--> <!--><<!--> <!-->100 G/L au cours du suivi et (iii) inclus par le service de médecine interne de l’hôpital Cochin entre 2000 et 2024. Les données démographiques, cliniques et biologiques étaient recueillies. Les dossiers médicaux étaient individuellement analysés afin de déterminer la cause de la thrombopénie. Le diagnostic étiologique de la thrombopénie était basé sur les critères actuels en vigueur, en particulier les critères de 2005 (Cervera et al.) pour le CAPS, et ceux de 2009 (IWG groupe, Rodeghiero et al.) pour le purpura thrombopénique immunologique (PTI).</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Parmi les 351 patients de la cohorte ayant un SAPL (dont 97 [27,6 %] ayant un CAPS), nous avons identifié 103 patients (29,6 %) ayant une thrombopénie<!--> <!--><<!--> <!-->100 G/L.</div><div>L’âge médian (IQR) au diagnostic du SAPL de ces 103 patients était de 30 (23–39) ans et 79 (76,7 %) étaient des femmes. Le nadir médian de plaquettes était de 34 (9-56,5) G/L. Le nadir de plaquettes était inférieur à 20 G/L chez 34 (33,0 %) des 103 patients.</div><div>Les principales causes de thrombopénie étaient un CAPS (probable ou certain) pour 74 (71,8 %) patients, un PTI pour 16 (15,5 %) ou l’association des deux pour 2 (1,9 %) patients. Pour deux patients (1,9 %), une thrombopénie était observée lors d’un relais antivitamine K (AVK)-héparine, sans défaillance d’organe, résolutive à la reprise des AVK, sans autre étiologie, et probablement en lien avec une thrombopénie de consommation. Les autres causes étaient peu représentées : deux thrombopénies gestationnelles, un purpura thrombotique thrombocytopénique auto-immun, un hypersplénisme et un cas possiblement en lien avec une carence martiale.</div><div>Les patients du groupe PTI (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->16), comparativement à ceux du groupe CAPS (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->74), avaient tendance à être plus souvent des femmes (93,8 % vs 70,3 %, <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,102), avec un âge médian au diagnostic inférieur (20 ans [17,8–31,3] vs 31 ans [24,3–44,5], <em>p</em> <!-->=<!--> <!-->0,021). 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En revanche, il n’y avait pas de différence significative entre le groupe PTI et le groupe CAPS pour les événements thrombotiques artériels (43,8 % vs 60,8 %), veineux (68,8 % vs 66,2 %), obstétricaux (37,5 % vs 32,4 %), ou pour la présence d’un anticorps anticardiolipine (87,5 % vs 89,2 %), d’un anticoagulant circulant lupique (81,2 % vs 91,9 %), d’un anticorps anti-b2GP1 (62,5 % vs 63,5 %), d’une triple positivité antiphospholipides (50,0 % vs 59,5 %) ou pour le nadir du chiffre de plaquettes (32,5 [26,0–49,0] G/L vs 28,5 [4,0–51,8] G/L).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Dans notre cohorte qui comporte une surreprésentation de patients ayant un CAPS, les principales étiologies de thrombopénie au cours du SAPL étaient, de loin, le CAPS et le PTI. Les cas de PTI associé à un SAPL primaire (sans lupus systémique) étaient rares (moins de 3 % des causes de thrombopénie). 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Abstract
Introduction
Au cours du syndrome des antiphospholipides (SAPL), une thrombopénie est observée dans 25 % des cas et peut correspondre à différents diagnostics dont certains mettent en jeu le pronostic vital et nécessitent une prise en charge thérapeutique en urgence. L’objectif de ce travail était de définir les étiologies possibles des thrombopénies chez des patients suivis pour un SAPL.
