Bénédicte Lelievre , Frédérique Beringue-Daures , Aurélien Riodel , Chloé Bruneau , Gael Le Roux , Alexis Descatha
{"title":"Screening des métaux : une place dans le bilan toxicologique à ne pas négliger","authors":"Bénédicte Lelievre , Frédérique Beringue-Daures , Aurélien Riodel , Chloé Bruneau , Gael Le Roux , Alexis Descatha","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.042","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>Nous rapportons le cas d’une enfant de 3 mois (prématurée née à 26 SA <!--> <!-->+<!--> <!--> 5<!--> <!-->jours). Après 12 semaines d’hospitalisation, elle est rentrée au domicile puis est admise 1 semaine plus tard en état de choc avec détresse respiratoire, hypotonie et hypothermie. Parmi les différentes étiologies possibles, l’hypothèse d’une origine toxique a été explorée.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Un screening toxicologique par LC-HRMS, GC-MS a été réalisé sur les prélèvements sanguin et urinaire d’admission, puis un screening des métaux par ICP-MS après dilution au 1/20 dans une solution d’acide nitrique 0,5 % contenant les étalons internes (Rh, Re, Y, Eu, Ge, 10 μg/L). Devant les premiers résultats, des analyses de métaux ont été également effectuées sur les prélèvements de sang et d’urine de la maman ainsi que sur du lait maternel, du lait infantile et une huile alimentaire utilisés par le service et d’autres produits (crème, encens, produit capillaire importés) collectés lors d’une enquête environnementale au domicile des parents. Pour les composés solides, une étape préalable de minéralisation avec de l’acide nitrique a été effectuée avant analyse et quantification des métaux par une méthode dédiée (gamme de 0,25 à 40 μg/L). Les contrôles internes de qualité utilisés sont les Clincheck Trace Elements (plasma, urine) (Recipe®).</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Les screenings n’ont pas mis en évidence la présence de médicaments ou substances autres. L’antimoine (Sb), le baryum (Ba) et l’étain (Sn) ont été détectés aux concentrations respectives de 16,7, 3,5 et 0,9 μg/L dans le plasma (J1) et de 2,1, 1266 et 300 μg/L dans l’urine (J0) de l’enfant. Les résultats urinaires ont été vérifiés sur un nouveau prélèvement effectué 12<!--> <!-->heures plus tard (Sb : 1,5 μg/L, Ba : 119,5 μg/L et Sn : 200 μg/L). L’analyse du lait maternel a montré la présence de métaux aux concentrations suivantes : Sb ; 0,77 μg/L, Ba ; 6,91 μg/L et Sn ; < 0,25 μg/L, alors que les concentrations mesurées dans le lait en poudre et l’huile utilisés à l’hôpital sont inférieures à 0,25 μg/L. Les concentrations mesurées sur le prélèvement de plasma effectué chez la maman sont : 14,9 μg/L pour Sb, 2,9 μg/L pour Ba et 2,44 μg/L pour Sn, alors que les valeurs urinaires sont inférieures aux limites de quantification sauf pour Sb (1,6 μg/g créatinine). L’encens contenait < 0,0005 ng/mg de Sb, 11,3 ng/mg de Ba et 0,028 ng/mg de Sn. L’analyse du beurre de karité et du produit capillaire a mis en évidence une concentration de Ba de 0,95 ng/mg pour le produit capillaire. À titre de comparaison, la concentration de Ba mesurée dans un échantillon de Lamiderm était de 0,74 ng/mg.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La maman a expliqué qu’elle faisait brûler de l’encens tous les 2 jours dans la chambre de l’enfant pour purifier l’air. L’enfant est une grande prématurée, avec notamment une immaturité pulmonaire. L’évolution clinique de l’enfant a été favorable et elle est suivie régulièrement. Il n’existe pas ou peu de données sur la toxicité des métaux chez l’enfant. L’étiologie de la détresse respiratoire de l’enfant reste à identifier (possible contribution du baryum ?). Les résultats obtenus chez la maman ont fait suspecter une possible contamination via le dispositif de prélèvement. En effet, le prélèvement sanguin chez la mère a été effectué au sein du service avec une aiguille épicrânienne reliée à une tubulure (comme pour l’enfant). Le test effectué après avoir laissé en contact de l’eau avec le dispositif a montré un relargage d’étain (et non pas d’antimoine).</div><div>Ce cas confirme l’importance de la collaboration entre les différents professionnels de santé.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Page S30"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007825000423","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectif
Nous rapportons le cas d’une enfant de 3 mois (prématurée née à 26 SA + 5 jours). Après 12 semaines d’hospitalisation, elle est rentrée au domicile puis est admise 1 semaine plus tard en état de choc avec détresse respiratoire, hypotonie et hypothermie. Parmi les différentes étiologies possibles, l’hypothèse d’une origine toxique a été explorée.
