Recommandations de pratique clinique : dépistage, prise en charge et suivi des personnes potentiellement surexposées au cadmium, du fait de leur lieu de résidence : focus sur les dosages de cadmium
Christine Tournoud , Magali Labadie , Aude Gautier , Claude Beaubestre , David Boels , Franck Olivier Denayer , Claire Granon , Jérome Langrand , Elisabeth Marcotullio , Catherine Nisse , Sylvaine Ronga-Pezeret , François Simon , Nathalie Velly , Pierre Gabach , Robert Garnier , Marie Bellouard
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Abstract
Contexte et objectifs
À la demande de la direction générale de la santé, la Haute Autorité de santé (HAS) et la Société de toxicologie clinique ont élaboré une recommandation de pratique clinique à l’intention des professionnels de santé, et selon la méthodologie de la HAS, pour le dépistage, la prise en charge et le suivi des populations résidant sur des sites où la concentration de cadmium (Cd) dans les sols est élevée. Le dépistage est indiqué pour plusieurs types de populations sensibles, à partir des seuils de concentration en Cd de 0,5 et 1 mg/kg de matière sèche dans les sols, selon la population concernée [1].
Méthode
La réalisation de dosages dans divers milieux biologiques est un point clé dans la stratégie de dépistage, la prise en charge et le suivi des populations potentiellement surexposées au Cd.
Résultats
Indicateurs biologiques d’exposition et réalisation des dosages. L’indicateur biologique d’exposition (IBE) de référence pour le Cd est sa concentration urinaire ajustée sur celle de la créatinine (CdU). C’est le meilleur indicateur de la charge corporelle en Cd. La concentration de Cd dans le sang total n’a d’intérêt qu’en association avec la CdU ; c’est un indicateur des expositions récentes. Les prélèvements biologiques, leur transport, leur stockage et leur traitement dans le laboratoire d’analyse doivent prévenir tout risque de contamination externe. Les prélèvements doivent être réalisés sur les urines du matin (les plus concentrées), dans du matériel adapté, dont les références pourront être fournies par le laboratoire pour limiter le risque de contamination. Le laboratoire d’analyse doit être expérimenté, avoir mis en place des contrôles de qualité et participer à un programme d’évaluation externe de la qualité. Le pré-traitement de l’échantillon doit être adapté à l’analyse du Cd. La méthode d’analyse actuellement recommandée est la spectrométrie de masse par plasma à couplage inductif (ICP-MS), suffisamment sensible, avec des limites de détection de l’ordre de 0,03 à 0,09 μg/L. Il est cependant nécessaire de prendre en compte les interférences spectrales, notamment avec l’étain et l’oxyde de molybdène. L’interprétation des résultats est basée sur deux types de valeur de référence : (1) le percentile 95 de la distribution de CdU dans la population générale en fonction de l’âge, dont le dépassement indique une surexposition au cadmium et permet de préjuger de son retentissement sanitaire ; (2) des seuils sanitaires au-delà desquels des effets délétères sur la santé sont attendus. L’effet critique retenu est la survenue d’un dysfonctionnement tubulaire proximal, décrit pour des CdU supérieures à 1 μg/g créatinine. Pour que ce seuil ne soit pas dépassé après l’âge de 50 ans, la CdU doit être maintenue en dessous de 0,3 μg/g créatinine avant l’âge de 31 ans, en dessous de 0,5 μg/g créatinine entre 31 et 40 ans et en dessous de 0,8 μg/g créatinine entre 41 et 50 ans [2].
Conclusion
L’aspect analytique est un point majeur dans la surveillance et l’évaluation du risque de sur-exposition au Cd. Pour cela, les laboratoires doivent appliquer les bonnes pratiques analytiques et utiliser des automates performants et sensibles.