Thibaud Della Negra , Marie-Alix Marchal , Dana Radu , Anne Jacolot , Julie Chappe
{"title":"Évaluation d’une matrice biologique micronisée dans la stratégie thérapeutique de la prise en charge des plaies","authors":"Thibaud Della Negra , Marie-Alix Marchal , Dana Radu , Anne Jacolot , Julie Chappe","doi":"10.1016/j.phacli.2024.11.004","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Introduction</h3><div>Le dispositif médical stérile de classe III Micromatrix® (INTEGRA), commercialisé en France depuis janvier 2023, est une matrice biologique micronisée (MBM) obtenue par extraction de vessie de porc. Le produit fini est une matrice acellulaire riche en collagène avec pour propriétés l’accélération de la vascularisation et de l’infiltration cellulaire d’une plaie. Devant les nombreuses options thérapeutiques disponibles pour la prise en charge des plaies, une évaluation a été menée avec le service de chirurgie vasculaire de notre établissement pour déterminer la place de ce nouveau dispositif, innovant et coûteux (prix tarif 220 à 1034€).</div></div><div><h3>Matériels & méthode</h3><div>Deux types de plaies ont été évalués entre septembre 2023 et août 2024 : plaie chronique réfractaire à toute prise en charge standard et plaie aiguë contre-indiquée ou intolérante à la thérapie par pression négative (TPN). Le protocole consiste en une application de MBM à J0 (dose proportionnelle à la surface de la plaie) suivie éventuellement d’une seconde administration à J30 en fonction de l’évolution. Après application de la poudre la plaie est recouverte par une interface et un pansement absorbant à changer à J5 puis tous les 2<!--> <!-->jours jusqu’à réépithélialisation. Le suivi est réalisé jusqu’à J30, avec recueil de la durée d’apparition d’un bourgeonnement. L’impact organisationnel du soin est évalué à l’aide d’un questionnaire soignant.</div></div><div><h3>Résultats & discussion</h3><div>Dix patients ont été inclus : 5 (âge moyen 81,5<!--> <!-->ans) avec plaie chronique réfractaire depuis 5 mois à 2<!--> <!-->ans, et 5 (âge moyen 63,8<!--> <!-->ans) avec plaie aiguë contre-indiquée ou intolérante à la TPN : plaie hémorragique, carcinologique ou hyperalgique. Un bourgeonnement est apparu chez 4 patients avec plaie chronique (moyenne 12,8<!--> <!-->±<!--> <!-->3,8<!--> <!-->jours), une biopsie réalisée chez un patient en l’absence de bourgeonnement a révélé une angiodermite nécrotique et l’inefficacité de la MBM. Parmi les plaies aiguës, un bourgeonnement est apparu chez 4 patients (moyenne 11,4<!--> <!-->±<!--> <!-->4,6<!--> <!-->jours). Un patient a été exclu car la plaie a nécessité une reprise chirurgicale à J5. Aucune complication en lien avec la MBM n’a été observée dans les 2 groupes de patients.</div><div>Concernant l’impact organisationnel, l’équipe soignante plébiscite la simplicité d’utilisation de la MBM : le soin dure en moyenne 30<!--> <!-->±<!--> <!-->15<!--> <!-->minutes pour un soignant mobilisé. Par comparaison dans ce même service, les soins avec TPN sont jugés plus complexes : durée 45<!--> <!-->±<!--> <!-->15<!--> <!-->minutes pour 1,5 soignants mobilisés. Contrairement à la TPN, la prise en charge peut être ambulatoire et limite le risque de grabatisation du sujet âgé.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La MBM permet donc l’apparition rapide d’un bourgeonnement. Malgré son coût élevé, ce dispositif se révèle être une option thérapeutique innovante pour les plaies chroniques réfractaires à toute prise en charge standard et les plaies aiguës contre-indiquées ou intolérantes à la TPN. Devant son impact sur le soin et la qualité de vie du patient, une étude médicoéconomique devra être menée pour un élargissement éventuel des indications.</div></div>","PeriodicalId":100870,"journal":{"name":"Le Pharmacien Clinicien","volume":"60 1","pages":"Page e4"},"PeriodicalIF":0.0000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Le Pharmacien Clinicien","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2772953224005537","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"","JCRName":"","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Introduction
Le dispositif médical stérile de classe III Micromatrix® (INTEGRA), commercialisé en France depuis janvier 2023, est une matrice biologique micronisée (MBM) obtenue par extraction de vessie de porc. Le produit fini est une matrice acellulaire riche en collagène avec pour propriétés l’accélération de la vascularisation et de l’infiltration cellulaire d’une plaie. Devant les nombreuses options thérapeutiques disponibles pour la prise en charge des plaies, une évaluation a été menée avec le service de chirurgie vasculaire de notre établissement pour déterminer la place de ce nouveau dispositif, innovant et coûteux (prix tarif 220 à 1034€).
Matériels & méthode
Deux types de plaies ont été évalués entre septembre 2023 et août 2024 : plaie chronique réfractaire à toute prise en charge standard et plaie aiguë contre-indiquée ou intolérante à la thérapie par pression négative (TPN). Le protocole consiste en une application de MBM à J0 (dose proportionnelle à la surface de la plaie) suivie éventuellement d’une seconde administration à J30 en fonction de l’évolution. Après application de la poudre la plaie est recouverte par une interface et un pansement absorbant à changer à J5 puis tous les 2 jours jusqu’à réépithélialisation. Le suivi est réalisé jusqu’à J30, avec recueil de la durée d’apparition d’un bourgeonnement. L’impact organisationnel du soin est évalué à l’aide d’un questionnaire soignant.
Résultats & discussion
Dix patients ont été inclus : 5 (âge moyen 81,5 ans) avec plaie chronique réfractaire depuis 5 mois à 2 ans, et 5 (âge moyen 63,8 ans) avec plaie aiguë contre-indiquée ou intolérante à la TPN : plaie hémorragique, carcinologique ou hyperalgique. Un bourgeonnement est apparu chez 4 patients avec plaie chronique (moyenne 12,8 ± 3,8 jours), une biopsie réalisée chez un patient en l’absence de bourgeonnement a révélé une angiodermite nécrotique et l’inefficacité de la MBM. Parmi les plaies aiguës, un bourgeonnement est apparu chez 4 patients (moyenne 11,4 ± 4,6 jours). Un patient a été exclu car la plaie a nécessité une reprise chirurgicale à J5. Aucune complication en lien avec la MBM n’a été observée dans les 2 groupes de patients.
Concernant l’impact organisationnel, l’équipe soignante plébiscite la simplicité d’utilisation de la MBM : le soin dure en moyenne 30 ± 15 minutes pour un soignant mobilisé. Par comparaison dans ce même service, les soins avec TPN sont jugés plus complexes : durée 45 ± 15 minutes pour 1,5 soignants mobilisés. Contrairement à la TPN, la prise en charge peut être ambulatoire et limite le risque de grabatisation du sujet âgé.
Conclusion
La MBM permet donc l’apparition rapide d’un bourgeonnement. Malgré son coût élevé, ce dispositif se révèle être une option thérapeutique innovante pour les plaies chroniques réfractaires à toute prise en charge standard et les plaies aiguës contre-indiquées ou intolérantes à la TPN. Devant son impact sur le soin et la qualité de vie du patient, une étude médicoéconomique devra être menée pour un élargissement éventuel des indications.