Le diagnostic des uvéites sarcoïdosiques : analyse comparative des critères diagnostiques modifiés d’Abad, des critères diagnostiques révisés IWOS et de la classification SUN sur une cohorte multicentrique de 409 patients
M. Cargnelutti , R. Jacquot , T. El-Jammal , L. Kodjikian , S. Abramowicz , P. Sève
{"title":"Le diagnostic des uvéites sarcoïdosiques : analyse comparative des critères diagnostiques modifiés d’Abad, des critères diagnostiques révisés IWOS et de la classification SUN sur une cohorte multicentrique de 409 patients","authors":"M. Cargnelutti , R. Jacquot , T. El-Jammal , L. Kodjikian , S. Abramowicz , P. Sève","doi":"10.1016/j.revmed.2025.03.048","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Une uvéite affecte 20 à 30 % des patients atteints de sarcoïdose et peut entraîner une baisse d’acuité visuelle. Aucun signe ophtalmologique n’est spécifique d’uvéite sarcoïdosique. Le diagnostic repose sur une combinaison de critères ophtalmologiques et paracliniques. Plusieurs groupes ont développé des critères d’aide au diagnostic d’uvéite sarcoïdosique. Il s’agit des critères diagnostiques modifiés d’Abad <span><span>[1]</span></span>, des critères diagnostiques révisés de l’International Workshop on Ocular Sarcoidosis (IWOS) <span><span>[2]</span></span> et des critères de classification de la Standardization of Uveitis Nomenclature (SUN) <span><span>[3]</span></span>. Cette étude a pour objectif de comparer ces trois jeux de critères pour le diagnostic d’uvéite sarcoïdosique.</div></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><div>Nous avons mené une étude de cohorte rétrospective multicentrique en analysant les dossiers de patients ayant une uvéite sarcoïdosique, pris en charge entre janvier 2003 et juillet 2024 aux Hospices Civils de Lyon. Les critères d’inclusion étaient la présence d’une uvéite sarcoïdosique, diagnostiquée sur avis d’experts (collaboration entre interniste et ophtalmologue) et répondant aux critères d’Abad modifiés, IWOS et/ou SUN. Chaque patient a été classé selon ces critères en uvéite sarcoïdosique prouvée (si preuve histologique de sarcoïdose), présumée ou probable.</div><div>Selon les critères d’Abad <span><span>[1]</span></span>, toute uvéite est « présumée » sarcoïdosique en présence de deux critères paracliniques (parmi une élévation de l’enzyme de conversion de l’angiotensine sérique (ECA), un scanner thoracique ou une imagerie nucléaire compatibles, une alvéolite lymphocytaire) et indéterminée en présence d’un seul critère.</div><div>Selon les critères IWOS <span><span>[2]</span></span>, l’uvéite sarcoïdosique est « présumée » en présence de deux signes ophtalmologiques compatibles et d’adénopathies hilaires bilatérales. Elle est considérée « probable » en présence de trois signes ophtalmologiques et de deux critères paracliniques parmi huit.</div><div>Selon les critères SUN <span><span>[3]</span></span>, l’uvéite est « présumée » sarcoïdosique en présence d’adénopathies hilaires bilatérales. Il n’y a pas de catégorie probable. Les cas d’uvéites non prouvées histologiquement avec un test de dépistage tuberculeux positif sont exclus.</div><div>Résultats 409 patients ont été inclus, avec un âge moyen de 51,8 <span>ans</span>, dont 61 % de femmes et une majorité d’origine caucasienne (64 %). L’uvéite était le symptôme initial de la sarcoïdose chez 73 % des patients, souvent bilatérale (79 %), chronique (62 %) et granulomateuse (74 %). Il y avait 43 % de panuvéites et 34 % d’uvéites antérieures.</div><div>La majorité des patients avait des adénopathies hilaires bilatérales au scanner (64 %) et une élévation de l’ECA (59 %). Le TEP scanner, réalisé chez 262 patients, montrait des arguments en faveur d’une sarcoïdose dans 89 % des cas.</div><div>L’uvéite sarcoïdosique était prouvée histologiquement dans 69 % des cas. Les critères d’Abad étaient les plus sensibles avec 22 % d’uvéite présumée, 8 % d’uvéite probable et seulement 3 patients exclus (1 %). Les critères IWOS retrouvaient 13 % d’uvéite présumée, 8 % d’uvéite probable et 40 patients (10 %) étaient exclus. Les critères SUN étaient les moins sensibles avec 14 % d’uvéite présumée et 67 patients exclus (17 %).</div><div>Les exclusions des critères IWOS étaient dues à un nombre insuffisant de critères ophtalmologiques (26/40) et/ou à l’absence d’adénopathies hilaires bilatérales (29/40). Ces patients étaient cependant tous inclus par les critères d’Abad, qui intègrent tout type d’uvéite et d’autres présentations radiologiques compatibles, comme les adénopathies médiastinales isolées (10/40).</div><div>Les exclusions des critères SUN étaient dues à l’absence d’adénopathies hilaires bilatérales (61/67) et/ou à un test de dépistage tuberculeux positif (20/67), qui était le plus souvent un test Quantiféron® (15/20). Ces patients étaient cependant tous inclus par les critères d’Abad, qui comportent un TEP scanner compatible (45/67).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Les critères diagnostiques d’Abad sont les plus sensibles pour le diagnostic d’uvéite sarcoïdosique. Les critères diagnostiques IWOS ont une moindre sensibilité liée à des critères ophtalmologiques et radiologiques plus restrictifs. 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Abstract
Introduction
Une uvéite affecte 20 à 30 % des patients atteints de sarcoïdose et peut entraîner une baisse d’acuité visuelle. Aucun signe ophtalmologique n’est spécifique d’uvéite sarcoïdosique. Le diagnostic repose sur une combinaison de critères ophtalmologiques et paracliniques. Plusieurs groupes ont développé des critères d’aide au diagnostic d’uvéite sarcoïdosique. Il s’agit des critères diagnostiques modifiés d’Abad [1], des critères diagnostiques révisés de l’International Workshop on Ocular Sarcoidosis (IWOS) [2] et des critères de classification de la Standardization of Uveitis Nomenclature (SUN) [3]. Cette étude a pour objectif de comparer ces trois jeux de critères pour le diagnostic d’uvéite sarcoïdosique.
