T. Chazal , G. Clavel , C. Bernier , A. Melhani , K. Megzari , S. Daoud , J. Toutain , M.A. Gargouri , C. Titah
{"title":"Place de l’infliximab dans la prise en charge des uvéites non infectieuses : une série rétrospective en vie réelle de 67 patients","authors":"T. Chazal , G. Clavel , C. Bernier , A. Melhani , K. Megzari , S. Daoud , J. Toutain , M.A. Gargouri , C. Titah","doi":"10.1016/j.revmed.2025.03.053","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les uvéites non infectieuses (UNI) justifient souvent de l’utilisation d’un traitement immunosuppresseur en cas d’échec ou de mauvaise tolérance de la corticothérapie, ou d’emblée en cas d’atteinte sévère. À ce jour, l’Adalimumab, un anticorps monoclonal ciblant le TNF-alpha administré par voie sous-cutanée, est le seul traitement disposant d’une autorisation de mise sur le marché dans cette indication. L’infliximab, un autre anti-TNF jusqu’à récemment disponible uniquement par voie intraveineuse, est couramment utilisé dans les UNI, notamment en cas d’échec de l’Adalimumab ou chez des patients ayant des difficultés d’observance. Cette étude vise à évaluer la place de l’infliximab dans la stratégie thérapeutique des UNI en vie réelle.</div></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><div>Nous avons mené une étude rétrospective incluant des patients atteints d’UNI ayant débuté un traitement par infliximab par voie intraveineuse entre janvier 2013 et octobre 2024 dans un centre d’ophtalmologie tertiaire français. Les patients ont été identifiés par les données PMSI. La rémission complète était définie par l’absence de signes d’inflammation oculaire, d’œdème maculaire ou papillaire et de vascularite rétinienne active. La rechute était caractérisée comme la réapparition d’une inflammation oculaire après un intervalle libre d’au moins un mois.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 67 patients (âge moyen 42 ans, 48 % d’hommes) ont été inclus. La majorité présentait une panuvéite (67 %) ou une uvéite postérieure (16 %), principalement bilatérale (91 %), avec une durée médiane d’évolution de 30 mois avant l’initiation de l’infliximab (range 0–221). Les causes principales d’uvéite étaient idiopathiques (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->26, 39 %), sarcoïdose (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->13, 19 %), maladie de Behcet (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8, 12 %) et VKH (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->8, 12 %). L’infliximab a été utilisé en première ligne de traitement chez 13 patients (19 %), en 2ème ligne chez 32 patients (48 %) et en 3ème ligne ou plus chez 22 patients (33 %). Vingt-huit patients (42 %) avaient déjà reçu une biothérapie : Adalimumab <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->20 (71 %), tocilizumab <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4 (14 %), autre <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->4 (14 %), interrompue en raison d’une immunisation chez 2 patients (7 %) et d’un échec chez les autres (93 %).</div><div>Une rémission ophtalmologique complète était notée chez 31/58 patients (53 %) à 6 mois. Chez les patients ayant précédemment reçu de l’adalimumab, 14/17 (82 %) avaient une amélioration des paramètres inflammatoires ophtalmologiques et 9/17 (53 %) étaient en rémission complète à 6 mois. Parmi les patients ayant reçu au moins 2 lignes de traitement avant l’infliximab, 15/19 avaient une amélioration des paramètres inflammatoires et 9/19 (47 %) une rémission complète. 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La présence d’un œdème maculaire semble être un facteur prédictif de mauvaise réponse et doit faire discuter d’emblée des alternatives thérapeutiques comme le tocilizumab. Le suivi des concentrations sériques d’infliximab a mis en évidence un lien entre des taux faibles et une activité inflammatoire persistante, suggérant l’intérêt d’un monitoring du dosage du médicament pour optimiser l’efficacité du traitement et définir des cibles de concentration sérique.</div></div>","PeriodicalId":54458,"journal":{"name":"Revue De Medecine Interne","volume":"46 ","pages":"Pages A96-A97"},"PeriodicalIF":0.9000,"publicationDate":"2025-05-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue De Medecine Interne","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0248866325001341","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"MEDICINE, GENERAL & INTERNAL","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Les uvéites non infectieuses (UNI) justifient souvent de l’utilisation d’un traitement immunosuppresseur en cas d’échec ou de mauvaise tolérance de la corticothérapie, ou d’emblée en cas d’atteinte sévère. À ce jour, l’Adalimumab, un anticorps monoclonal ciblant le TNF-alpha administré par voie sous-cutanée, est le seul traitement disposant d’une autorisation de mise sur le marché dans cette indication. L’infliximab, un autre anti-TNF jusqu’à récemment disponible uniquement par voie intraveineuse, est couramment utilisé dans les UNI, notamment en cas d’échec de l’Adalimumab ou chez des patients ayant des difficultés d’observance. Cette étude vise à évaluer la place de l’infliximab dans la stratégie thérapeutique des UNI en vie réelle.
