{"title":"Intoxication aiguë chez un enfant à un organophosphoré après application d’une lotion capillaire","authors":"Frederic Aknouche , Romain Magny , Christophe Maruejouls , Claire Trebuchet , Kevin Fargeot , Cory Valancony , Laureen Thion , Cedric Mazoyer , Kati Teston , Nouzha Djebrani Oussedik , Pascal Kintz , Laurence Labat , Pascal Houze","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.074","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectif</h3><div>Décrire l’intérêt du laboratoire de toxicologie dans un cas d’une intoxication aiguë chez un enfant après application d’une lotion capillaire.</div></div><div><h3>Cas clinique</h3><div>Une lotion verdâtre lactescente d’origine inconnue a été appliquée sur les cheveux d’une petite fille de 7<!--> <!-->ans par ses parents dans le cadre d’un traitement contre les poux. Peu après l’application de la lotion, une dégradation rapide de l’état neurologique et respiratoire a été observée. L’enfant est hospitalisé aux urgences suite à des vomissements abondants, de troubles neurologiques à type de confusion et de troubles de la conscience suivi d’une dépression respiratoire aiguë avec signes de lutte. Après un état comateux, de Glasgow 6 avec myosis serré bilatéral sans réponse verbale à la stimulation et une acidose avec hyperlactatémie et hypercapnie, la patiente est admise en réanimation avec intubation orotrachéale. Des prélèvements sanguins, urinaires et capillaires ont été réalisés à l’admission. Ces échantillons ainsi que la lotion capillaire ont été transmis à différents laboratoires pour réaliser des dépistages toxicologiques organiques et inorganiques. Le diagnostic éthologique s’oriente vers une intoxication à l’arsenic après un interrogatoire compliqué avec les parents.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Une recherche de toxiques, incluant stupéfiants, nouveaux produits de synthèse et médicaments, a été réalisée dans le plasma et l’urine par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS, XEVO TQS-Micro, Waters) après extraction liquide-liquide avec un mélange quaternaire (éther/dichlorométhane/hexane/alcool isoamylique) à pH 8,4. Cette approche a été complétée par une recherche non ciblée de xénobiotiques par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse à haute résolution (LC- HRMS, Orbitrap TM Exploris 120) après extraction des matrices biolofiques et de la lotion avec un mélange ternaire (eau/isopropanol/acétonitrile). Les données ont été retraitées via MZmine TM 3 et par réseaux moléculaires. Enfin, un dosage des cholinestérases plasmatiques totales a été réalisé par méthode enzymatique (Alinity, Abbott ™). Une quantification d’arsenic a été effectuée dans les matrices biologiques après dilution dans de l’eau et analyse par spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif (ICP-MS, Perkin Elmer NexIon 300). Concernant les cheveux, la quantification a été réalisée après lavage, segmentation, minéralisation dans de l’acide nitrique à 70<!--> <!-->°C et dilution dans de l’eau.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Les recherches de toxiques ont identifié les traitements administrés en soins intensifs, incluant kétamine, lidocaïne, clonazépam et midazolam. L’analyse de la lotion capillaire saisie a permis d’identifier un organophosphoré, le diazinon. Dans ce contexte, la mesure de l’activité cholinestérase totale plasmatique a été évaluée à 300 UI/L (normales : 3000–13 000 UI/L). Les analyses non ciblées par LC-HRMS ont permis d’identifier le diazinon uniquement dans le plasma de la patiente. Les produits d’hydrolyse, l’isopropylmethylpyrimidinol (IMP) et l’acide diéthylphosphorique (DTP), ont été identifiés dans le plasma et les urines. Des métabolites issus des phases I (hydroxylation et déséthylation) et II (glucuronidation) ont également été identifiés dans ces deux matrices. Pour l’arsenic, les concentrations plasmatiques et urinaires sont de 1,6 et 7,2<!--> <!-->μg/L (normes<!--> <!--><<!--> <!-->3 et<!--> <!--><<!--> <!-->75<!--> <!-->μg/L), respectivement. La quantité segmentaire est inférieure à 0,04 ng/mg sur 10<!--> <!-->cm de cheveux.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Cette étude décrit un cas d’intoxication systémique au diazinon chez un enfant après contact cutané. 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Abstract
Objectif
Décrire l’intérêt du laboratoire de toxicologie dans un cas d’une intoxication aiguë chez un enfant après application d’une lotion capillaire.
