{"title":"Anticorps monoclonaux anti-amyloïde Beta contre la maladie d’Alzheimer en 2025 : prudence ou scepticisme ?","authors":"Gilles Bouvenot","doi":"10.1016/j.banm.2025.02.009","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><div>La prise en charge de la maladie d’Alzheimer constitue l’un des problèmes majeurs de santé publique dans nos sociétés. Or, il faut se résoudre à constater que l’histoire des médicaments de la maladie d’Alzheimer n’a été jusqu’à ce jour qu’une suite de déceptions et de désillusions face aux attentes de la communauté des soignants, des associations de patients, des aidants et des Sociétés savantes. Les leçons du passé à propos de tacrine, puis des autres inhibiteurs de l’acétylcholine estérase et d’un antagoniste des récepteurs N-méthyl-D-aspartate, invitent à se garder de tout excès d’optimisme pour les médicaments à venir. Les anticorps monoclonaux antiamyloïde Beta, considérés comme « prometteurs » et dont l’efficacité attendue repose sur le « paradigme » discuté de la responsabilité du développement de plaques amyloïdes dans la genèse de la maladie, justifient un regard critique. Les performances actuellement connues du lecanemab (Leqembi® Autorisation de mise sur le marché USA 2023) et du donanemab (Kisunla® AMM USA 2024), après le retrait de l’aducanumab (Aduhelm® USA 2022) et les échecs du développement de plusieurs autres anticorps, font en effet débat. Leur efficacité, qualifiée dans la littérature de modeste quand ce n’est pas de marginale ou même de discutable, n’est reconnue que dans les formes débutantes et pour des durées limitées, tandis que leurs effets indésirables, principalement un œdème ou des d’hémorragies encéphaliques visualisés par imagerie, de survenue non exceptionnelle, ne laissent pas d’inquiéter, même quand ils ne sont pas cliniquement symptomatiques. La balance bénéfices/risques de ces produits, considérée comme encore incertaine par nombre de spécialistes, mérite donc d’être affinée. Et, indépendamment des questions éthiques posées par leur prescription, leur arrêt et leur financement, il y a de sérieuses raisons d’en limiter strictement l’usage à la population cible véritablement atteinte de la maladie (de plus en plus reconnue comme hétérogène) et précisée par l’Agence Européenne des médicaments pour en améliorer la sécurité d’emploi.</div></div><div><div>Managing Alzheimer's disease is one of the major public health challenges in our societies. However, we must accept that the history of Alzheimer's drugs has been up to now a series of disappointments and disillusions in the face of the expectations of the community of caregivers, patient associations, carers and learned societies. The lessons of the past concerning tacrine, then acetylcholine esterase inhibitors and an N-methyl-D-aspartate receptor antagonist invite us to be careful from now on any excess optimism for future drugs. The anti-amyloid beta monoclonal antibodies, considered promising and whose expected efficacy is based on the discussed “paradigm” of the responsibility for the development of amyloid plaques in the genesis of the disease, justify a critical look. The current known performance of lecanemab (Leqembi® Market authorisation USA 2023) and donanemab (Risunla® USA 2024), following the withdrawal of aducanumab (Aduhelm® 2022) and the failure to develop several other antibodies, is indeed controversial. Their effectiveness, described in the literature as modest when not marginal or even questionable, is only recognized in beginner forms and for limited durations, while their adverse effects, mainly edema or cerebral hemorrhages visualized by imaging, of non-exceptional occurrence, do not cease to worry even they are not clinically symptomatic. The benefit/risk balance of these products, which is still considered uncertain by many specialists, therefore deserves to be refine. And, regardless of the ethical questions raised by their prescription, stopping and funding, there are serious reasons to strictly limit their use to the target population truly affected by the disease (increasingly recognized as heterogeneous) and specified by the European Medicines Agency.</div></div>","PeriodicalId":55317,"journal":{"name":"Bulletin De L Academie Nationale De Medecine","volume":"209 5","pages":"Pages 725-730"},"PeriodicalIF":0.2000,"publicationDate":"2025-05-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Bulletin De L Academie Nationale De Medecine","FirstCategoryId":"3","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0001407925001232","RegionNum":4,"RegionCategory":"医学","ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q3","JCRName":"MEDICINE, GENERAL & INTERNAL","Score":null,"Total":0}
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Abstract
La prise en charge de la maladie d’Alzheimer constitue l’un des problèmes majeurs de santé publique dans nos sociétés. Or, il faut se résoudre à constater que l’histoire des médicaments de la maladie d’Alzheimer n’a été jusqu’à ce jour qu’une suite de déceptions et de désillusions face aux attentes de la communauté des soignants, des associations de patients, des aidants et des Sociétés savantes. Les leçons du passé à propos de tacrine, puis des autres inhibiteurs de l’acétylcholine estérase et d’un antagoniste des récepteurs N-méthyl-D-aspartate, invitent à se garder de tout excès d’optimisme pour les médicaments à venir. Les anticorps monoclonaux antiamyloïde Beta, considérés comme « prometteurs » et dont l’efficacité attendue repose sur le « paradigme » discuté de la responsabilité du développement de plaques amyloïdes dans la genèse de la maladie, justifient un regard critique. Les performances actuellement connues du lecanemab (Leqembi® Autorisation de mise sur le marché USA 2023) et du donanemab (Kisunla® AMM USA 2024), après le retrait de l’aducanumab (Aduhelm® USA 2022) et les échecs du développement de plusieurs autres anticorps, font en effet débat. Leur efficacité, qualifiée dans la littérature de modeste quand ce n’est pas de marginale ou même de discutable, n’est reconnue que dans les formes débutantes et pour des durées limitées, tandis que leurs effets indésirables, principalement un œdème ou des d’hémorragies encéphaliques visualisés par imagerie, de survenue non exceptionnelle, ne laissent pas d’inquiéter, même quand ils ne sont pas cliniquement symptomatiques. La balance bénéfices/risques de ces produits, considérée comme encore incertaine par nombre de spécialistes, mérite donc d’être affinée. Et, indépendamment des questions éthiques posées par leur prescription, leur arrêt et leur financement, il y a de sérieuses raisons d’en limiter strictement l’usage à la population cible véritablement atteinte de la maladie (de plus en plus reconnue comme hétérogène) et précisée par l’Agence Européenne des médicaments pour en améliorer la sécurité d’emploi.