Patients et méthodes
Nous avons mené une étude de cohorte rétrospective multicentrique en analysant les dossiers de patients ayant une uvéite sarcoïdosique, pris en charge entre janvier 2003 et juillet 2024 aux Hospices Civils de Lyon. Les critères d’inclusion étaient la présence d’une uvéite sarcoïdosique, diagnostiquée sur avis d’experts (collaboration entre interniste et ophtalmologue) et répondant aux critères d’Abad modifiés, IWOS et/ou SUN. Chaque patient a été classé selon ces critères en uvéite sarcoïdosique prouvée (si preuve histologique de sarcoïdose), présumée ou probable.
Selon les critères d’Abad [1], toute uvéite est « présumée » sarcoïdosique en présence de deux critères paracliniques (parmi une élévation de l’enzyme de conversion de l’angiotensine sérique (ECA), un scanner thoracique ou une imagerie nucléaire compatibles, une alvéolite lymphocytaire) et indéterminée en présence d’un seul critère.
Selon les critères IWOS [2], l’uvéite sarcoïdosique est « présumée » en présence de deux signes ophtalmologiques compatibles et d’adénopathies hilaires bilatérales. Elle est considérée « probable » en présence de trois signes ophtalmologiques et de deux critères paracliniques parmi huit.
Selon les critères SUN [3], l’uvéite est « présumée » sarcoïdosique en présence d’adénopathies hilaires bilatérales. Il n’y a pas de catégorie probable. Les cas d’uvéites non prouvées histologiquement avec un test de dépistage tuberculeux positif sont exclus.
Résultats 409 patients ont été inclus, avec un âge moyen de 51,8 ans, dont 61 % de femmes et une majorité d’origine caucasienne (64 %). L’uvéite était le symptôme initial de la sarcoïdose chez 73 % des patients, souvent bilatérale (79 %), chronique (62 %) et granulomateuse (74 %). Il y avait 43 % de panuvéites et 34 % d’uvéites antérieures.
La majorité des patients avait des adénopathies hilaires bilatérales au scanner (64 %) et une élévation de l’ECA (59 %). Le TEP scanner, réalisé chez 262 patients, montrait des arguments en faveur d’une sarcoïdose dans 89 % des cas.
L’uvéite sarcoïdosique était prouvée histologiquement dans 69 % des cas. Les critères d’Abad étaient les plus sensibles avec 22 % d’uvéite présumée, 8 % d’uvéite probable et seulement 3 patients exclus (1 %). Les critères IWOS retrouvaient 13 % d’uvéite présumée, 8 % d’uvéite probable et 40 patients (10 %) étaient exclus. Les critères SUN étaient les moins sensibles avec 14 % d’uvéite présumée et 67 patients exclus (17 %).
Les exclusions des critères IWOS étaient dues à un nombre insuffisant de critères ophtalmologiques (26/40) et/ou à l’absence d’adénopathies hilaires bilatérales (29/40). Ces patients étaient cependant tous inclus par les critères d’Abad, qui intègrent tout type d’uvéite et d’autres présentations radiologiques compatibles, comme les adénopathies médiastinales isolées (10/40).
Les exclusions des critères SUN étaient dues à l’absence d’adénopathies hilaires bilatérales (61/67) et/ou à un test de dépistage tuberculeux positif (20/67), qui était le plus souvent un test Quantiféron® (15/20). Ces patients étaient cependant tous inclus par les critères d’Abad, qui comportent un TEP scanner compatible (45/67).
Conclusion
Les critères diagnostiques d’Abad sont les plus sensibles pour le diagnostic d’uvéite sarcoïdosique. Les critères diagnostiques IWOS ont une moindre sensibilité liée à des critères ophtalmologiques et radiologiques plus restrictifs. La moindre sensibilité des critères SUN est liée à des critères radiologiques plus restrictifs et à l’exclusion des patients ayant un test tuberculeux positif, ici, essentiellement le test Quantiféron®.
期刊介绍:
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