{"title":"Dépistage automatisé de l’intoxication à l’éthylène glycol – 10 ans d’expérience dans un laboratoire hospitalier","authors":"Marine Deville, Corinne Charlier","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.086","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectifs</h3><div>Le diagnostic d’une intoxication à l’éthylène glycol nécessite de détecter ce composé (ou ses métabolites) dans les échantillons biologiques. La technique de référence, réalisée en chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (GC-MS) est difficilement applicable en urgence. Depuis 10<!--> <!-->ans, notre laboratoire utilise une méthode de dépistage installée sur les automates du laboratoire central. Notre objectif est de comparer les résultats de cette méthode à ceux obtenus par confirmation chromatographique.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Le principe du test repose sur une oxydation de l’éthylène glycol par la glycérol déshydrogénase. Initialement installée sur un Cobas 8000 (Roche), la trousse a été transférée sur un Alinity (Abbott) en 2019. Le seuil de positivité est de 50<!--> <!-->mg/L. La confirmation chromatographique est systématiquement réalisée par GC-MS avec une limite de quantification inférieure à 50<!--> <!-->mg/L.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Au cours de ces 10 années, 331 échantillons de patients ont été analysés par les deux méthodes. Parmi ceux-ci, 247 se sont révélés négatifs (vrais négatifs). À l’inverse, 29 échantillons (correspondant à 9 patients distincts) se sont révélés positifs par les deux méthodes (vrais positifs), avec une tendance à la surestimation du résultat quantitatif par la méthode de dépistage.</div><div>51 échantillons ont été catégorisés comme positifs (><!--> <!-->50<!--> <!-->mg/L) avec la méthode de dépistage, mais non confirmés en chromatographie (faux positifs). Parmi ces 51 échantillons, 29 (57 %) étaient quantifiés entre 50 et 100<!--> <!-->mg/L. Le risque de résultats faussement positifs à proximité de la limite de quantification inférieure est élevé. Il est annoncé aux cliniciens au moyen d’un commentaire accompagnant chaque résultat.</div><div>Deux échantillons faussement positifs ont fourni une valeur de concentration particulièrement élevée (508 et 525<!--> <!-->mg/L), ils ont pu être exclus par l’anamnèse (overdose aux opiacés dans un cas, et décompensation cardiaque dans l’autre). Les 20 autres résultats faussement positifs correspondaient à 12 patients, avec plusieurs répétitions du dosage pour 2 d’entre eux, et la plupart de ces faux positifs ont été observés chez des patients éthyliques chroniques.</div><div>Les résultats faussement positifs au-delà de 100<!--> <!-->mg/L ont été observés, pour la plupart (91 %), après le transfert sur Alinity.</div><div>Inversement, seuls 4 échantillons présentaient un dépistage négatif (faux négatifs), alors que la technique chromatographique a fourni des résultats légèrement positifs (72, 96, 102 et 119<!--> <!-->mg/L). Le risque de résultat faussement négatif est très faible (1 %), voire presque nul, les 4 cas observés ne semblant pas concorder avec l’anamnèse.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>L’intoxication à l’éthylène glycol, bien que rare, est une urgence médicale. Contrairement à la GC-MS, la méthode de dépistage peut aisément être mise en œuvre 24<!--> <!-->h/24 et 7j/7 par des technologues non formés aux méthodes séparatives.</div><div>Les résultats observés au cours des 10 dernières années montrent des résultats satisfaisants : la sensibilité et la spécificité sémiologiques du test de dépistage sont calculées à 88 % et 83 %, respectivement. Tout résultat positif doit cependant être interprété à la lumière de l’anamnèse et des autres paramètres biologiques tels que le pH, le trou anionique...</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Page S56"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007825000861","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
引用次数: 0
Abstract
Objectifs
Le diagnostic d’une intoxication à l’éthylène glycol nécessite de détecter ce composé (ou ses métabolites) dans les échantillons biologiques. La technique de référence, réalisée en chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (GC-MS) est difficilement applicable en urgence. Depuis 10 ans, notre laboratoire utilise une méthode de dépistage installée sur les automates du laboratoire central. Notre objectif est de comparer les résultats de cette méthode à ceux obtenus par confirmation chromatographique.
Méthodes
Le principe du test repose sur une oxydation de l’éthylène glycol par la glycérol déshydrogénase. Initialement installée sur un Cobas 8000 (Roche), la trousse a été transférée sur un Alinity (Abbott) en 2019. Le seuil de positivité est de 50 mg/L. La confirmation chromatographique est systématiquement réalisée par GC-MS avec une limite de quantification inférieure à 50 mg/L.
Résultats
Au cours de ces 10 années, 331 échantillons de patients ont été analysés par les deux méthodes. Parmi ceux-ci, 247 se sont révélés négatifs (vrais négatifs). À l’inverse, 29 échantillons (correspondant à 9 patients distincts) se sont révélés positifs par les deux méthodes (vrais positifs), avec une tendance à la surestimation du résultat quantitatif par la méthode de dépistage.
51 échantillons ont été catégorisés comme positifs (> 50 mg/L) avec la méthode de dépistage, mais non confirmés en chromatographie (faux positifs). Parmi ces 51 échantillons, 29 (57 %) étaient quantifiés entre 50 et 100 mg/L. Le risque de résultats faussement positifs à proximité de la limite de quantification inférieure est élevé. Il est annoncé aux cliniciens au moyen d’un commentaire accompagnant chaque résultat.
Deux échantillons faussement positifs ont fourni une valeur de concentration particulièrement élevée (508 et 525 mg/L), ils ont pu être exclus par l’anamnèse (overdose aux opiacés dans un cas, et décompensation cardiaque dans l’autre). Les 20 autres résultats faussement positifs correspondaient à 12 patients, avec plusieurs répétitions du dosage pour 2 d’entre eux, et la plupart de ces faux positifs ont été observés chez des patients éthyliques chroniques.
Les résultats faussement positifs au-delà de 100 mg/L ont été observés, pour la plupart (91 %), après le transfert sur Alinity.
Inversement, seuls 4 échantillons présentaient un dépistage négatif (faux négatifs), alors que la technique chromatographique a fourni des résultats légèrement positifs (72, 96, 102 et 119 mg/L). Le risque de résultat faussement négatif est très faible (1 %), voire presque nul, les 4 cas observés ne semblant pas concorder avec l’anamnèse.
Conclusion
L’intoxication à l’éthylène glycol, bien que rare, est une urgence médicale. Contrairement à la GC-MS, la méthode de dépistage peut aisément être mise en œuvre 24 h/24 et 7j/7 par des technologues non formés aux méthodes séparatives.
Les résultats observés au cours des 10 dernières années montrent des résultats satisfaisants : la sensibilité et la spécificité sémiologiques du test de dépistage sont calculées à 88 % et 83 %, respectivement. Tout résultat positif doit cependant être interprété à la lumière de l’anamnèse et des autres paramètres biologiques tels que le pH, le trou anionique...