Uvéites de la sclérose en plaques : est-ce que l’inflammation oculaire évolue de façon concomitante à l’atteinte neurologique ? À propos d’une série rétrospective multicentrique de 49 patients
W. Gil , R. Jacquot , L. Trefond , L. Olagne , P. Clavelou , S. Trouillier , A. Bardy , A. Marc , G. Androdias , C. Vasseneix , L. Kodjikian , T. El-Jammal , S. Vukusic , P. Sève
{"title":"Uvéites de la sclérose en plaques : est-ce que l’inflammation oculaire évolue de façon concomitante à l’atteinte neurologique ? À propos d’une série rétrospective multicentrique de 49 patients","authors":"W. Gil , R. Jacquot , L. Trefond , L. Olagne , P. Clavelou , S. Trouillier , A. Bardy , A. Marc , G. Androdias , C. Vasseneix , L. Kodjikian , T. El-Jammal , S. Vukusic , P. Sève","doi":"10.1016/j.revmed.2025.03.051","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les atteintes ophtalmologiques au cours de la sclérose en plaques (SEP) sont fréquentes. Une uvéite est rapportée dans 0,53 à 1,34 % des patients <span><span>[1]</span></span>, classiquement bilatérale et intermédiaire. L’uvéite peut précéder le diagnostic de SEP dans 30 à 48 % des cas, survenir au cours de son évolution dans 48–69 % ou être concomitante dans de plus rares cas <span><span>[1]</span></span>. La temporalité des poussées d’uvéite et de SEP est peu documentée. L’objectif de cette étude est de décrire les caractéristiques cliniques des uvéites associées à la SEP et la temporalité des poussées neurologiques et des poussées d’uvéites.</div></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><div>Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique. Les cas d’uvéites associées à la SEP ont été identifiés au sein de la cohorte « Lyon Uvéite », comportant plus de 2000 cas d’uvéites au moment de l’étude, de la base de données EDMUS (<em>European Database for Multiple Sclerosis</em>) de Lyon pour la SEP et à partir d’un appel à observations. Les critères d’inclusion étaient : un âge<!--> <!-->≥<!--> <!-->18 ans, un diagnostic de SEP répondant aux critères de Mac Donald en vigueur au moment du diagnostic <span><span>[2]</span></span>, et une uvéite diagnostiquée par un ophtalmologiste. Étaient exclues : les uvéites d’origine infectieuse, les autres uvéites inflammatoires (en particulier la sarcoïdose suspectée ou prouvée histologiquement), les pseudo-uvéites et les uvéites iatrogènes. Les poussées d’uvéites et neurologiques étaient considérées comme conjointes, lorsqu’elles étaient séparées de moins de 3 mois <span><span>[3]</span></span>.</div><div>Résultats 49 cas (41 femmes et 8 hommes) de SEP avec uvéite ont été identifiés. L’âge médian au diagnostic d’uvéite était de 33 ans [29–44] et celui de SEP était de 33 ans [29–42]. Les patients étaient majoritairement d’origine caucasienne (63,3 %) ou d’Afrique du Nord (36,7 %). Les uvéites étaient diagnostiquées avant (51 %), de façon concomitante (16 %) ou après (32,7 %) le diagnostic de SEP. L’acuité visuelle moyenne au diagnostic était de 0,3–0,22 logMAR. L’uvéite était principalement bilatérale (73,5 %), chronique (75,5 %), granulomateuse (55,1 %), synéchiante (49 %) avec vascularite veineuse (44,9 %), rarement occlusive (4 %), compliquée d’un œdème maculaire (30,6 %) ou papillaire (22,4 %). La localisation anatomique était : totale (49 %), intermédiaire (14,3 %), antérieure (12,2 %), antérieure<!--> <!-->+<!--> <!-->intermédiaire (10,2 %), intermédiaire<!--> <!-->+<!--> <!-->postérieure (2 %) et postérieure (2 %). On identifiait un phénotype dit « sarcoïdosique » (46,9 %), (uvéites antérieures ou panuvéite granulomateuses chroniques). Concernant la SEP, la forme rémittente-récurrente était la plus fréquente (71,4 %). Une NORB était présente dans 34,7 % des cas au cours du suivi. Après un suivi médian de 19 ans [10–25], 162 poussées d’uvéite dont 24 sous la forme de poussées antérieures isolées et 145 poussées de SEP ont été comptabilisées, incluant 18 poussées conjointes. Dix de ces 18 poussées (55,6 %) étaient révélatrices du diagnostic de SEP. Huit poussées conjointes parmi les 144 poussées d’uvéites (6,2 %) survenaient une fois le diagnostic de SEP affirmée. Trente-neuf poussées d’uvéite sont survenues sous corticothérapie générale, 27 sous corticothérapie locale, 48 sous immunosuppresseurs et 12 sous immunomodulateurs, soit un total de 17 poussées sous traitements immunoactifs de la SEP (traitements hors AMM exclus).</div></div><div><h3>Discussion</h3><div>Une majorité des uvéites observée dans notre étude a un phénotype sarcoïdosique, défini comme des uvéites antérieures ou totales, chroniques et granulomateuses. Cet aspect granulomateux d’aspect sarcoïdosique a été rapporté dans la littérature dans environ 40–50 % des cas <span><span>[1]</span></span>. Notre étude montre que les poussées d’uvéite et neurologiques sont, une fois le diagnostic de SEP établi, dissociées dans plus de 90 % des cas. Ces données suggèrent une évolution dissociée des 2 affections. L’analyse de l’impact des traitements immunoactifs de la SEP sur le pronostic des uvéites est en cours.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Les uvéites de phénotype sarcoïdosique, chroniques et granulomateuses, constituent une majorité des uvéites de la SEP, ce qui peut égarer le diagnostic. 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Abstract
Introduction
Les atteintes ophtalmologiques au cours de la sclérose en plaques (SEP) sont fréquentes. Une uvéite est rapportée dans 0,53 à 1,34 % des patients [1], classiquement bilatérale et intermédiaire. L’uvéite peut précéder le diagnostic de SEP dans 30 à 48 % des cas, survenir au cours de son évolution dans 48–69 % ou être concomitante dans de plus rares cas [1]. La temporalité des poussées d’uvéite et de SEP est peu documentée. L’objectif de cette étude est de décrire les caractéristiques cliniques des uvéites associées à la SEP et la temporalité des poussées neurologiques et des poussées d’uvéites.