Méthode
Un screening toxicologique par LC-HRMS, GC-MS a été réalisé sur les prélèvements sanguin et urinaire d’admission, puis un screening des métaux par ICP-MS après dilution au 1/20 dans une solution d’acide nitrique 0,5 % contenant les étalons internes (Rh, Re, Y, Eu, Ge, 10 μg/L). Devant les premiers résultats, des analyses de métaux ont été également effectuées sur les prélèvements de sang et d’urine de la maman ainsi que sur du lait maternel, du lait infantile et une huile alimentaire utilisés par le service et d’autres produits (crème, encens, produit capillaire importés) collectés lors d’une enquête environnementale au domicile des parents. Pour les composés solides, une étape préalable de minéralisation avec de l’acide nitrique a été effectuée avant analyse et quantification des métaux par une méthode dédiée (gamme de 0,25 à 40 μg/L). Les contrôles internes de qualité utilisés sont les Clincheck Trace Elements (plasma, urine) (Recipe®).
Résultats
Les screenings n’ont pas mis en évidence la présence de médicaments ou substances autres. L’antimoine (Sb), le baryum (Ba) et l’étain (Sn) ont été détectés aux concentrations respectives de 16,7, 3,5 et 0,9 μg/L dans le plasma (J1) et de 2,1, 1266 et 300 μg/L dans l’urine (J0) de l’enfant. Les résultats urinaires ont été vérifiés sur un nouveau prélèvement effectué 12 heures plus tard (Sb : 1,5 μg/L, Ba : 119,5 μg/L et Sn : 200 μg/L). L’analyse du lait maternel a montré la présence de métaux aux concentrations suivantes : Sb ; 0,77 μg/L, Ba ; 6,91 μg/L et Sn ; < 0,25 μg/L, alors que les concentrations mesurées dans le lait en poudre et l’huile utilisés à l’hôpital sont inférieures à 0,25 μg/L. Les concentrations mesurées sur le prélèvement de plasma effectué chez la maman sont : 14,9 μg/L pour Sb, 2,9 μg/L pour Ba et 2,44 μg/L pour Sn, alors que les valeurs urinaires sont inférieures aux limites de quantification sauf pour Sb (1,6 μg/g créatinine). L’encens contenait < 0,0005 ng/mg de Sb, 11,3 ng/mg de Ba et 0,028 ng/mg de Sn. L’analyse du beurre de karité et du produit capillaire a mis en évidence une concentration de Ba de 0,95 ng/mg pour le produit capillaire. À titre de comparaison, la concentration de Ba mesurée dans un échantillon de Lamiderm était de 0,74 ng/mg.
Conclusion
La maman a expliqué qu’elle faisait brûler de l’encens tous les 2 jours dans la chambre de l’enfant pour purifier l’air. L’enfant est une grande prématurée, avec notamment une immaturité pulmonaire. L’évolution clinique de l’enfant a été favorable et elle est suivie régulièrement. Il n’existe pas ou peu de données sur la toxicité des métaux chez l’enfant. L’étiologie de la détresse respiratoire de l’enfant reste à identifier (possible contribution du baryum ?). Les résultats obtenus chez la maman ont fait suspecter une possible contamination via le dispositif de prélèvement. En effet, le prélèvement sanguin chez la mère a été effectué au sein du service avec une aiguille épicrânienne reliée à une tubulure (comme pour l’enfant). Le test effectué après avoir laissé en contact de l’eau avec le dispositif a montré un relargage d’étain (et non pas d’antimoine).
Ce cas confirme l’importance de la collaboration entre les différents professionnels de santé.