Managing Alzheimer's disease is one of the major public health challenges in our societies. However, we must accept that the history of Alzheimer's drugs has been up to now a series of disappointments and disillusions in the face of the expectations of the community of caregivers, patient associations, carers and learned societies. The lessons of the past concerning tacrine, then acetylcholine esterase inhibitors and an N-methyl-D-aspartate receptor antagonist invite us to be careful from now on any excess optimism for future drugs. The anti-amyloid beta monoclonal antibodies, considered promising and whose expected efficacy is based on the discussed “paradigm” of the responsibility for the development of amyloid plaques in the genesis of the disease, justify a critical look. The current known performance of lecanemab (Leqembi® Market authorisation USA 2023) and donanemab (Risunla® USA 2024), following the withdrawal of aducanumab (Aduhelm® 2022) and the failure to develop several other antibodies, is indeed controversial. Their effectiveness, described in the literature as modest when not marginal or even questionable, is only recognized in beginner forms and for limited durations, while their adverse effects, mainly edema or cerebral hemorrhages visualized by imaging, of non-exceptional occurrence, do not cease to worry even they are not clinically symptomatic. The benefit/risk balance of these products, which is still considered uncertain by many specialists, therefore deserves to be refine. And, regardless of the ethical questions raised by their prescription, stopping and funding, there are serious reasons to strictly limit their use to the target population truly affected by the disease (increasingly recognized as heterogeneous) and specified by the European Medicines Agency.
阿尔茨海默病的管理是我们社会的主要公共卫生问题之一。然而,我们必须面对这样一个事实:到目前为止,阿尔茨海默病药物的历史一直是对护理界、患者协会、护理人员和学术团体的期望的一系列失望和失望。过去关于他克林以及其他乙酰胆碱酯酶抑制剂和n -甲基- d -天冬氨酸受体拮抗剂的经验教训提醒我们不要对未来的药物过于乐观。单克隆抗淀粉样蛋白β抗体被认为是“有希望的”,其预期的有效性是基于正在讨论的淀粉样斑块在疾病发生中的责任的“范式”,因此值得批评。在aducanumab (Aduhelm®USA 2022)停用后,leqemab (Leqembi®USA 2023)和donanemab (Kisunla®AMM USA 2024)的已知表现,以及其他几种抗体的开发失败,确实存在争议。熟练的功效,在文学中温和的微乎其微,甚至当他不是值得怀疑,只承认在创业公司,各种形式和时间有限,而它们的副作用,主要是一个的响应encéphaliques成像出血、水肿或未发生异常,不要担忧,即便他们不是有临床症状。许多专家认为,这些产品的收益/风险平衡仍不确定,因此值得进一步完善。和时效,不管他们提出的道德问题,其判决和融资,有重大理由严格限制其使用,真正达到目标人口(病)和异质越来越被欧洲药品管理局指定为提高安全性。管理阿尔茨海默氏症是我们社会面临的主要公共卫生挑战之一。然而,我们必须承认,到目前为止,阿尔茨海默氏症药物的历史一直是一系列的失望和失望,面对护理社区、患者协会、护理人员和学习社会的期望。过去关于他克林、乙酰胆碱酯酶抑制剂和n -甲基- d -天冬氨酸受体拮抗剂的经验教训提醒我们,从现在开始,不要对未来的药物过度乐观。抗淀粉样蛋白β单克隆抗体,被认为是有前途的,其预期的有效性是基于所讨论的淀粉样斑块在疾病起源中发展的责任的“范式”,值得进行关键的研究。在aducanumab (Aduhelm®2022)退出市场以及其他几种抗体的开发失败之后,leqemab (Leqembi®美国市场授权2023)和donanemab (Risunla®美国2024)目前已知的表现确实存在争议。Their as modest成效,歌》文学黄金边际when not even 25, is only in beginner早在forms and for, while Their limited durations不良影响,对咸水edema黄金cerebral hemorrhages visualized by成像,do not of non-exceptional发生我总是担心even they are not clinically symptomatic。这些产品的效益/风险平衡,许多专家仍然认为是不确定的,因此值得改进。尽管它们的处方、停止和资助引发了伦理问题,但有严重的理由严格限制它们的使用,以满足欧洲药品管理局(European Medicines Agency)规定的真正受疾病影响的目标人群(越来越被认为是异质的)。
期刊介绍:
Rédigé par des spécialistes à l''intention d''une Communauté pluridisciplinaire le Bulletin de l''Académie nationale de médecine est au service de toutes les professions médicales : médecins, pharmaciens, biologistes et vétérinaires ainsi que de l''Administration et des institutions intervenant dans le domaine de la santé.
Les mémoires originaux et les mises au point sur des thèmes d''actualité sont associés au compte rendu des discussions qui ont suivi leur présentation. Les rapports des commissions sur l''éthique médicale l''exercice de la profession les questions hospitalières la politique du médicament et l''enseignement de la médecine justifient les recommandations de l''Académie.