L. Savey , M. Delplanque , K. Stankovic Stojanovic , V. Sobanski , A. Bigot , A. Deroux , E. Lazaro , A. Froissart , A. Mekinian , O. Fain , E. Hachulla , G. Moulis , H. Levesque , M. Le Bernerais , J. Campagne , O. Souchaud-Debouverie , S. Perrine , L. Mouthon , G. Guettrot Imbert , N. Costedoat-Chalumeau , S. Georgin-Lavialle
{"title":"Grossesse au cours des maladies auto-inflammatoires : une étude prospective de 117 cas, dont 78 avec la fièvre méditerranéenne familiale","authors":"L. Savey , M. Delplanque , K. Stankovic Stojanovic , V. Sobanski , A. Bigot , A. Deroux , E. Lazaro , A. Froissart , A. Mekinian , O. Fain , E. Hachulla , G. Moulis , H. Levesque , M. Le Bernerais , J. Campagne , O. Souchaud-Debouverie , S. Perrine , L. Mouthon , G. Guettrot Imbert , N. Costedoat-Chalumeau , S. Georgin-Lavialle","doi":"10.1016/j.revmed.2025.03.005","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Les maladies auto-inflammatoires (MAI) touchent majoritairement des patientes jeunes susceptibles de vivre une grossesse. Pour plusieurs maladies inflammatoires, la grossesse est connue comme un facteur de déstabilisation de la maladie, et peut entraîner des complications pour la mère ou l’enfant à naître. Il existe peu de données prospectives sur de grandes cohortes de l’évolution des grossesses des patientes souffrant de MAI et en particulier de la plus fréquente d’entre elles, la fièvre Méditerranéenne familiale (FMF).</div></div><div><h3>Patients et méthodes</h3><div>Cohorte prospective observationnelle multicentrique française (GR2 study) qui a inclus des patientes atteintes de MAI entre 2016 et 2024. L’analyse a porté sur l’activité de la maladie, le traitement, l’évolution de la grossesse, le terme de naissance et la santé des nouveau-nés.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Cent quinze grossesses, dont 5 gémellaires, chez 97 patientes suivies pour maladies auto-inflammatoires avec par ordre décroissant de fréquence : FMF (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->78), USAID (Undifferientiated Systemic Autoinflammatory Syndrome (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->22), TRAPS (syndrome de fièvre récurrente lié au récepteur 1 du facteur de nécrose tumorale) (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->5), CAPS (Cryopyrinopathies) (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->3), maladie de Still (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2), péricardites récurrentes (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2), MKD (déficit en mevalonate kinase) (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1), HA20 (happloinsuffisance d’A20) (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2) et PAPA syndrome (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1). Les patientes avaient un âge médian au début de la grossesse de 31 ans [20–44]. Les grossesses étaient obtenues après procréation médicalement assistée (PMA) dans 10,8 % des cas dont uniquement des FMF. Dans 57,7 % des cas, les patientes avaient présenté des signes d’activité de leur maladie dans l’année précédant la grossesse et 59,1 % ont présenté des poussées inflammatoires au cours de leur grossesse. Dix-sept grossesses se sont arrêtées avant 37 SA : 2 morts fœtales in utero (MFIU), 2 interruptions thérapeutiques pour anomalies chromosomiques et une fausse couche spontanée.</div><div>Concernant les USAID (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->22), l’âge médian de début de la maladie était de 14 ans [0–32] et celui des grossesses de 30 ans [20–37] ; la moitié recevaient de la colchicine. La CRP moyenne à l’inclusion était 8,9<!--> <!-->mg/L [0–25]. La biothérapie avait été suspendue à la découverte de la grossesse (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2 : anakinra, tocilizumab) et poursuivie jusqu’au début du 3<sup>e</sup> trimestre (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1 : infliximab). Trois grossesses (13,6 %) se sont arrêtées prématurément pour une fausse couche tardive, une MFIU et une interruption médicale pour monosomie X. Parmi les nouveaux nés, un seul avait un retard de croissance intra utérin (RCIU) défini par un poids inférieur<!--> <!--><<!--> <!-->au 10<sup>e</sup> percentile.</div><div>Concernant la FMF, l’âge médian au début des symptômes était de 6 ans (0–31) avec un début de traitement médian à 12 ans (1–37). L’âge médian à l’inclusion était de 31 ans (21–45). La posologie médiane de colchicine était 2<!--> <!-->mg/j [0–2,5]. Les patientes étaient porteuses de 2 variants pathogènes de <em>MEFV</em> (79,5 %) ou un seul (20,5 %). Elles rapportaient en moyenne 4 crises/an dans l’année précédant la grossesse. 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Abstract
Introduction
Les maladies auto-inflammatoires (MAI) touchent majoritairement des patientes jeunes susceptibles de vivre une grossesse. Pour plusieurs maladies inflammatoires, la grossesse est connue comme un facteur de déstabilisation de la maladie, et peut entraîner des complications pour la mère ou l’enfant à naître. Il existe peu de données prospectives sur de grandes cohortes de l’évolution des grossesses des patientes souffrant de MAI et en particulier de la plus fréquente d’entre elles, la fièvre Méditerranéenne familiale (FMF).