Patients et méthodes
Nous avons mené une étude rétrospective incluant des patients atteints d’UNI ayant débuté un traitement par infliximab par voie intraveineuse entre janvier 2013 et octobre 2024 dans un centre d’ophtalmologie tertiaire français. Les patients ont été identifiés par les données PMSI. La rémission complète était définie par l’absence de signes d’inflammation oculaire, d’œdème maculaire ou papillaire et de vascularite rétinienne active. La rechute était caractérisée comme la réapparition d’une inflammation oculaire après un intervalle libre d’au moins un mois.
Résultats
Au total, 67 patients (âge moyen 42 ans, 48 % d’hommes) ont été inclus. La majorité présentait une panuvéite (67 %) ou une uvéite postérieure (16 %), principalement bilatérale (91 %), avec une durée médiane d’évolution de 30 mois avant l’initiation de l’infliximab (range 0–221). Les causes principales d’uvéite étaient idiopathiques (n = 26, 39 %), sarcoïdose (n = 13, 19 %), maladie de Behcet (n = 8, 12 %) et VKH (n = 8, 12 %). L’infliximab a été utilisé en première ligne de traitement chez 13 patients (19 %), en 2ème ligne chez 32 patients (48 %) et en 3ème ligne ou plus chez 22 patients (33 %). Vingt-huit patients (42 %) avaient déjà reçu une biothérapie : Adalimumab n = 20 (71 %), tocilizumab n = 4 (14 %), autre n = 4 (14 %), interrompue en raison d’une immunisation chez 2 patients (7 %) et d’un échec chez les autres (93 %).
Une rémission ophtalmologique complète était notée chez 31/58 patients (53 %) à 6 mois. Chez les patients ayant précédemment reçu de l’adalimumab, 14/17 (82 %) avaient une amélioration des paramètres inflammatoires ophtalmologiques et 9/17 (53 %) étaient en rémission complète à 6 mois. Parmi les patients ayant reçu au moins 2 lignes de traitement avant l’infliximab, 15/19 avaient une amélioration des paramètres inflammatoires et 9/19 (47 %) une rémission complète. Le seul facteur prédictif d’absence de réponse à l’infliximab était la présence d’un œdème maculaire au moment de l’initiation du traitement (p = 0,002 en analyse univariée).
La durée médiane de traitement par Infliximab était de 16 mois (IQR 1–111). Le traitement était interrompu chez 34 patients (51 %) en raison d’un échec primaire (n = 8, 24 %), d’une rechute inflammatoire (n = 10, 29 %), d’effets secondaires (n = 3, 9 %), d’une immunisation (n = 10, 29 %), d’une rémission prolongée (n = 4, 12 %) ou d’une rupture de suivi (n = 2, 6 %).
Une rechute de l’inflammation oculaire était survenue chez 28 patients (34 %) sous infliximab, avec un délai médian de 5 mois. Un dosage d’infliximab était réalisé chez 14/28 patients (50 %) à la rechute et retrouvait un taux médian à 6,2 μg/mL (range 1,9–13,8), avec un taux infrathérapeutique (< 3 μg/mL) chez 5 patients (36 %) dont un patient seulement avec des anticorps anti-infliximab à fort taux. Au moins un dosage d’infliximab était réalisé chez 33 patients (49 %) au cours du traitement. Le dosage médian d’infliximab était significativement plus bas chez les patients présentant des signes d’activité inflammatoire que chez les patients en rémission complète (3 μg/L vs 5 μg/L, p = 0,04).
Conclusion
Les résultats de notre étude suggèrent que l’Infliximab est une option thérapeutique efficace chez les patients avec une UNI, y compris en cas d’échec d’autres anti-TNF. La présence d’un œdème maculaire semble être un facteur prédictif de mauvaise réponse et doit faire discuter d’emblée des alternatives thérapeutiques comme le tocilizumab. Le suivi des concentrations sériques d’infliximab a mis en évidence un lien entre des taux faibles et une activité inflammatoire persistante, suggérant l’intérêt d’un monitoring du dosage du médicament pour optimiser l’efficacité du traitement et définir des cibles de concentration sérique.
期刊介绍:
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La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.