{"title":"Coma chez un nourrisson : les amphétaminiques en cause","authors":"Touria Mernissi , Sandra Bodeau , Léa Guyart , Marie Lieven , Youssef Bennis , Marie-Charlotte Quinton-Bouvier , Kamel Masmoudi , Bénédicte Duvauchelle , Anne-Sophie Lemaire-Hurtel","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.073","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectifs</h3><div>Documenter une intoxication pédiatrique à des dérivés amphétaminiques ayant conduit à un état de mal épileptique généralisé et un coma chez un nourrisson.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>Alertés par un brusque mouvement de révulsion oculaire chez leur enfant de sept mois, les parents contactent rapidement les secours. À son arrivée, l’équipe médicale constate une crise convulsive tonicoclonique généralisée non fébrile nécessitant l’administration d’une dose de Valium® ainsi que deux doses de charge de Gardénal® et de Rivotril®. La crise convulsive qui a duré quarante minutes, associée à une absence de reprise de conscience, un score de Glasgow à 3 et une mydriase bilatérale réactive, conduit à un transfert urgent de l’enfant au service de réanimation pédiatrique. Des analyses toxicologiques comprenant des dépistages par immunochimie et un criblage large recherchant médicaments et stupéfiants par LC-MS/MS, sont demandés afin d’écarter une cause toxicologique. À l’issue des premiers résultats rendus dans un cadre hospitalier, un signalement judiciaire est réalisé et une demande de prise en charge sociale par l’unité d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED) est initiée. Une expertise toxicologique de référence est ainsi demandée, incluant un dosage sanguin des alcools par HS-GC-FID, un criblage toxicologique par LC-MS/MS ainsi qu’une quantification des molécules retrouvées par LC-MS/MS.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Les explorations menées sur les prélèvements réalisés à l’admission n’ont mis en évidence ni alcools, ni cannabinoïdes, ni opiacés, ni dérivés cocaïniques dans le sang et les urines de l’enfant. En revanche, il a été retrouvé au criblage toxicologique les médicaments administrés, des stupéfiants de la famille des amphétaminiques, de la méthylènedioxyméthamphétamine (MDMA) et son métabolite la méthylènedioxyamphétamine (MDA) ainsi qu’une cathinone, la méthylone présente uniquement dans les urines. Les concentrations sanguines étaient de 770 ng/mL pour la MDMA et de 52 ng/mL pour la MDA. Dans les urines, les concentrations étaient supérieures à notre limite de quantification pour la MDMA et la MDA et de 86 ng/mL pour la méthylone. Les concentrations sanguines des médicaments administrés dans le cadre de la prise en charge étaient conformes aux valeurs mesurées dans un contexte thérapeutique (diazépam et métabolites, midazolam et métabolites, phénobarbital).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>Après une prise en charge ayant nécessité une ventilation invasive et une intubation orotrachéale pendant 3<!--> <!-->jours, aucune récidive de crise convulsive n’est observée et l’état de l’enfant n’a montré aucune autre complication. Une autorisation de sortie de l’enfant du service de réanimation est émise en accord avec le Parquet, après une hospitalisation de 6<!--> <!-->jours. Les parents réfutent toute consommation de drogue au domicile et s’interrogent également sur l’origine de cette exposition inattendue de leur enfant. Ainsi, les circonstances de cette intoxication aux dérivés amphétaminiques demeurent inconnues. Les analyses toxicologiques réalisées, montrent que l’enfant était sous l’emprise des stupéfiants au moment des prélèvements. Les concentrations de la MDMA et de son métabolite sont élevées et compatibles avec des valeurs pouvant entraîner les effets toxiques observés, à savoir une crise convulsive, une rhabdomyolyse et un coma. La détection de la méthylone uniquement dans les urines, soulève des interrogations quant au moment de l’exposition de l’enfant à cette drogue par rapport à celle de la MDMA et de ce fait, à l’environnement dans lequel vit cet enfant de 7 mois. Par ailleurs, la maturation encore incomplète des cytochromes hépatiques pourrait avoir contribué à l’intoxication à la MDMA en retardant son élimination. Bien que d’évolution favorable, cette intoxication grave, dénonce un phénomène émergent et préoccupant, qu’est l’intoxication pédiatrique aux stupéfiants. Ce cas souligne également l’importance des explorations toxicologiques dans un contexte de détérioration neurologique, même en l’absence d’indications fournies par les parents.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Page S48"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007825000733","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectifs
Documenter une intoxication pédiatrique à des dérivés amphétaminiques ayant conduit à un état de mal épileptique généralisé et un coma chez un nourrisson.
