Sevag Chenorhokian , Grégory Pfau , Pamela Dugues , Maxime Triguel , Islam Amine Larabi , Jean Claude Alvarez , Sabrina Cherki
{"title":"Évolution du contenu réel des substances vendues comme 3-MMC et analysées dans un contexte de drug checking","authors":"Sevag Chenorhokian , Grégory Pfau , Pamela Dugues , Maxime Triguel , Islam Amine Larabi , Jean Claude Alvarez , Sabrina Cherki","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.043","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>Détecter et quantifier les substances présentes dans les poudres vendues comme 3-MMC, via HPLC-UV, dans une perspective de Réduction des Risques et des dommages (RdRD).</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>L’association Analyse Ton Prod Île de France (ATP-IDF) a pour but de promouvoir, développer et mettre en œuvre l’analyse des drogues comme outil de RdRD pour les personnes majeures faisant usage de drogues (PUD). Environ 8000 échantillons ont été analysés entre 2022 et 2024 incluant l’IDF, les partenaires hors IDF et l’analyse à distance. Une base de données nationale (réseau Analyse Ton Prod) est indexée. Vingt milligrammes de poudre ont été solubilisés dans de l’éthanol puis analysés en HPLC-UV (LC-2030<!--> <!-->C, Shimadzu®) en mode gradient sur une colonne spherisorb 0DS1 (4,6 <!--> <!-->×<!--> <!--> 125 mm, 5 μm, Waters®) permettant en 12 minutes l’identification et la quantification de 249 et 27 substances respectivement (seuil de 1 %/m). Cette approche permet d’apporter un résultat rapide aux PUD, accompagné d’un entretien de RdRD. Le laboratoire de Toxicologie de l’hôpital Raymond Poincaré est le laboratoire référent d’ATP-idf, accompagnant la démarche qualité et garantissant la fiabilité des analyses. Il fait aussi partie du réseau SINTES, sollicité par ATP-IDF en cas de prélèvements liés à la veille sanitaire (produits nouveaux/rares, effets secondaires atypiques, produit détecté par ATP-IDF mais non identifié).</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Entre 2022 et 2024, 18 % des analyses effectuées par ATP-IDF était des cathinones (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1465) dont 80 % d’échantillons vendus comme 3-MMC (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1184). En IDF, seulement 23 % contenaient réellement de la 3-MMC (teneur médiane 82 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->136), 32 % de la 2-MMC (teneur médiane 79 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->16), 30 % de la 3-CMC (teneur médiane 73 %, <em>n</em> <!-->=<!--> <!-->107). La technique utilisée permet facilement de discriminer ces isomères du fait de leurs différences de spectres UV. Les drogues présentées comme 3-MMC contenaient de moins en moins de 3-MMC, seulement 10 % en 2024, laissant place à d’autres molécules dont la toxicité est peu documentée et dont les doses usuelles décrites par les PUD peuvent varier d’un facteur 20. Les propriétés pharmacodynamiques et pharmacocinétiques des différentes cathinones peuvent induire des effets plus ou moins stimulants, hallucinogènes et plus ou moins longs, non souhaités par les PUD, entraînant des vécus décrits parfois comme « traumatiques », et augmentant le risque d’overdose. En 2024, des cathinones comme l’alpha-PHP ou la N-ethylpentedrone, la MDMA ou encore la kétamine ont été retrouvées. Pour la première fois en IDF, la méthamphétamine (teneurs respectives de 82, 85 et 92 %) a été revendue comme 3-MMC. L’émergence de cette substance revendue à la place de 3-MMC constitue un point de vigilance particulier compte tenue de l’évolution des marchés décrits par l’agence européenne des drogues (EUDA).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La technique déployée par ATP-IDF permet d’apporter des réponses rapides, objectives et fiables sur lesquelles des stratégies adaptées de RdRD peuvent être construites. Les données issues de l’activité d’ATP-IDF permettent de contribuer à la veille sanitaire, en lien avec l’OFDT, et d’émettre des alertes rapidement en cas de circulation d’un produit atypique responsable d’intoxications. En tant que laboratoire d’appui au réseau national ATP, ATP-IDF accompagne d’autres associations à développer la même technique dans d’autres régions en France afin de garantir aux PUD des dispositifs de RdRD fiables de proximité (La Réunion, Nouvelle Aquitaine, Centre val de Loire). Le renforcement d’initiatives de drug checking similaires s’avère nécessaire face aux perturbations majeures des marchés des drogues que l’on connaît actuellement.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Pages S30-S31"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007825000435","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
Détecter et quantifier les substances présentes dans les poudres vendues comme 3-MMC, via HPLC-UV, dans une perspective de Réduction des Risques et des dommages (RdRD).
