T. Umdenstock , A. Hamelin , F. Lemercier , S. Tchangai Kao , A. Pannetier , C. Crosnier , F. Perrin , J. Graveleau
{"title":"Étude de la prévalence de l’hypovitaminose C et du scorbut dans un service de Médecine Polyvalente","authors":"T. Umdenstock , A. Hamelin , F. Lemercier , S. Tchangai Kao , A. Pannetier , C. Crosnier , F. Perrin , J. Graveleau","doi":"10.1016/j.revmed.2025.03.064","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>La vitamine C n’est ni synthétisée ni stockée par l’organisme. Le maintien de son pool dépend uniquement des apports alimentaires (fruits et légumes frais principalement). L’hypovitaminose C (ascorbémie<!--> <!--><<!--> <!-->5<!--> <!-->mg/L) puis la carence (<<!--> <!-->2<!--> <!-->mg/L) peuvent conduire au scorbut, ensemble des manifestations cliniques liées à cette carence, qui survient après 1 à 3 mois de carence.</div><div>La carence en vitamine C est responsable de signes généraux (asthénie, anorexie, syndrome dépressif), hémorragiques (purpura, ecchymoses, hématomes), stomatologiques (gingivite hypertrophique, parodontolyse), cutanés (hyperkératose folliculaire, ichtyose, œdèmes, poils en tire-bouchon), ostéoarticulaires (arthromyalgies, hémarthroses)…</div><div>Du fait de la fréquence des situations à risque, de l’observation clinique de scorbuts, et de la méconnaissance globale du diagnostic, nous avons mené une étude épidémiologique prospective non interventionnelle monocentrique, dans un service de médecine polyvalente non gériatrique d’un hôpital général, pour évaluer la prévalence de l’hypovitaminose C et du scorbut, précédée par un état des lieux des connaissances.</div></div><div><h3>Matériels et méthodes</h3><div>L’état des lieux des connaissances a consisté en un questionnaire rempli par 82 médecins (35,4 % d’internes<!--> <!-->≥<!--> <!-->3<sup>e</sup> semestre et 64,6 % de PH cliniciens).</div><div>Tous les patients majeurs hospitalisés dans le service de médecine polyvalente entre le 1er février et le 3 mars 2021 ont eu dans les 1ères 72<!--> <!-->h d’hospitalisation un dosage de vitamine C. Parallèlement, les médecins prenant en charge ces patients remplissaient à l’admission une fiche standard comprenant des éléments anamnestiques, cliniques et biologiques. Il leur était demandé d’évaluer a priori la probabilité que le patient soit carencé en vitamine C.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au total, 17,1 % des médecins déclaraient avoir déjà diagnostiqué un scorbut, 87,8 % considéraient cette maladie comme rare. 70,7 % n’avaient jamais prescrit de dosage de vitamine C. 59,8 % ne prescrivaient jamais de vitamine C. 14,6 % étaient capables de citer quatre signes cliniques de scorbut, et 6,1 % n’en connaissaient aucun.</div><div>197 patients ont été hospitalisés sur la période, et 150 ont été retenus, dont 46,7 % d’hommes (cf flow chart). Leur âge moyen était de 69,4 ans.</div><div>Le dosage de vitamine C était normal dans 43,3 %. On notait une hypovitaminose dans 56,7 % des cas et une carence dans 24 % des cas. Parmi les 36 patients avec ascorbémie<!--> <!--><<!--> <!-->2<!--> <!-->mg/L, 12 n’avaient pas de tableau clinique compatible, ou une autre cause aux symptômes, et 11 ont été exclus du fait d’un syndrome inflammatoire biologique, pouvant fausser le dosage. Le diagnostic de scorbut a été retenu chez 13 patient (8,7 %), vraisemblablement sous-estimé. Parmi ces 13 patients, 7 hommes, 10 fumeurs et 10 patients éthylique chronique. 12 présentaient un syndrome hémorragique, 10 une atteinte buccale. La vitamine C était indosable chez 8 d’entre eux.</div><div>Les facteurs de risque d’hypovitaminose C mis en évidence étaient le sexe masculin, le tabagisme actif, l’éthylisme chronique. Le signe clinique significativement associé à la carence en vitamine C était les poils en tire-bouchon (OR 5,97 [1,35–26,36]). L’hypoalbuminémie<!--> <!--><<!--> <!-->35<!--> <!-->g/L était associée à un surrisque d’hypovitaminose C. La carence en folates était fortement associée à l’hypovitaminose C.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Nous constatons une méconnaissance de la carence en vitamine C et de ses conséquences cliniques. La prévalence de l’hypovitaminose C, de la carence, et surtout du scorbut est élevée dans un service de médecine. Des résultats comparables avaient été rapportés dans un service de médecine interne de Seine Saint-Denis. Les facteurs de risque, notamment tabagisme actif et éthylisme, sont bien connus. L’association à une carence en folates, beaucoup plus facile à doser, est très intéressante. La HAS ne recommande pas le dosage de vitamine C (onéreux, délicat, sous-estimé par le syndrome inflammatoire), mais une supplémentation en situation à risque.</div><div>Il nous semble que tout patient dénutri, présentant une carence en folates, un risque de carence sur les éléments anamnestiques, à fortiori un syndrome hémorragique devrait être supplémenté en vitamine C, les contre indications étant très rares. Des études prospectives seraient nécessaires pour évaluer l’intérêt clinique de cette supplémentation, notamment en cas de situation hémorragique, de retard de cicatrisation, de syndrome infectieux…</div></div>","PeriodicalId":54458,"journal":{"name":"Revue De Medecine Interne","volume":"46 ","pages":"Pages A103-A104"},"PeriodicalIF":0.9000,"publicationDate":"2025-05-16","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Revue De Medecine Interne","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0248866325001456","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"MEDICINE, GENERAL & INTERNAL","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Introduction
La vitamine C n’est ni synthétisée ni stockée par l’organisme. Le maintien de son pool dépend uniquement des apports alimentaires (fruits et légumes frais principalement). L’hypovitaminose C (ascorbémie < 5 mg/L) puis la carence (< 2 mg/L) peuvent conduire au scorbut, ensemble des manifestations cliniques liées à cette carence, qui survient après 1 à 3 mois de carence.