Patients et méthodes
Cohorte prospective observationnelle multicentrique française (GR2 study) qui a inclus des patientes atteintes de MAI entre 2016 et 2024. L’analyse a porté sur l’activité de la maladie, le traitement, l’évolution de la grossesse, le terme de naissance et la santé des nouveau-nés.
Résultats
Cent quinze grossesses, dont 5 gémellaires, chez 97 patientes suivies pour maladies auto-inflammatoires avec par ordre décroissant de fréquence : FMF (n = 78), USAID (Undifferientiated Systemic Autoinflammatory Syndrome (n = 22), TRAPS (syndrome de fièvre récurrente lié au récepteur 1 du facteur de nécrose tumorale) (n = 5), CAPS (Cryopyrinopathies) (n = 3), maladie de Still (n = 2), péricardites récurrentes (n = 2), MKD (déficit en mevalonate kinase) (n = 1), HA20 (happloinsuffisance d’A20) (n = 2) et PAPA syndrome (n = 1). Les patientes avaient un âge médian au début de la grossesse de 31 ans [20–44]. Les grossesses étaient obtenues après procréation médicalement assistée (PMA) dans 10,8 % des cas dont uniquement des FMF. Dans 57,7 % des cas, les patientes avaient présenté des signes d’activité de leur maladie dans l’année précédant la grossesse et 59,1 % ont présenté des poussées inflammatoires au cours de leur grossesse. Dix-sept grossesses se sont arrêtées avant 37 SA : 2 morts fœtales in utero (MFIU), 2 interruptions thérapeutiques pour anomalies chromosomiques et une fausse couche spontanée.
Concernant les USAID (n = 22), l’âge médian de début de la maladie était de 14 ans [0–32] et celui des grossesses de 30 ans [20–37] ; la moitié recevaient de la colchicine. La CRP moyenne à l’inclusion était 8,9 mg/L [0–25]. La biothérapie avait été suspendue à la découverte de la grossesse (n = 2 : anakinra, tocilizumab) et poursuivie jusqu’au début du 3e trimestre (n = 1 : infliximab). Trois grossesses (13,6 %) se sont arrêtées prématurément pour une fausse couche tardive, une MFIU et une interruption médicale pour monosomie X. Parmi les nouveaux nés, un seul avait un retard de croissance intra utérin (RCIU) défini par un poids inférieur < au 10e percentile.
Concernant la FMF, l’âge médian au début des symptômes était de 6 ans (0–31) avec un début de traitement médian à 12 ans (1–37). L’âge médian à l’inclusion était de 31 ans (21–45). La posologie médiane de colchicine était 2 mg/j [0–2,5]. Les patientes étaient porteuses de 2 variants pathogènes de MEFV (79,5 %) ou un seul (20,5 %). Elles rapportaient en moyenne 4 crises/an dans l’année précédant la grossesse. La CRP moyenne à l’inclusion était à 23,8 mg/L. Au moins une fausse couche spontanée < 22 SA avant cette grossesse était rapportée chez 13,9 % des patientes et 15 % avaient eu recours à la PMA pour leur grossesse, 83 % de celles-ci par fecondation in vitro. Les patientes ont présenté des symptômes inflammatoires au cours de la grossesse dans 69,7 % des cas dont 3 syndromes de myalgies fébriles prolongés. Neuf patientes (11,5 %) ont reçu de l’anakinra à la demande en raison de crises persistantes. Une menace d’accouchement prématuré a été rapportée au cours d’une grossesse gémellaire ; un anamios et un oligoamnios chez la même patiente lors de ses 2 grossesses. Concernant l’issue de la grossesse, elle s’est terminée prématurément dans 19 % des cas, dont 4 grossesses gémellaires, une fausse couche < 22 SA et une MFIU inexpliquée à 26 SA. Le taux d’accouchement avant 37 SA s’élevait à 17 %. Concernant les nouveau-nés : 20 % avaient un RCIU dont aucun des jumeaux.
Conclusion
Cette étude prospective montre l’importance de monitorer l’inflammation pendant la grossesse. Au cours de la FMF, on note plus de recours à la PMA, 17 % d’accouchements prématurés et 20 % de RCIU ce qui est supérieur aux chiffres de la population française générale (respectivement de 7 % et de 7,1 %).
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