Cas clinique
Une lotion verdâtre lactescente d’origine inconnue a été appliquée sur les cheveux d’une petite fille de 7 ans par ses parents dans le cadre d’un traitement contre les poux. Peu après l’application de la lotion, une dégradation rapide de l’état neurologique et respiratoire a été observée. L’enfant est hospitalisé aux urgences suite à des vomissements abondants, de troubles neurologiques à type de confusion et de troubles de la conscience suivi d’une dépression respiratoire aiguë avec signes de lutte. Après un état comateux, de Glasgow 6 avec myosis serré bilatéral sans réponse verbale à la stimulation et une acidose avec hyperlactatémie et hypercapnie, la patiente est admise en réanimation avec intubation orotrachéale. Des prélèvements sanguins, urinaires et capillaires ont été réalisés à l’admission. Ces échantillons ainsi que la lotion capillaire ont été transmis à différents laboratoires pour réaliser des dépistages toxicologiques organiques et inorganiques. Le diagnostic éthologique s’oriente vers une intoxication à l’arsenic après un interrogatoire compliqué avec les parents.
Méthodes
Une recherche de toxiques, incluant stupéfiants, nouveaux produits de synthèse et médicaments, a été réalisée dans le plasma et l’urine par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem (LC-MS/MS, XEVO TQS-Micro, Waters) après extraction liquide-liquide avec un mélange quaternaire (éther/dichlorométhane/hexane/alcool isoamylique) à pH 8,4. Cette approche a été complétée par une recherche non ciblée de xénobiotiques par chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse à haute résolution (LC- HRMS, Orbitrap TM Exploris 120) après extraction des matrices biolofiques et de la lotion avec un mélange ternaire (eau/isopropanol/acétonitrile). Les données ont été retraitées via MZmine TM 3 et par réseaux moléculaires. Enfin, un dosage des cholinestérases plasmatiques totales a été réalisé par méthode enzymatique (Alinity, Abbott ™). Une quantification d’arsenic a été effectuée dans les matrices biologiques après dilution dans de l’eau et analyse par spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif (ICP-MS, Perkin Elmer NexIon 300). Concernant les cheveux, la quantification a été réalisée après lavage, segmentation, minéralisation dans de l’acide nitrique à 70 °C et dilution dans de l’eau.
Résultats
Les recherches de toxiques ont identifié les traitements administrés en soins intensifs, incluant kétamine, lidocaïne, clonazépam et midazolam. L’analyse de la lotion capillaire saisie a permis d’identifier un organophosphoré, le diazinon. Dans ce contexte, la mesure de l’activité cholinestérase totale plasmatique a été évaluée à 300 UI/L (normales : 3000–13 000 UI/L). Les analyses non ciblées par LC-HRMS ont permis d’identifier le diazinon uniquement dans le plasma de la patiente. Les produits d’hydrolyse, l’isopropylmethylpyrimidinol (IMP) et l’acide diéthylphosphorique (DTP), ont été identifiés dans le plasma et les urines. Des métabolites issus des phases I (hydroxylation et déséthylation) et II (glucuronidation) ont également été identifiés dans ces deux matrices. Pour l’arsenic, les concentrations plasmatiques et urinaires sont de 1,6 et 7,2 μg/L (normes < 3 et < 75 μg/L), respectivement. La quantité segmentaire est inférieure à 0,04 ng/mg sur 10 cm de cheveux.
Conclusion
Cette étude décrit un cas d’intoxication systémique au diazinon chez un enfant après contact cutané. Face à des analyses toxicologiques classiques non contributives, une approche non ciblée a permis de guider le clinicien et d’adapter le traitement.