La carence en vitamine C est responsable de signes généraux (asthénie, anorexie, syndrome dépressif), hémorragiques (purpura, ecchymoses, hématomes), stomatologiques (gingivite hypertrophique, parodontolyse), cutanés (hyperkératose folliculaire, ichtyose, œdèmes, poils en tire-bouchon), ostéoarticulaires (arthromyalgies, hémarthroses)…
Du fait de la fréquence des situations à risque, de l’observation clinique de scorbuts, et de la méconnaissance globale du diagnostic, nous avons mené une étude épidémiologique prospective non interventionnelle monocentrique, dans un service de médecine polyvalente non gériatrique d’un hôpital général, pour évaluer la prévalence de l’hypovitaminose C et du scorbut, précédée par un état des lieux des connaissances.
Matériels et méthodes
L’état des lieux des connaissances a consisté en un questionnaire rempli par 82 médecins (35,4 % d’internes ≥ 3e semestre et 64,6 % de PH cliniciens).
Tous les patients majeurs hospitalisés dans le service de médecine polyvalente entre le 1er février et le 3 mars 2021 ont eu dans les 1ères 72 h d’hospitalisation un dosage de vitamine C. Parallèlement, les médecins prenant en charge ces patients remplissaient à l’admission une fiche standard comprenant des éléments anamnestiques, cliniques et biologiques. Il leur était demandé d’évaluer a priori la probabilité que le patient soit carencé en vitamine C.
Résultats
Au total, 17,1 % des médecins déclaraient avoir déjà diagnostiqué un scorbut, 87,8 % considéraient cette maladie comme rare. 70,7 % n’avaient jamais prescrit de dosage de vitamine C. 59,8 % ne prescrivaient jamais de vitamine C. 14,6 % étaient capables de citer quatre signes cliniques de scorbut, et 6,1 % n’en connaissaient aucun.
197 patients ont été hospitalisés sur la période, et 150 ont été retenus, dont 46,7 % d’hommes (cf flow chart). Leur âge moyen était de 69,4 ans.
Le dosage de vitamine C était normal dans 43,3 %. On notait une hypovitaminose dans 56,7 % des cas et une carence dans 24 % des cas. Parmi les 36 patients avec ascorbémie < 2 mg/L, 12 n’avaient pas de tableau clinique compatible, ou une autre cause aux symptômes, et 11 ont été exclus du fait d’un syndrome inflammatoire biologique, pouvant fausser le dosage. Le diagnostic de scorbut a été retenu chez 13 patient (8,7 %), vraisemblablement sous-estimé. Parmi ces 13 patients, 7 hommes, 10 fumeurs et 10 patients éthylique chronique. 12 présentaient un syndrome hémorragique, 10 une atteinte buccale. La vitamine C était indosable chez 8 d’entre eux.
Les facteurs de risque d’hypovitaminose C mis en évidence étaient le sexe masculin, le tabagisme actif, l’éthylisme chronique. Le signe clinique significativement associé à la carence en vitamine C était les poils en tire-bouchon (OR 5,97 [1,35–26,36]). L’hypoalbuminémie < 35 g/L était associée à un surrisque d’hypovitaminose C. La carence en folates était fortement associée à l’hypovitaminose C.
Conclusion
Nous constatons une méconnaissance de la carence en vitamine C et de ses conséquences cliniques. La prévalence de l’hypovitaminose C, de la carence, et surtout du scorbut est élevée dans un service de médecine. Des résultats comparables avaient été rapportés dans un service de médecine interne de Seine Saint-Denis. Les facteurs de risque, notamment tabagisme actif et éthylisme, sont bien connus. L’association à une carence en folates, beaucoup plus facile à doser, est très intéressante. La HAS ne recommande pas le dosage de vitamine C (onéreux, délicat, sous-estimé par le syndrome inflammatoire), mais une supplémentation en situation à risque.
Il nous semble que tout patient dénutri, présentant une carence en folates, un risque de carence sur les éléments anamnestiques, à fortiori un syndrome hémorragique devrait être supplémenté en vitamine C, les contre indications étant très rares. Des études prospectives seraient nécessaires pour évaluer l’intérêt clinique de cette supplémentation, notamment en cas de situation hémorragique, de retard de cicatrisation, de syndrome infectieux…
期刊介绍:
Official journal of the SNFMI, La revue de medecine interne is indexed in the most prestigious databases. It is the most efficient French language journal available for internal medicine specialists who want to expand their knowledge and skills beyond their own discipline. It is also the main French language international medium for French research works. The journal publishes each month editorials, original articles, review articles, short communications, etc. These articles address the fundamental and innumerable facets of internal medicine, spanning all medical specialties. Manuscripts may be submitted in French or in English.
La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.