Double faux positif « amphétamines » urinaire (méthode de dépistage immunochimique et criblage toxicologique par CL-SMHR) chez une patiente traitée par Solriamfétol (SUNOSI)
Corentin Grenier , Camille Richeval , Alexandr Gish , Marie Lenski , Florian Hakim , Benjamin Hennart , Nicolas Beauval , Delphine Allorge , Jean-Michel Gaulier
{"title":"Double faux positif « amphétamines » urinaire (méthode de dépistage immunochimique et criblage toxicologique par CL-SMHR) chez une patiente traitée par Solriamfétol (SUNOSI)","authors":"Corentin Grenier , Camille Richeval , Alexandr Gish , Marie Lenski , Florian Hakim , Benjamin Hennart , Nicolas Beauval , Delphine Allorge , Jean-Michel Gaulier","doi":"10.1016/j.toxac.2025.01.087","DOIUrl":null,"url":null,"abstract":"<div><h3>Objectifs</h3><div>En réponse à des demandes de recherche large de xénobiotiques pour le service de neurophysiopathologie du sommeil, le laboratoire de toxicologie du CHU de Lille réalise en routine des criblages toxicologiques dans l’urine par des méthodes immunoenzymatiques (CEDIA) et par chromatographie liquide avec détection par spectrométrie de masse haute résolution (CL-SMHR) dont la bibliothèque de référence comprend 1800 molécules [Grenier, ToxAC, 2024, 36, S40]. Nous rapportons un résultat urinaire positif pour les amphétamines [détection positive par méthode immunoenzymatique et détection de 2-Aminoindane (2-AI) par CL-SMHR] chez une patiente traitée par solriamfétol. Une femme, 30<!--> <!-->ans, se présente en Hôpital de jour de Neurophysiologie du sommeil dans le cadre d’un suivi de narcolepsie de type 1 diagnostiqué en 2014. Un bilan de biologie est demandé systématiquement comprenant un dépistage des toxiques urinaires et un criblage toxicologique urinaire par CL-SMHR. Les résultats révèlent une positivité du dépistage amphétaminique urinaire ainsi que la présence de 2-AI par le criblage toxicologique en CL-SMHR. Dans le cadre de sa narcolepsie, la patiente a été traitée par modafinil de 2014 à Avril 2023, puis par solriamfétol depuis. L’anamnèse n’est pas en faveur de l’hypothèse de conduites addictives, ni de prises de NPS, et des bilans toxicologiques antérieurs à 2023 n’avaient jamais mis en évidence de toxiques.</div></div><div><h3>Méthodes</h3><div>À partir d’une solution pure de solriamfétol et d’une solution de 2-AI mises en solution dans l’urine, une gamme de calibrage (0,5–1000<!--> <!-->mg/L) a été réalisée, et soumise (1) à la méthode immunoenymatique CEDIA sur un AU480 (BECKMAN-COULTER), et (2) à notre méthode de criblage toxicologique par CL-SMHR sur un Xevo G2XS QTOF. Une étude du métabolisme par microsomes hépatiques humains a également été réalisées par CL-SMHR [Gish, DTA,2022,9,994–997].</div></div><div><h3>Résultats</h3><div>La concentration urinaire positivant le test immunoenzymatique est de 5<!--> <!-->mg/L pour le solriamfétol et de 100<!--> <!-->mg/L pour le 2-AI, et l’analyse par CL-SMHR du solriamfétol pur révèle un pic de m/z 195,1134 mais également un autre pic de m/z 134,0970 identique au [MH+] du 2-AI présent dans la bibliothèque de référence. Cependant, les temps de rétention chromatographiques diffèrent légèrement entre les molécules (1,74<!--> <!-->min pour le solriamfétol versus 1,84<!--> <!-->min pour le 2-AI). Les spectres de masse (avec et sans fragmentation) sont également différents, objectivés par des rapports ion fils/ion parent différents. L’étude du métabolisme du solriamfétol n’amène pas d’éléments différentiels évident par rapport au 2-AI. Le solriamfétol (SUNOSI), chlorhydrate de carbamate de (2R)-2-amino-3-phénylpropyle, a obtenu son AMM en 2020 pour améliorer l’éveil et réduire la somnolence diurne chez les patients adultes atteints de narcolepsie. Son analogie structurale avec l’amphétamine explique d’une part son mécanisme d’action similaire aux amphétaminiques, et d’autre part sa réaction croisée avec le test de dépistage urinaire. Dans la littérature, cette réaction croisée a déjà été décrite, mais les concentrations urinaires positivant les tests de dépistage immunologiques étaient plus élevées (100<!--> <!-->mg/L) [Rackow A, JAT, 48, 126–129] et 200<!--> <!-->μg/L [Kumar G, Sleep Med, 2023, 110,297–299] versus 5<!--> <!-->mg/L dans notre petite étude. Les kits de immunochimiques utilisés dans ces études (DRI - THERMOFISCHER et EMIT - BECKMAN) étaient cependant différents du nôtres (CEDIA - THERMOFISCHER). La détection de 2-AI par CL-SMHR peut s’expliquer par une cassure du solriamfétol dans la source entraînant la perte de la fonction carbamate correspondant au pic avec un m/z 134,0970 identique à l’ion parent du 2-AI ([MH+] m/z 134,0970).</div></div><div><h3>Conclusion</h3><div>L’apparition de nouveaux traitements peut confronter les laboratoires de toxicologie à des interférences analytiques, et montre la nécessité de toujours resté informé du contexte clinique avant de rendre les résultats aux cliniciens.