{"title":"Données récentes d’addictovigilance concernant les « Designer Benzodiazepines »","authors":"Céline Eiden , Margot Lestienne , Nathalie Fouilhe , Clémence Lacroix , Amélie Daveluy , Véronique Ferey , Louise Carton , Cécile Chevalier , Emilie Lefebvre , Valérie Gibaja , Emilie Bouquet , Samira Djezzar , Hélène Peyrière","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.079","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectifs</h3><div>Même si les « designer benzodiazepines » (D-BZD) ne représentent que 10 % des Nouveaux produits de Synthèse (NPS) rapportées à l’ONUDC entre 2021 et 2022, leurs usages et le nombre de molécules de cette classe ne cessent d’augmenter (ONUDC Current NPS Threats, 2024). Ces molécules sont maintenant surveillées par l’Agence Européenne sur les Drogues (EUDA), qui leur a consacré un rapport en 2021 (<em>New benzodiazeopines in Europe - a review</em> - EMCDDA 2021). En France, une première évaluation des risques avait été réalisée sur la période 2011 à 2017. Suite à cette évaluation, un classement de 20 nouvelles D-BZD sur la liste des substances psychotropes a été réalisé (arrêté du 03/05/2018). L’objectif est la mise à jour des données d’addictovigilance concernant les D-BZD sur la période 01/01/2017–31/08/2024.</div></div><div><h3>Méthode</h3><div>Extraction et analyse des données issues des centres d’addictovigilance (Notifications spontanées (NotS), OPPIDUM, DRAMES, Soumission Chimique,). Une analyse de la littérature a également été effectuée.</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>Sur la période, 47 NotS ont été recensées chez 89,4 % d’hommes, âgés en moyenne de 30<!--> <!-->ans. Une augmentation du nombre de NotS est observée au cours des deux dernières années (4 en 2020, 9 en 2021 et 12 en 2022 et 2023). Dix-sept D-BZD différentes ont été recensées, principalement l’étizolam (20,6 %) et le clonazolam (19,1 %) et le bromazolam (13,2 %). L’obtention se fait via Internet dans 91,4 % des D-BZD. Dans 68 % des cas, une polyconsommation est observée, principalement avec des BZD classiques ou des cathinones de synthèse. Les effets recherchés étaient anxiolytiques/sédatifs, gestion du stress ou gestion de la descente des stimulants parfois en contexte de chemsex. Les principales complications en lien avec l’usage de D-BZD sont neurologiques et psychiatriques.</div><div>Concernant les outils épidémiologiques du réseau d’addictovigilance, dans le programme OPPIDUM, trois cas de consommation d’étizolam (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->2) et de norflurazépam (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1) ont été rapportés en 2019 et 2021. Des D-BZD ont été identifiés dans deux décès rapportés dans l’enquête DRAMES : du diclazépam (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1) et du diclazépam associé à du deschloroétizolam (<em>n</em> <!-->=<!--> <!-->1). Aucun cas n’est rapporté dans l’enquête Soumission Chimique.</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>La littérature est riche et plusieurs revues sont publiées sur les D-BZD et leurs effets. Plusieurs problématiques sont à noter concernant leur usage : le potentiel de dépendance, les risques liés à la conduite automobile, le risque de décès et plus récemment le risque de l’usage de ces molécules lors de soumission chimique.</div><div>Des cas de décès sont notamment décrits en cas de consommation associée avec des opiacés NPS dont le fentanyl et l’isotonitazène. Le bromazolam et le clonazolam figurent parmi les dix principaux NPS signalés dans les cas d’analyses post-mortem ((ONUDC Current NPS Threats, 2024).</div><div>De nombreuses publications sont orientées sur l’aspect analytique et l’identification de ces nouvelles molécules ainsi que leurs métabolites.</div><div>Cette nouvelle évaluation des risques a donc mis en évidence une augmentation du nombre de NotS même s’il reste faible, une diversification des molécules impliquées (étizolam, bromazolam, clonazolam) et l’usage de molécules avec des affinités plus fortes pour les récepteurs.</div><div>En revanche, les données de la littérature sont beaucoup plus riches avec une augmentation du nombre de publications, de décès et plus récemment du risque de soumission chimique.</div><div>La poursuite de la surveillance de ces molécules est donc recommandée avec une attention particulière dans la soumission chimique. L’ajout des nouvelles molécules à la liste des substances psychotropes est proposé. La nécessité d’optimiser l’identification de ces substances par les laboratoires de toxicologie est préconisée.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Pages S51-S52"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007825000794","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectifs
Même si les « designer benzodiazepines » (D-BZD) ne représentent que 10 % des Nouveaux produits de Synthèse (NPS) rapportées à l’ONUDC entre 2021 et 2022, leurs usages et le nombre de molécules de cette classe ne cessent d’augmenter (ONUDC Current NPS Threats, 2024). Ces molécules sont maintenant surveillées par l’Agence Européenne sur les Drogues (EUDA), qui leur a consacré un rapport en 2021 (New benzodiazeopines in Europe - a review - EMCDDA 2021). En France, une première évaluation des risques avait été réalisée sur la période 2011 à 2017. Suite à cette évaluation, un classement de 20 nouvelles D-BZD sur la liste des substances psychotropes a été réalisé (arrêté du 03/05/2018). L’objectif est la mise à jour des données d’addictovigilance concernant les D-BZD sur la période 01/01/2017–31/08/2024.
