Syndrome de Korsakoff : une étude multicentrique descriptive rétrospective de 1320 patients pris en charge à l’Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP–HP)
I. Coffi , E. Lecoeur , K. Zarca , L. Kardas-Sloma , I. Durand-Zaleski , T. Jean-Marc , L. Mouthon , B. Chaigne
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Abstract
Introduction
Le syndrome de Korsakoff (SK) est une maladie cognitive invalidante, majoritairement secondaire à une consommation éthylique chronique, fréquente en Médecine Interne. Des données récentes sur la présentation clinique, l’évolution, et la mortalité manquent pour cette pathologie. Les objectifs de l’étude présentée ici étaient de déterminer les caractéristiques cliniques et paracliniques des patients atteints de SK, leurs facteurs pronostiques et d’étudier le coût associé à cette maladie.
Patients et méthodes
Il s’agit d’une étude observationnelle et rétrospective menée au sein de l’Entrepôt de Données de Santé de l’AP–HP (EDS-APHP). Les patients éligibles étaient les des patients adultes identifiés à partir de la première occurrence des mots-clés « Korsakoff », « Korsakov » ou « Korsakov » dans au moins un compte-rendu de consultation ou d’hospitalisation entre août 2017 et décembre 2022. Les patients inclus devaient répondre à la définition de SK selon les critères du DSM-5 [1] après relecture par deux investigateurs. L’ensemble des données de santé ont été analysées afin de réaliser une étude descriptive clinique, biologique et radiologique ainsi qu’une étude pronostique et médicoéconomique du SK.
Résultats 1320 patients étiquetés Korsakoff ont été inclus. La majorité des patients était de sexe masculin (72,9 %) et l’âge moyen (SD) s’élevait à 62,9 (± 11,1) ans. Les principaux services d’hospitalisation étaient la médecine interne (22,1 %), la neurologie (8,9 %) et la gastro-entérologie (7,6 %) avec 10,5 % d’admission initiale en réanimation. L’hypertension artérielle et un épisode dépressif ont été identifiés comme les principales comorbidités, avec une fréquence respective de 34 % et 23,7 %. La durée médiane d’évolution symptômes avant hospitalisation était de 8,5 [2 ; 24] mois. Les troubles neurologiques, tels que la désorientation temporospatiale (76,3 %), l’amnésie antérograde (61,4 %) et les fabulations (35,1 %) étaient les symptômes prédominants. Les tests neurocognitifs MMSE et MOCA retrouvaient des scores médians [IQR] de 18 [15 ; 22,7] et de 17 [11 ; 18] respectivement. L’imagerie par résonance magnétique montrait des lésions cérébrales hétérogènes avec 76,7 % d’atrophie cérébrale et 44,4 % de leucopathie vasculaire. Seulement 44,4 % des patients avaient une atteinte du circuit hippocampo-mamillo-thalamique. La durée médiane [IQR] du séjour hospitalier était de 11,4 [2,4 ; 51,0] jours. Après un suivi médian de 3,1 [1,2 ; 5,0] ans, il était noté un sevrage alcoolique chez 50,5 % des patients, une amélioration neurologique chez 6,1 % et 30,2 % de décès. La mortalité était indépendamment associée au sexe masculin (p < 0,01), à la cirrhose (p < 0,05), à la dénutrition (p < 0,01), et à un âge entre 80 à 89 ans (p < 0,01). L’étude médicoéconomique a montré que les coûts hospitaliers annuels moyens pour les patients atteints de SK étaient de 15 346 € (IC 95 %, 13 657–17 044 €) par cas, représentant un déficit annuel de 8507 € (IC 95 %, 7466–9658 €) par cas et par hôpital.
Conclusion
Cette étude de grande envergure menée au sein l’EDS-APHP confirme que le SK est une maladie fréquemment prise en charge dans les services de Médecine Interne, associée à un mauvais pronostic caractérisé par une altération sévère de la cognition, un taux de mortalité élevé et un taux de récupération faible. Elle identifie pour la première fois des facteurs de risque de mortalité et clarifie le coût hospitalier associé à cette maladie. Une meilleure prévention, une approche diagnostique multidisciplinaire et la mise en place d’un parcours de soins spécifique sont nécessaires pour améliorer la survie de ces patients.
期刊介绍:
Official journal of the SNFMI, La revue de medecine interne is indexed in the most prestigious databases. It is the most efficient French language journal available for internal medicine specialists who want to expand their knowledge and skills beyond their own discipline. It is also the main French language international medium for French research works. The journal publishes each month editorials, original articles, review articles, short communications, etc. These articles address the fundamental and innumerable facets of internal medicine, spanning all medical specialties. Manuscripts may be submitted in French or in English.
La revue de medecine interne also includes additional issues publishing the proceedings of the two annual French meetings of internal medicine (June and December), as well as thematic issues.