Patients et méthodes
Nous avons réalisé une étude descriptive à partir d’une cohorte rétrospective de patients ayant un SAPL avec ou sans syndrome catastrophique des antiphospholipides (CAPS). Nous avons inclus les patients avec (i) un SAPL défini selon les critères de Sapporo révisés, (ii) au moins un épisode de thrombopénie < 100 G/L au cours du suivi et (iii) inclus par le service de médecine interne de l’hôpital Cochin entre 2000 et 2024. Les données démographiques, cliniques et biologiques étaient recueillies. Les dossiers médicaux étaient individuellement analysés afin de déterminer la cause de la thrombopénie. Le diagnostic étiologique de la thrombopénie était basé sur les critères actuels en vigueur, en particulier les critères de 2005 (Cervera et al.) pour le CAPS, et ceux de 2009 (IWG groupe, Rodeghiero et al.) pour le purpura thrombopénique immunologique (PTI).
Résultats
Parmi les 351 patients de la cohorte ayant un SAPL (dont 97 [27,6 %] ayant un CAPS), nous avons identifié 103 patients (29,6 %) ayant une thrombopénie < 100 G/L.
L’âge médian (IQR) au diagnostic du SAPL de ces 103 patients était de 30 (23–39) ans et 79 (76,7 %) étaient des femmes. Le nadir médian de plaquettes était de 34 (9-56,5) G/L. Le nadir de plaquettes était inférieur à 20 G/L chez 34 (33,0 %) des 103 patients.
Les principales causes de thrombopénie étaient un CAPS (probable ou certain) pour 74 (71,8 %) patients, un PTI pour 16 (15,5 %) ou l’association des deux pour 2 (1,9 %) patients. Pour deux patients (1,9 %), une thrombopénie était observée lors d’un relais antivitamine K (AVK)-héparine, sans défaillance d’organe, résolutive à la reprise des AVK, sans autre étiologie, et probablement en lien avec une thrombopénie de consommation. Les autres causes étaient peu représentées : deux thrombopénies gestationnelles, un purpura thrombotique thrombocytopénique auto-immun, un hypersplénisme et un cas possiblement en lien avec une carence martiale.
Les patients du groupe PTI (n = 16), comparativement à ceux du groupe CAPS (n = 74), avaient tendance à être plus souvent des femmes (93,8 % vs 70,3 %, p = 0,102), avec un âge médian au diagnostic inférieur (20 ans [17,8–31,3] vs 31 ans [24,3–44,5], p = 0,021). Treize des 16 patients ayant un PTI avaient un diagnostic formel de lupus systémique associé (81,3 % vs 39,2 % dans le groupe CAPS, p < 0,001), et deux autres remplissaient les critères de classification SLICC et ACR/EULAR 2019 mais n’avaient pas de manifestation clinique spécifique de lupus systémique. En revanche, il n’y avait pas de différence significative entre le groupe PTI et le groupe CAPS pour les événements thrombotiques artériels (43,8 % vs 60,8 %), veineux (68,8 % vs 66,2 %), obstétricaux (37,5 % vs 32,4 %), ou pour la présence d’un anticorps anticardiolipine (87,5 % vs 89,2 %), d’un anticoagulant circulant lupique (81,2 % vs 91,9 %), d’un anticorps anti-b2GP1 (62,5 % vs 63,5 %), d’une triple positivité antiphospholipides (50,0 % vs 59,5 %) ou pour le nadir du chiffre de plaquettes (32,5 [26,0–49,0] G/L vs 28,5 [4,0–51,8] G/L).
Conclusion
Dans notre cohorte qui comporte une surreprésentation de patients ayant un CAPS, les principales étiologies de thrombopénie au cours du SAPL étaient, de loin, le CAPS et le PTI. Les cas de PTI associé à un SAPL primaire (sans lupus systémique) étaient rares (moins de 3 % des causes de thrombopénie). Il est possible que dans d’autres travaux rapportant l’association entre PTI et SAPL primaire, des diagnostics de PTI aient été posés par excès chez des patients ayant une thrombopénie d’autre cause (dont thrombopénie de consommation) ou avec un lupus systémique pauci symptomatique.
En conclusion, la survenue d’une thrombopénie chez un patient ayant un SAPL doit faire éliminer les urgences thérapeutiques pouvant engager le pronostic vital et en l’absence de lupus systémique associé, faire remettre en question l’hypothèse diagnostique d’un PTI.
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La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.