Méthodes
Alertés par un brusque mouvement de révulsion oculaire chez leur enfant de sept mois, les parents contactent rapidement les secours. À son arrivée, l’équipe médicale constate une crise convulsive tonicoclonique généralisée non fébrile nécessitant l’administration d’une dose de Valium® ainsi que deux doses de charge de Gardénal® et de Rivotril®. La crise convulsive qui a duré quarante minutes, associée à une absence de reprise de conscience, un score de Glasgow à 3 et une mydriase bilatérale réactive, conduit à un transfert urgent de l’enfant au service de réanimation pédiatrique. Des analyses toxicologiques comprenant des dépistages par immunochimie et un criblage large recherchant médicaments et stupéfiants par LC-MS/MS, sont demandés afin d’écarter une cause toxicologique. À l’issue des premiers résultats rendus dans un cadre hospitalier, un signalement judiciaire est réalisé et une demande de prise en charge sociale par l’unité d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED) est initiée. Une expertise toxicologique de référence est ainsi demandée, incluant un dosage sanguin des alcools par HS-GC-FID, un criblage toxicologique par LC-MS/MS ainsi qu’une quantification des molécules retrouvées par LC-MS/MS.
Résultats
Les explorations menées sur les prélèvements réalisés à l’admission n’ont mis en évidence ni alcools, ni cannabinoïdes, ni opiacés, ni dérivés cocaïniques dans le sang et les urines de l’enfant. En revanche, il a été retrouvé au criblage toxicologique les médicaments administrés, des stupéfiants de la famille des amphétaminiques, de la méthylènedioxyméthamphétamine (MDMA) et son métabolite la méthylènedioxyamphétamine (MDA) ainsi qu’une cathinone, la méthylone présente uniquement dans les urines. Les concentrations sanguines étaient de 770 ng/mL pour la MDMA et de 52 ng/mL pour la MDA. Dans les urines, les concentrations étaient supérieures à notre limite de quantification pour la MDMA et la MDA et de 86 ng/mL pour la méthylone. Les concentrations sanguines des médicaments administrés dans le cadre de la prise en charge étaient conformes aux valeurs mesurées dans un contexte thérapeutique (diazépam et métabolites, midazolam et métabolites, phénobarbital).
Conclusion
Après une prise en charge ayant nécessité une ventilation invasive et une intubation orotrachéale pendant 3 jours, aucune récidive de crise convulsive n’est observée et l’état de l’enfant n’a montré aucune autre complication. Une autorisation de sortie de l’enfant du service de réanimation est émise en accord avec le Parquet, après une hospitalisation de 6 jours. Les parents réfutent toute consommation de drogue au domicile et s’interrogent également sur l’origine de cette exposition inattendue de leur enfant. Ainsi, les circonstances de cette intoxication aux dérivés amphétaminiques demeurent inconnues. Les analyses toxicologiques réalisées, montrent que l’enfant était sous l’emprise des stupéfiants au moment des prélèvements. Les concentrations de la MDMA et de son métabolite sont élevées et compatibles avec des valeurs pouvant entraîner les effets toxiques observés, à savoir une crise convulsive, une rhabdomyolyse et un coma. La détection de la méthylone uniquement dans les urines, soulève des interrogations quant au moment de l’exposition de l’enfant à cette drogue par rapport à celle de la MDMA et de ce fait, à l’environnement dans lequel vit cet enfant de 7 mois. Par ailleurs, la maturation encore incomplète des cytochromes hépatiques pourrait avoir contribué à l’intoxication à la MDMA en retardant son élimination. Bien que d’évolution favorable, cette intoxication grave, dénonce un phénomène émergent et préoccupant, qu’est l’intoxication pédiatrique aux stupéfiants. Ce cas souligne également l’importance des explorations toxicologiques dans un contexte de détérioration neurologique, même en l’absence d’indications fournies par les parents.