MASSILUP-WIN : arrêt des immunosuppresseurs après une néphrite lupique, étude rétrospective des patients biopsiés au CHU de Marseille entre 2001 et 2022
F. Dolbeault , B. Goupille , H. Benjelloun , N. Resseguier , L. Daniel , L. Chiche , E. Mikäel , A. Benyamine , G. Kaplanski , R. Cauchois , N. Jourde-Chiche
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Abstract
Introduction
La durée optimale du traitement immunosuppresseur au cours des néphrites lupiques prolifératives actives (classes III et IV de la classification ISN/RPS avec activité) n’est pas établie formellement. Les recommandations actuelles proposent une durée minimale de 3 ans après l’obtention de la rémission clinique, pour limiter le risque de rechute. Mais les effets secondaires possibles des traitements, le fardeau pour les patients de leur prise chronique au long cours et les difficultés d’observance qui en découlent, conduisent parfois à des arrêts plus précoces, avec ou sans accord préalable du médecin.
Patients et méthodes
L’étude MASSILUP-WIN est une étude en vie réelle du sevrage des immunosuppresseurs chez les patients ayant présenté une première néphrite lupique proliférative active prouvée par biopsie entre 2001 et 2022 au CHU de Marseille. Les données cliniques et biologiques, la prise des immunosuppresseurs (cyclophosphamide, mycophénolate mofétil et azathioprine, principalement) et les modalités de leur arrêt ont été recueillies à partir des dossiers médicaux et à l’aide d’entretiens téléphoniques dédiés. Le suivi des traitements a été censuré sur le décès ou la survenue d’une insuffisance rénale terminale.
Résultats
La cohorte MASSILUP-WIN comprend 124 patients, suivis pendant une durée médiane de 10,1 ans. Les immunosuppresseurs ont été arrêtés chez 71 (57,3 %) patients, après une durée médiane de 3,2 ans. Les principaux motifs d’arrêt étaient : la rémission rénale prolongée, en accord avec le médecin (60,6 %), la non-observance (15,5 %), et les effets indésirables (9,9 %). Parmi les 71 patients sevrés d’immunosuppresseurs, 33 (46,5 %) sont restés sevrés jusqu’au dernier suivi, 33 patients (46,5 %) ont dû reprendre un traitement immunosuppresseur au moins temporairement, 4 patients (5,6 %) ont développé une insuffisance rénale terminale et 1 patient (1,4 %) est décédé. Parmi les 58 patients qui étaient en rémission rénale au moment de l’arrêt des immunosuppresseurs (que cet arrêt soit en accord avec le médecin ou par non-observance), 21 (36,2 %) ont présenté une rechute rénale, après un délai médian de 3,1 ans. Les principaux facteurs associés à la rechute chez ces patients en rémission au moment de l’arrêt étaient : un arrêt par non-observance, un âge plus jeune, une durée de rémission plus courte avant arrêt, la consommation du complément à l’arrêt, et les interruptions de suivi.
Conclusion
Cette étude sur une large cohorte de patients atteints de néphropathies lupiques prolifératives apporte des données sur le délai et les motifs de l’arrêt des immunosuppresseurs en vie réelle, et souligne la nécessité d’une alliance thérapeutique solide et de l’éducation thérapeutique des patients, afin de réduire les défauts d’observance et le risque de rechute rénale.
期刊介绍:
Official journal of the SNFMI, La revue de medecine interne is indexed in the most prestigious databases. It is the most efficient French language journal available for internal medicine specialists who want to expand their knowledge and skills beyond their own discipline. It is also the main French language international medium for French research works. The journal publishes each month editorials, original articles, review articles, short communications, etc. These articles address the fundamental and innumerable facets of internal medicine, spanning all medical specialties. Manuscripts may be submitted in French or in English.
La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.