Efficacité de la cure thermale en santé mentale

Abstract

Introduction

La santé mentale de la population a été érigée grande cause nationale pour l’année 2025. Les troubles psychiques concerne un français sur 5, plus d’un quart consomme des anxiolytiques, des antidépresseurs, des somnifères et autres médicaments psychotropes [1]. La prise en charge de l’état de santé mentale est un élément important dans l’accompagnement des personnes porteuses de maladies systémiques et chroniques. À l’interface entre la médecine ambulatoire et hospitalière, la cure thermale à orientation psychosomatique d’une durée de 3 semaines fait partie intégrante du parcours de soins, notamment pour les personnes souffrant d’épuisement mental. Cette approche associe l’expertise médicale, psychologique et psychoéducative à l’hydrothérapie. La médecine thermale partage avec la médecine interne une approche holistique des pathologies, guidée par la doléance et la sémiologie.

Matériels et méthodes

Revue bibliographique des travaux de recherche français portant sur l’efficacité de la cure thermale en santé mentale.

Résultats

L’étude STOP-TAG est une étude randomisée portant sur 237 patients souffrant de troubles anxieux généralisés qui compare un groupe de curistes et à un groupe traité par paroxétine [2]. Les résultats montrent que la cure thermale est plus efficace que la paroxétine pour traiter le trouble anxieux généralisé avec un effet perdurant à 6 mois. La variation moyenne du score à l’échelle de Hamilton de l’anxiété montre une amélioration dans les deux groupes avec un avantage significatif de la cure thermale par rapport à la paroxétine (−12,0 vs −8,7 ; p < 0,001). Le pourcentage de sujets et de répondeurs en rémission est également plus important, et ce de manière significative, dans le groupe cure thermale (respectivement 19 % vs 7 % et 51 % vs 28 %). L’étude Insula-TOP a explorée, chez 38 patients, l’impact de la cure thermale sur les mécanismes cérébraux de l’anxiété généralisée par IRM fonctionnelle (activité BOLD) au début et en fin de cure, à 2 mois [3]. Elle détecte un effet au niveau de la zone de l’insula, structure cérébrale impliquée dans les troubles anxieux. Les effets sont comparables dans les groupes cure thermale et paroxétine, corrélés avec l’évolution clinique et plus marqués à 2 mois, montrant l’effet structurant de la cure thermale. L’étude SPECTh a étudié le sevrage de psychotropes par une cure thermale associée à un programme psycho-éducatif [4]. Six mois après la cure, la consommation globale de benzodiazépines a diminué de 75,3 % et est totalement arrêté par 41 % des 70 patients inclus dans l’étude. Ce programme a été validé par la Caisse nationale d’assurance maladie et fait l’objet d’un remboursement spécifique à 50 %. L’étude LetGoTherm explore le lâcher-prise thérapeutique, c’est-à-dire l’attitude durable acquise lors de la cure thermale qui permet d’obtenir, outre un ressenti de relâchement, un niveau de fluidité de conscience amélioré. La précocité de la détente rencontrée au cours de la cure est un facteur prédictif de l’amélioration clinique au décours de la cure. Les résultats suggèrent que l’état psychosomatique et le lâcher-prise induits par la cure thermale aident les patients à devenir plus disponibles et plus aptes à changer leur état psychophysiologique [5].

Discussion

La cure thermale a démontré son efficacité dans le traitement des troubles anxieux et le sevrage de benzodiazépines. Le mécanisme d’action implique l’insula. La notion de lâcher-prise, d’abandon de la volonté du patient à vouloir contrôler les événements, différencie cette thérapie des approches psychologiques, plus intellectuelles orientant le patient vers un effort de maîtrise, de contrôle de soi et de ses pensées.

Conclusion

La cure constitue un séjour de rupture avec prise en charge interactive médicale, psychologique, environnementale, corporelle et psychoéducative. L’intérêt de la médecine thermale est démontré dans les pathologies mentales réactionnelles. La cure thermale a peu d’effets indésirables et doit être considérée comme une possibilité thérapeutique à part entière.