Méthode
L’association Analyse Ton Prod Île de France (ATP-IDF) a pour but de promouvoir, développer et mettre en œuvre l’analyse des drogues comme outil de RdRD pour les personnes majeures faisant usage de drogues (PUD). Environ 8000 échantillons ont été analysés entre 2022 et 2024 incluant l’IDF, les partenaires hors IDF et l’analyse à distance. Une base de données nationale (réseau Analyse Ton Prod) est indexée. Vingt milligrammes de poudre ont été solubilisés dans de l’éthanol puis analysés en HPLC-UV (LC-2030 C, Shimadzu®) en mode gradient sur une colonne spherisorb 0DS1 (4,6 × 125 mm, 5 μm, Waters®) permettant en 12 minutes l’identification et la quantification de 249 et 27 substances respectivement (seuil de 1 %/m). Cette approche permet d’apporter un résultat rapide aux PUD, accompagné d’un entretien de RdRD. Le laboratoire de Toxicologie de l’hôpital Raymond Poincaré est le laboratoire référent d’ATP-idf, accompagnant la démarche qualité et garantissant la fiabilité des analyses. Il fait aussi partie du réseau SINTES, sollicité par ATP-IDF en cas de prélèvements liés à la veille sanitaire (produits nouveaux/rares, effets secondaires atypiques, produit détecté par ATP-IDF mais non identifié).
Résultats
Entre 2022 et 2024, 18 % des analyses effectuées par ATP-IDF était des cathinones (n = 1465) dont 80 % d’échantillons vendus comme 3-MMC (n = 1184). En IDF, seulement 23 % contenaient réellement de la 3-MMC (teneur médiane 82 %, n = 136), 32 % de la 2-MMC (teneur médiane 79 %, n = 16), 30 % de la 3-CMC (teneur médiane 73 %, n = 107). La technique utilisée permet facilement de discriminer ces isomères du fait de leurs différences de spectres UV. Les drogues présentées comme 3-MMC contenaient de moins en moins de 3-MMC, seulement 10 % en 2024, laissant place à d’autres molécules dont la toxicité est peu documentée et dont les doses usuelles décrites par les PUD peuvent varier d’un facteur 20. Les propriétés pharmacodynamiques et pharmacocinétiques des différentes cathinones peuvent induire des effets plus ou moins stimulants, hallucinogènes et plus ou moins longs, non souhaités par les PUD, entraînant des vécus décrits parfois comme « traumatiques », et augmentant le risque d’overdose. En 2024, des cathinones comme l’alpha-PHP ou la N-ethylpentedrone, la MDMA ou encore la kétamine ont été retrouvées. Pour la première fois en IDF, la méthamphétamine (teneurs respectives de 82, 85 et 92 %) a été revendue comme 3-MMC. L’émergence de cette substance revendue à la place de 3-MMC constitue un point de vigilance particulier compte tenue de l’évolution des marchés décrits par l’agence européenne des drogues (EUDA).
Conclusion
La technique déployée par ATP-IDF permet d’apporter des réponses rapides, objectives et fiables sur lesquelles des stratégies adaptées de RdRD peuvent être construites. Les données issues de l’activité d’ATP-IDF permettent de contribuer à la veille sanitaire, en lien avec l’OFDT, et d’émettre des alertes rapidement en cas de circulation d’un produit atypique responsable d’intoxications. En tant que laboratoire d’appui au réseau national ATP, ATP-IDF accompagne d’autres associations à développer la même technique dans d’autres régions en France afin de garantir aux PUD des dispositifs de RdRD fiables de proximité (La Réunion, Nouvelle Aquitaine, Centre val de Loire). Le renforcement d’initiatives de drug checking similaires s’avère nécessaire face aux perturbations majeures des marchés des drogues que l’on connaît actuellement.