Méthode
Extraction et analyse des données issues des centres d’addictovigilance (Notifications spontanées (NotS), OPPIDUM, DRAMES, Soumission Chimique,). Une analyse de la littérature a également été effectuée.
Résultats
Sur la période, 47 NotS ont été recensées chez 89,4 % d’hommes, âgés en moyenne de 30 ans. Une augmentation du nombre de NotS est observée au cours des deux dernières années (4 en 2020, 9 en 2021 et 12 en 2022 et 2023). Dix-sept D-BZD différentes ont été recensées, principalement l’étizolam (20,6 %) et le clonazolam (19,1 %) et le bromazolam (13,2 %). L’obtention se fait via Internet dans 91,4 % des D-BZD. Dans 68 % des cas, une polyconsommation est observée, principalement avec des BZD classiques ou des cathinones de synthèse. Les effets recherchés étaient anxiolytiques/sédatifs, gestion du stress ou gestion de la descente des stimulants parfois en contexte de chemsex. Les principales complications en lien avec l’usage de D-BZD sont neurologiques et psychiatriques.
Concernant les outils épidémiologiques du réseau d’addictovigilance, dans le programme OPPIDUM, trois cas de consommation d’étizolam (n = 2) et de norflurazépam (n = 1) ont été rapportés en 2019 et 2021. Des D-BZD ont été identifiés dans deux décès rapportés dans l’enquête DRAMES : du diclazépam (n = 1) et du diclazépam associé à du deschloroétizolam (n = 1). Aucun cas n’est rapporté dans l’enquête Soumission Chimique.
Conclusion
La littérature est riche et plusieurs revues sont publiées sur les D-BZD et leurs effets. Plusieurs problématiques sont à noter concernant leur usage : le potentiel de dépendance, les risques liés à la conduite automobile, le risque de décès et plus récemment le risque de l’usage de ces molécules lors de soumission chimique.
Des cas de décès sont notamment décrits en cas de consommation associée avec des opiacés NPS dont le fentanyl et l’isotonitazène. Le bromazolam et le clonazolam figurent parmi les dix principaux NPS signalés dans les cas d’analyses post-mortem ((ONUDC Current NPS Threats, 2024).
De nombreuses publications sont orientées sur l’aspect analytique et l’identification de ces nouvelles molécules ainsi que leurs métabolites.
Cette nouvelle évaluation des risques a donc mis en évidence une augmentation du nombre de NotS même s’il reste faible, une diversification des molécules impliquées (étizolam, bromazolam, clonazolam) et l’usage de molécules avec des affinités plus fortes pour les récepteurs.
En revanche, les données de la littérature sont beaucoup plus riches avec une augmentation du nombre de publications, de décès et plus récemment du risque de soumission chimique.
La poursuite de la surveillance de ces molécules est donc recommandée avec une attention particulière dans la soumission chimique. L’ajout des nouvelles molécules à la liste des substances psychotropes est proposé. La nécessité d’optimiser l’identification de ces substances par les laboratoires de toxicologie est préconisée.