</div></div>","PeriodicalId":23170,"journal":{"name":"Toxicologie Analytique et Clinique","volume":"37 1","pages":"Pages S56-S57"},"PeriodicalIF":1.8000,"publicationDate":"2025-03-01","publicationTypes":"Journal Article","fieldsOfStudy":null,"isOpenAccess":false,"openAccessPdf":"","citationCount":"0","resultStr":null,"platform":"Semanticscholar","paperid":null,"PeriodicalName":"Toxicologie Analytique et Clinique","FirstCategoryId":"1085","ListUrlMain":"https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352007825000873","RegionNum":0,"RegionCategory":null,"ArticlePicture":[],"TitleCN":null,"AbstractTextCN":null,"PMCID":null,"EPubDate":"","PubModel":"","JCR":"Q4","JCRName":"TOXICOLOGY","Score":null,"Total":0}
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Abstract
Objectifs
En réponse à des demandes de recherche large de xénobiotiques pour le service de neurophysiopathologie du sommeil, le laboratoire de toxicologie du CHU de Lille réalise en routine des criblages toxicologiques dans l’urine par des méthodes immunoenzymatiques (CEDIA) et par chromatographie liquide avec détection par spectrométrie de masse haute résolution (CL-SMHR) dont la bibliothèque de référence comprend 1800 molécules [Grenier, ToxAC, 2024, 36, S40]. Nous rapportons un résultat urinaire positif pour les amphétamines [détection positive par méthode immunoenzymatique et détection de 2-Aminoindane (2-AI) par CL-SMHR] chez une patiente traitée par solriamfétol. Une femme, 30 ans, se présente en Hôpital de jour de Neurophysiologie du sommeil dans le cadre d’un suivi de narcolepsie de type 1 diagnostiqué en 2014. Un bilan de biologie est demandé systématiquement comprenant un dépistage des toxiques urinaires et un criblage toxicologique urinaire par CL-SMHR. Les résultats révèlent une positivité du dépistage amphétaminique urinaire ainsi que la présence de 2-AI par le criblage toxicologique en CL-SMHR. Dans le cadre de sa narcolepsie, la patiente a été traitée par modafinil de 2014 à Avril 2023, puis par solriamfétol depuis. L’anamnèse n’est pas en faveur de l’hypothèse de conduites addictives, ni de prises de NPS, et des bilans toxicologiques antérieurs à 2023 n’avaient jamais mis en évidence de toxiques.
Méthodes
À partir d’une solution pure de solriamfétol et d’une solution de 2-AI mises en solution dans l’urine, une gamme de calibrage (0,5–1000 mg/L) a été réalisée, et soumise (1) à la méthode immunoenymatique CEDIA sur un AU480 (BECKMAN-COULTER), et (2) à notre méthode de criblage toxicologique par CL-SMHR sur un Xevo G2XS QTOF. Une étude du métabolisme par microsomes hépatiques humains a également été réalisées par CL-SMHR [Gish, DTA,2022,9,994–997].
Résultats
La concentration urinaire positivant le test immunoenzymatique est de 5 mg/L pour le solriamfétol et de 100 mg/L pour le 2-AI, et l’analyse par CL-SMHR du solriamfétol pur révèle un pic de m/z 195,1134 mais également un autre pic de m/z 134,0970 identique au [MH+] du 2-AI présent dans la bibliothèque de référence. Cependant, les temps de rétention chromatographiques diffèrent légèrement entre les molécules (1,74 min pour le solriamfétol versus 1,84 min pour le 2-AI). Les spectres de masse (avec et sans fragmentation) sont également différents, objectivés par des rapports ion fils/ion parent différents. L’étude du métabolisme du solriamfétol n’amène pas d’éléments différentiels évident par rapport au 2-AI. Le solriamfétol (SUNOSI), chlorhydrate de carbamate de (2R)-2-amino-3-phénylpropyle, a obtenu son AMM en 2020 pour améliorer l’éveil et réduire la somnolence diurne chez les patients adultes atteints de narcolepsie. Son analogie structurale avec l’amphétamine explique d’une part son mécanisme d’action similaire aux amphétaminiques, et d’autre part sa réaction croisée avec le test de dépistage urinaire. Dans la littérature, cette réaction croisée a déjà été décrite, mais les concentrations urinaires positivant les tests de dépistage immunologiques étaient plus élevées (100 mg/L) [Rackow A, JAT, 48, 126–129] et 200 μg/L [Kumar G, Sleep Med, 2023, 110,297–299] versus 5 mg/L dans notre petite étude. Les kits de immunochimiques utilisés dans ces études (DRI - THERMOFISCHER et EMIT - BECKMAN) étaient cependant différents du nôtres (CEDIA - THERMOFISCHER). La détection de 2-AI par CL-SMHR peut s’expliquer par une cassure du solriamfétol dans la source entraînant la perte de la fonction carbamate correspondant au pic avec un m/z 134,0970 identique à l’ion parent du 2-AI ([MH+] m/z 134,0970).
Conclusion
L’apparition de nouveaux traitements peut confronter les laboratoires de toxicologie à des interférences analytiques, et montre la nécessité de toujours resté informé du contexte clinique avant de rendre les résultats aux cliniciens.