Patients et méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique. Les cas d’uvéites associées à la SEP ont été identifiés au sein de la cohorte « Lyon Uvéite », comportant plus de 2000 cas d’uvéites au moment de l’étude, de la base de données EDMUS (European Database for Multiple Sclerosis) de Lyon pour la SEP et à partir d’un appel à observations. Les critères d’inclusion étaient : un âge ≥ 18 ans, un diagnostic de SEP répondant aux critères de Mac Donald en vigueur au moment du diagnostic [2], et une uvéite diagnostiquée par un ophtalmologiste. Étaient exclues : les uvéites d’origine infectieuse, les autres uvéites inflammatoires (en particulier la sarcoïdose suspectée ou prouvée histologiquement), les pseudo-uvéites et les uvéites iatrogènes. Les poussées d’uvéites et neurologiques étaient considérées comme conjointes, lorsqu’elles étaient séparées de moins de 3 mois [3].
Résultats 49 cas (41 femmes et 8 hommes) de SEP avec uvéite ont été identifiés. L’âge médian au diagnostic d’uvéite était de 33 ans [29–44] et celui de SEP était de 33 ans [29–42]. Les patients étaient majoritairement d’origine caucasienne (63,3 %) ou d’Afrique du Nord (36,7 %). Les uvéites étaient diagnostiquées avant (51 %), de façon concomitante (16 %) ou après (32,7 %) le diagnostic de SEP. L’acuité visuelle moyenne au diagnostic était de 0,3–0,22 logMAR. L’uvéite était principalement bilatérale (73,5 %), chronique (75,5 %), granulomateuse (55,1 %), synéchiante (49 %) avec vascularite veineuse (44,9 %), rarement occlusive (4 %), compliquée d’un œdème maculaire (30,6 %) ou papillaire (22,4 %). La localisation anatomique était : totale (49 %), intermédiaire (14,3 %), antérieure (12,2 %), antérieure + intermédiaire (10,2 %), intermédiaire + postérieure (2 %) et postérieure (2 %). On identifiait un phénotype dit « sarcoïdosique » (46,9 %), (uvéites antérieures ou panuvéite granulomateuses chroniques). Concernant la SEP, la forme rémittente-récurrente était la plus fréquente (71,4 %). Une NORB était présente dans 34,7 % des cas au cours du suivi. Après un suivi médian de 19 ans [10–25], 162 poussées d’uvéite dont 24 sous la forme de poussées antérieures isolées et 145 poussées de SEP ont été comptabilisées, incluant 18 poussées conjointes. Dix de ces 18 poussées (55,6 %) étaient révélatrices du diagnostic de SEP. Huit poussées conjointes parmi les 144 poussées d’uvéites (6,2 %) survenaient une fois le diagnostic de SEP affirmée. Trente-neuf poussées d’uvéite sont survenues sous corticothérapie générale, 27 sous corticothérapie locale, 48 sous immunosuppresseurs et 12 sous immunomodulateurs, soit un total de 17 poussées sous traitements immunoactifs de la SEP (traitements hors AMM exclus).
Discussion
Une majorité des uvéites observée dans notre étude a un phénotype sarcoïdosique, défini comme des uvéites antérieures ou totales, chroniques et granulomateuses. Cet aspect granulomateux d’aspect sarcoïdosique a été rapporté dans la littérature dans environ 40–50 % des cas [1]. Notre étude montre que les poussées d’uvéite et neurologiques sont, une fois le diagnostic de SEP établi, dissociées dans plus de 90 % des cas. Ces données suggèrent une évolution dissociée des 2 affections. L’analyse de l’impact des traitements immunoactifs de la SEP sur le pronostic des uvéites est en cours.
Conclusion
Les uvéites de phénotype sarcoïdosique, chroniques et granulomateuses, constituent une majorité des uvéites de la SEP, ce qui peut égarer le diagnostic. Les rechutes des uvéites sont dissociées des rechutes neurologiques dans la très grande majorité des cas, suggérant des évolutions dissociées.
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